- 著者
- Edmond Bonnaffée
- 出版
- 1878年
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Gallica
A MONSIEUR LE COMTE FERDINAND DE MAUSSABRE
AVOUEZ, monsieur, que nos pères avaient une singulière façon de traiter l'histoire. Remonter aux sources, à quoi bon ? On faisait l'histoire à la mode, des narrations élégamment tournées, littéraires ou philosophiques suivant le goût du jour, et les Belles Infidèles couraient le monde ; l'abbé Velly donnait le ton avec son Moyen- Age galant et ses Mérovingiens poudrés, Si bien qu'un jour on ouvrit les yeux: la croyance historique était toute à refaire, c'est le mot d'Augustin Thierry. Dès lors une nouvelle école sortit de terre, jeune, active, clairvoyante, résolue à dégager la vérité historique de ses scories, à l'extraire scientifiquement de ses éléments natifs, les documents originaux. Du nord au midi, de l'est à l'ouest, chacun se mit en campagne, fouillant les bibliothèques, PRÉFACE. dépouillant les archives, explorant les monuments... Qui le sait mieux que vous, monsieur ? Vous avez passé votre vie à déchiffrer les actes de l'état civil, les chartiers , les inscriptions, les titres notariés, pour reconstituer enfin l'histoire et les généalogies de votre cher Berri. ---- Parmices témoignages indiscutables du passé, l'inventaire occupe un des premiers rangs. A coup sûr, rien n'est plus monotone et plus uniforme à première vue que cette nomenclature interminable; pourtant aucun de ces documents ne se ressemble. Comparez entre eux des inventaires contemporains, ceux de Robertet et de Marguerite d'Autriche, de Marie Stuart et de Catherine de Médicis, de Louise de Lorraine et de Granvelle, chacun a sa physionomie personnelle. Et quelle variété, quelle précision, quelle abondance d'informations ! Le lieu où l'acte a été dressé, sa date, les circonstances qui l'ont motivé, les noms des rédacteurs, des témoins, des assistants, officiers ou domestiques, le libellé sommaire des contrats , créances , titres de propriété découverts dans les coffres, la description des objets de prix, leur poids, leur estimation, - - - l'ameublement de chaque pièce différente, le choix des meubles et leur arrangement, - les détails de toilette ou de costume, les plus insignifiants en apparence, tout a sa valeur. C'est l'histoire écrite par des indifférents, froidement, sans passion et, par cela même, d'une fidélité irrécusable. Vous savez par expérience , monsieur, le parti que l'érudition moderne a tiré de ces documents pour l'histoire des familles, des corps de métier, de l'art et des artistes, du PREFACE . 111 commerce, des mœurs et des usages. L'inventaire est le manuel obligé du chercheur qui veut étudier nos ancêtres chez eux, les prendre sur le fait. Nous vivons entourés d'une série d'enveloppes qui reproduisent plus ou moins notre personnalité . La première est le corps; par les traits, l'expression, le geste, il répète l'original intérieur. Après le corps vient le costume, puis le mobilier, la maison, la cité, et ainsi de suite. A chaque surmoulage successif la forme primitive perd son accent, se généralise; ici, comme ailleurs, les premières épreuves sont les meilleures. Or, de ces premières épreuves, la plus expressive estpeut- être le mobilier. Nous façonnons nos meubles à notre image, ils gardent nos plis ; leurs variétés, leurs destinations multiples correspondent à tous les incidents de la vie usuelle, les expliquent, les commentent. L'inventaire d'un mobilier est donc le tableau de l'intimité pris sur le vif. Parcourez toutes ces chambres l'une après l'autre, que de révélations neuves, saisissantes ! Tout est encore en place, meubles, tentures, lits , tapis, siéges , les bijoux dans les écrins, les toilettes dans les garde-robes, l'orfévrerie dans les coffres ou sur les dressoirs. Ces témoins de chaque jour ont tout vu, tout entendu; il suffit de les interroger pour avoir leurs confidences . Eh quoi ! le géologue sait faire parler un silex, l'antiquaire nous raconte ce que disent les débris d'un vase, une inscription à demi effacée, un fragment de marbre; pourquoi le meuble garderait-il son secret ? Je conviens que tous les inventaires ne sont pas également communicatifs, mais tous ont quelque chose à nous apprendre . IV PRÉFACE. Celui de Charlotte d'Albret, plein de renseignements clairs, détaillés, minutieux, n'a point de mystères; il raconte sans réserve tout ce qu'il a vu . C'est une page de plus à l'histoire de la Renaissance. Jadis j'ai montré Catherine de Médicis dans son hôtel à Paris ; aujourd'hui nous étudions la grande dame dans son château, en province. Avec Catherine, nous arrivions au terme de la Renaissance ; avec Charlotte, nous la prenons à ses débuts. En se rendant à Blois, la Reinemère avait emporté ses objets précieux, ne laissant à Paris que sa bibliothèque et ses tableaux ; Charlotte ne possédait ni livres rares, ni collection de peintures ; mais ses meubles, ses bijoux, son argenterie sont à leur place. Ainsi ces deux études se complètent l'une l'autre. L'inventaire de Charlotte d'Albret, duchesse de Valentinois, sort des archives de M. le duc de la Trémoille, inédit et inconnu, je souhaite que le lecteur lui fasse bon accueil. Vous avez pris part à mon travail, monsieur, vous m'avez ouvert libéralement vos trésors généalogiques ; je vous en remercie et j'inscris votre nom en tête de ce nouveau livre. Paris, juin 1878.
LA DUCHESSE DE VALENTINOIS
Le
mercredi dix -huitième jour de
décembre mil quatre cent quatrevingt-dix-huit, la petite ville de
Chinon était en fête. Don César
Borgia, nouvellement nommé duc
de Valentinois , allait faii-e son
entrée, et toute la cour, réunie au château, s'apprêtait à recevoir comme il convient un aussi grand
personnage.
César était impatiemment attendu. Il apportait à
Louis XII, de la part d'Alexandre VI, le bref de
divorce avec l'infortunée Jeanne de France, les
lettres de dispense nécessaires pour épouser
Anne de Bretagne et le chapeau de cardinal pour George d'Amboise. César était encore chargé de promettre au roi de France son concours militaire , celui
de « ses parens, amis et alliés touchant la conqiieste
de ses royaume de Naples et duchic de Milan *».
1. App., note B. Contrut de mariage de Charlotte d'Albret.
En échange, Louis XII lui donnait le comté de Valentinois, érigé en duché *,
2. Cédé au roi Charles VII par le duc de Savoie, donné à César Borgia en août 1498, érigé en duché en octobre de la même année, le duché de Valentinois fit retour a la couronne par le décès de César, mort sans enfants mâles.
le comté de Diois, la seigneurie d'Issoudun et «six mille livres sur le tirage du Rosne *» ; il s'engageait à seconder le pape en Italie et promettait au Valentinois la main d'une princesse de sang royal.
3. Droit pour le transport par eau du sel et du vin.
Ce mariage avait dans l'esprit du roi un but politique. Pour consolider d'une façon définitive sa nouvelle alliance, Louis XII avait rêvé de « retirer le duc et le faire venir en France », ce sont les termes du contrat *, en lui faisant « épouser quelque bon et vertueux personnage du royaume ».
4. App. note B. Contrat de Charlotte. Les lettres du mois d'août 1498, tjui érigent en duché le comté de Valentinois, disent également que ce duché est donné à « Domp César de Borja en faveur de certain mariage que nous entendons faire de sa personne en cestuy notre royaume ». P. Anselme, Génial, de Borgia, t. V.
Le refus hautain, prêté par quelques historiens à la princesse de Tarente, paraît donc purement imaginaire; un mariage italien allait précisément à l'encontre de tous les calculs du roi. Aussi bien son choix était fait : Charlotte d'Albret, sœur du roi de Navarre, alliée à la maison de France et " l'une des belles filles de la cour ^ », réunissait toutes les qualités requises; on n'attendait que Tagrément de César pour en faire la duchesse de Valentinois.
5. Brantôme, l'ie de César Borgia.
Brantôme a raconté parle menu l'entrée du Valentinois à Chinon. «J'en ay trouvé, dit-il*, et veu le discours dans le trésor de nostre maison assez bien escrit, et en ryme telle quelle pour ce vieux temps et assez grossière; et pour ce, je ne m'en suis icy voulu ayder, car elle pourroit importuner le lecteur, mais je l'ay mise en prose au plus clair et net langage. »
1 . Brantôme, KiV de César Borgia.
La relation officielle, écrite en italien, existe à la Bibliothèque palatine de Florence ; c'est un manuscrit anonyme faisant partie des papiers de Machiavel et peut-être écrit sous sa dictée *.
2. App. note A. Entrée de César a Chinon.
Les deux récits
offrent peu de différence dans les détails, mais l'Italien et le Français ne voient pas les choses du même
œil. Brantôme décrit à sa manière c l'équipage du
galant », son attirail de mulets, de chevaux, de pages
et de laquais, magnifiquement parés. « En après
venoient deux mulets portans coffres et tous couverts
de drap d'or : pensez, disoit le monde, que ces deux-là portoient quelque chose de plus exquis que
les autres, de ses belles et riches pierreries pour sa maistresse et pour d'autres. » Trente gentilshommes, en drap d'or et d'argent, escortaient le duc entouré de
« tabourins, de rebecs et de clairons d'argent, accoustrez de filz d'or et sonnans tousjours ».
César, vêtu à la française et chamarré d'or, de
perles et de rubis « jusqu'à ses bottes qui estoient
lardées de cordons d'or et bordées de perles », montait un superbe cheval « couvert de bonne orfœuvrerie » et portant » sur la croupe un artichaut d'or
grand comme nature *, la queue retenue par une
cordelière d'or, de perles et de pierreries ».
1. App. Entrée de César à Chinon, « un carciofo d'oro grande al naturale » Voir aussi art. 250 de l'Inventaire , note 2..
Vingtquatre mulets fermaient le cortège « avec force cariage de chariots ».
Ainsy entra, pour avoir bruit et renom,
Ledit seigneur au chasteau de Chinon.
L'anonyme italien se garde bien de parler avec
cette irrévérence; il trouve son duc du meilleur goût
et paraît enchanté de l'accueil qu'on lui fit : u Toute
la cour, dit-il, et les ambassadeurs vinrent à sa rencontre, et le roi s'avança au-devant de lui jusqu'à
l'escalier de son palais. » Mais Brantôme, qui a son
franc parler, donne la note française : « Le Roy estant aux fenestres le vit arriver ; dont ne faut douter qu'il ne s'en mocquast, et luy et ses courtisans. »
Le
22 décembre eut lieu la remise du chapeau à
Monseigneur d'Amboise ; quinze jours après, Louis XII
épousait
Anne de Bretagne, et, comme César n'était
pas moins pressé que les autres et trouvait sa future
à son goût, on s'occupa immédiatement de son
mariage. Une députation fut envoyée auprès d'Alain
d'Albret et du roi de Navarre.
Alain d'Albret, dit le Grand, comte de Dreux, de
Gaure, de Penthièvre, de Périgord, vicomte de Tartas et de Limoges, sieur d'Avesnes, avait eu huit
enfants de son mariage avec Françoise de Bretagne :
Jean, devenu roi de Navarre en épousant Catherine
de Foix *; Amanieu, qui fut cardinal ; Pierre, comte
de Périgord ; Gabriel, comte de l'Espare ; Loyse,
mariée à Charles de Croï ; Isabelle , à Gaston de Foix ;
Charlotte et Anne.
1. Sœur et héritière de François- Phoebus, dernier roi de Navarre, mort sans enfants. Esq. biogr. par Grillon des Chapelles, 1862.
De bonne heure , Charlotte fut appelée à la cour de France par Anne de Bretagne, qui s'occupait alors de former ses filles d'honneur , « c'estoit, dit le P. Hilarion de Coste *, une eschole de vertu, une academie d'honneur.
2. Les Éloges et vies des reynes, princesses, etc. Paris, 1630, éloge d'Anne de Bretagne, p. 11.
Là les premiers
seigneurs, non- seulement de France et de Bretagne ,
mais aussi des païs estrangers tenoient à très grande
faveur de mettre leurs filles auprès de cette grande
Reine qui, comme une autre Vesta ou une autre
Diane, tenoit toutes ses nimphes en une discipline
fort estroite et néanmoins pleine de douceur et de
courtoisie . » Charlotte grandit sous la tutelle intelligente de la reine , au milieu de cette cour honnête,
élégante et pieuse, sans que rien lui fit présager un
brillant mariage, quand Louis XII, à peine monté sur
le trône, jeta les yeux sur elle pour César Borgia. Le
petit royaume de Navarre, déchiré par les factions ,
convoité par le roi de Castille , menacé de tous côtés
par de nombreux prétendants, n'avait d'autre appui
que la France, et, quand le roi promettait la protection toute-puissante des Borgia, en échange de la
main de Charlotte, les d'Albret et Charlotte ellemême n'avaient pas à hésiter.
On a prétendu que Louis XII avait abusé de son
influence sur le roi de Navarre pour jeter sa sœur
dans les bras d'un Borgia, et l'on a fait de Charlotte
la victime romanesque d'une politique égoïste et
sans pudeur. Prenons garde de juger ces époques
violentes , passionnées, avec les principes corrects
et reposés du XIXe siècle . César Borgia ne fut ni meilleur ni pire à coup sûr que ses contemporains .
D'ailleurs, à l'époque de son mariage, il venait à
peine de quitter la pourpre romaine pour suivre la
carrière des armes ; ce n'était pas encore le terrible
capitaine, l'implacable défenseur du patrimoine de
saint Pierre, que la rancune de ses ennemis et le
talent de Machiavel ont si prodigieusement surfait
devant l'histoire . Louis XII aurait-il montré tant
d'insistance pour retenir auprès de lui le monstre
infernal imaginé par certains auteurs? L'aurait - il
adopté, par lettres patentes, au nom et aux armes de
France ?
1. Lettres de mai 1499. Voir P. Anselme (Généal. des Borgia), qui cite une quittance où César est qualifié Cesar Borgia de Francia.
Aurait - il vanté auprès de la famille d'Albret et inscrit dans le contrat de mariage les grandes vertus du Valentinois, qu'il était si facile de passer sous silence ?
2. App. Contrat de mariage de Charlotte d'Albret.
Anne de Bretagne, la tutrice de Charlotte, se serait-elle rendue complice d'un marché honteux pour sa fille d'honneur? Aussi bien le procès des Borgia est bien près d'être jugé ; on sait enfin ce que valent le Diarium de Burchard et son authenticité souvent contestable, le récit de Tomaso Tomasi, qui n'a jamais connu César, et les histoires de Paul Jove, dont le témoignage, salarié ou non, est toujours suspect. La critique moderne a fait justice de calomnies intéressées et renversé la tradition de fond en comble ; la légende des Borgia a fait son temps .
1. Ch. Barthelemy, Erreurs et Mensonges historiques, 3º série , Paris, 1876.
Les députés du roi de France auprès d'Alain d'Albret et de son fils avaient pour mission de « leur remonstrer et prier qu'ils voulussent entendre et consentir audit mariage, et que, en ce faisant, ils reputeroient tres grand plaisir et service par eux leur avoir été faictz » .
2. App. , note B. Contrat de mariage de Charlotte.
Alain d'Albret répondit sur-lechamp ( 24 mars 1499) en envoyant à Blois son fils Gabriel, accompagné de messire Regnauld de SaintChamans, sénéchal des Landes, et de maître Jean de Calvimont, licencié en lois, ses chargés de procuration « pour traiter, accorder et conclure le mariage proparlé par le Roy entre le duc de Valentinois et sa fille Charlotte d'Albret » .
3. Id.
Tout se passa dans les formes, et, le 10 mai suivant, le contrat fut signé « au chastel de Blois par-devant les tabellions jurés du scel » , en présence du roi et de la reine Anne, du cardinal d'Amboise , du chancelier de France, de l'archevêque de Sens, de messieurs de Nemours et d'Orval , des évêques de Bayeux , de Seste, de Melse et de Viviers, du sieur de Tournon et du vice-chancelier de Bretagne ¹ .
1. App. , note B. Contrat de mariage de Charlotte.
Aux termes de ce contrat, Alain d'Albret constitue en dot à sa fille trente mille livres tournois, payables six milles livres comptant et le reste par annuités. Les époux sont « par moitié en meubles et acquets dès le jour de leurs nopces » . Si le duc vient à mourir avant sa femme, elle aura pour douaire, sa vie durant, quatre mille livres de rente ;
2. Voir art. 290 de l'Inv.
s'il laisse des enfants mineurs, la duchesse aura « l'administration de leurs corps et biens et faira les fruictz de leurs biens et heritages jusques à ce que les dits enfants soient en aage compétent » . Je passe d'autres dispositions moins importantes. Dans sa Généalogie des Borgia, le Père Anselme assure que « le duc de Valentinois promit par le contrat de consigner cent mille livres au sire d'Albret, son beau-père , pour être employées en terres et rentes au profit de Charlotte d'Albret, et le mariage ayant été différé faute d'exécution de cet article , les quatre généraux des finances, Michel Gaillard, Pierre Briçonnet, Thomas Bohier et Jacques de Beaune, s'obligèrent à payer cette somme, pour laquelle le roi Louis XII leur accorda lettres de seureté, le 10 mai 1499 » . L'acte authentique que nous venons d'analyser ne parle pas de cette stipulation, et cela se comprend : il ne s'agit pas ici d'une convention entre les époux , mais entre le gendre et le beau-père . Le fait en luimême d'une consignation de cent mille livres au profit de Charlotte n'en est pas moins vraisemblable et peut expliquer les acquisitions importantes de la duchesse et ses libéralités dont nous reparlerons. Le mariage suivit immédiatement. Quatre mois plus tard, au moment de commencer sa vie aventureuse et de partir pour l'Italie, César voulut mettre ordre à ses affaires. Il chargea la duchesse de sa procuration générale pour « régir et gouverner ses terres, comté et duchié de Vallentinoys et de Dioys, et aultres ses terres, seigneuries et chevances, estant tant au royaulme de France que Daulphiné (8 septembre 1499) » . En même temps et par un autre acte, il lui faisait par avance « donation de tous et chacun les meubles qu'il auroit au jour et heure de son trespas » . Ce témoignage éclatant atteste tout au moins l'union qui régnait entre les deux époux et la confiance que César avait dans l'intelligence et le bon esprit de sa jeune femme. 2 C'est à ce moment qu'il partit avec Louis XII pour l'Italie, à la tête de deux mille chevaux et de six mille fantassins. Il laissait sa femme enceinte et ne devait plus la revoir. 1. Art. 291 de l'Inv. 2. Art. 293 d. 2 10 LA DUCHESSE DE VALENTINOIS. II O N sait peu de chose sur la vie de Charlotte pendant les quatre années qui suivirent le départ du Valentinois. Elle s'était fixée à Issoudun¹ , attendant le retour de son mari et n'ayant d'autre consolation que sa fille Loyse, née dans les premiers mois de 1500. Bientôt il fallut prendre un parti ; les nouvelles d'Italie devenaient mauvaises . César avait entrepris, dit Brantôme , « d'exterminer en la Romagne et terres du patrimoine de saint Pierre, tous ces petits seigneurs particuliers et tyrans, qui pilloient et ruinoient tous leurs pauvres peuples et subjects par une infinité de concussions, rançonnemens et pilleries ; si qu'enfin il les mena si bien et si beau qu'il les réduisit au petit pied, et ne se parla oncques plus après de ces petits tyranneaux, dont l'Église luy en eust ceste bonne obligation » . Mais César avait la main rude ; on ne l'épargna pas. Les tyranneaux dépossédés, les courtisans restés sans place et les écrivains sans pension 1. Hilarion de Coste , Vie de Charlotte d'Albret. Cesar était seigneur d'Issoudun. 2. Vie de César Borgia. LA DUCHESSE DE VALENTINOIS. organisèrent pour se venger une vaste conspiration de calomnies contre le Valentinois et sa famille. Ces bruits, habilement exploités par les ennemis de César à la cour de France, arrivaient aux oreilles de Louis XII; on lui persuada qu'un plus long patronage devenait compromettant. Le roi sacrifia son ancien allié. D'ailleurs, Alexandre VI était mort ( 1503 ) ; après un pontificat de vingt- six jours , Pie III venait de céder la tiare à Jules II de la Rovère, l'ennemi personnel des Borgia ; César était perdu . Fait prisonnier par le nouveau pape, obligé d'acheter sa liberté en livrant toutes ses places fortes, il se préparait à rentrer en France auprès des siens, quand Gonzalve de Cordoue, qui lui avait donné un sauf- conduit, le fit lâchement arrêter et conduire prisonnier en Espagne ( 27 mai 1504) . Dès lors, Charlotte résolut de se retirer du monde; elle acheta la terre de la Motte- Feuilly. Le choix de cette résidence n'était pas indifférent. Le fief de la Motte- Feuilly, situé dans le bas Berry, entre la Châtre et Château-Meillant, était voisin de plusieurs seigneuries appartenant à Jean d'Albret, son oncle, à Jean de Brosse, son cousin, à sa cousine Louise de Bourbon , à ses parents les La Tremoille¹ . Un autre voisinage attirait davantage Charlotte : Jeanne de France, sa cousine , devenue duchesse de Berry depuis son divorce avec Louis XII , s'était retirée à Bourges. Là, entourée de quelques dames pieuses, elle ne s'occupait que de bonnes œuvres et 1. Appendice, note F. 12 LA DUCHESSE DE VALENTINOIS. surtout de ce couvent de l'Annonciade qu'elle avait fondé en mémoire « des dix plaisirs et vertus de NostreDame » . Charlotte avait pris la douce habitude d'aller souvent d'Issoudun à Bourges « voir et visiter la reine Jeanne pour apprendre et recevoir quelque bonne instruction et consolation spirituelle de cette saincte princesse¹ » . Elle faisait partie de son cercle, prenait une part active à ses travaux et avait choisi le même confesseur, le P. Gilbert Nicolas, de l'ordre de SaintFrançois . En se fixant à la Motte, à quelques heures de Bourges, elle se promettait de continuer une intimité que ses chagrins et son isolement rendaient chaque jour plus précieuse . Le contrat d'acquisition fut signé le 20 juin 1504, par-devant Me Claude Gomion, Macé David et Jehan Barathon, notaires royaux à Issoudun. Claude et François de Culant cédaient à la duchesse de Valentinois << les terres et justices de la Motte de Feully, Nerez et Fusines avec leurs appartenances et dépendances, moyennant le prix de vingt-huit mille livres 3 tournois ³ ». Ce prix est élevé si on le compare à la dot de la duchesse et semble confirmer l'assertion du Père Anselme dont j'ai parlé plus haut. N'oublions pas cependant que Charlotte avait l'administration des revenus de son mari en France, et ces revenus devaient être 1. P. Hilarion de Coste, Vie de Charlotte d'Albret. 2. Id. , ibid. 3. Et non de 7,500 livres, comme on l'a écrit. Art. 279 et suiv. LA DUCHESSE DE VALENTINOIS. 13 considérables . D'ailleurs, César possédait personnellement de grands biens¹ : après la mort de son père , il s'empara, dit-on, de cent mille ducats trouvés dans son trésor. On peut croire qu'il jugea prudent de mettre une partie de sa fortune à l'abri des éventualités de la guerre et chargea sa femme de faire des placements en France. En 1509, deux ans après la mort de César , nous voyons encore la duchesse acheter à la princesse Marie de Luxembourg « les terres et seigneuries de Châlus en Vermandoys, pour le prix et somme de dix-sept mille escuz d'or au souleilh et cinq mille livres tournois en monnoye¹ » . er 3 Dès l'origine, Charlotte eut des procès à soutenir pour son acquisition de la Motte- Feuilly. Une partie des revenus fut frappée d'opposition ; il fallut payer aux vendeurs un supplément de prix ' , désintéresser leur sœur moyennant un nouveau payement de 2,000 livres . Enfin, le 1 " février 1506, intervint une sentence définitive du prévôt de Paris ordonnant que « la terre et seigneuries de la Motte de Feully, les fruictz et revenus d'icelle soient délivrés au profit de la duchesse et l'empeschement mis en eulx levez et ostés5. >> C'est là que Charlotte de Valentinois vécut jusqu'à sa mort. 1. App. Contrat de mariage de Charlotte. 2. Art. 266. 3. Art. 283 . 4. Art. 284. s. Art. 289. LA DUCHESSE DE VALENTINOIS. III L 'ANCIEN château de la Motte-Feuilly, construit par Drouin de Voudenay dans les premières années du xv siècle , existe encore en grande partie ' . Le bâtiment a l'aspect sévère des constructions militaires à cette époque ; la Renaissance , avec ses ajustements et ses coquetteries, n'a pas encore passé par là. La porte est basse, surmontée de deux longues rainures servant à manœuvrer les bras du pont-levis . Au-dessus du portail règne un chemin de ronde en encorbellement, éclairé par quatre meurtrières et ouvrant sur des machicoulis . La grosse tour a conservé l'ancien hourdage en charpente à planches verticales, et le comble en pointe se termine par une lanterne à pans destinée à servir d'échauguette. C'est bien le chastel et place-fort de la Motte-Feuilly. Entrons donc à la suite des commissaires chargés d'inventorier le château ; nous ne manquerons pas d'apprendre quelques détails sur le personnel de la maison et les habitudes de la châtelaine . Toutes les portes nous sont ouvertes, et nous pouvons fureter 1. Voir la gravure ci-jointe. Le château actuel appartient à M. le vicomte Raymond de Maussabré. LA DUCHESSE DE VALENTINOIS. 15 sans indiscrétion de la cave aux galetas ; la femme de chambre de la duchesse est à nos ordres et ne nous fera grâce d'aucun détail. La maison de la duchesse de Valentinois était montée sur un grand pied. Elle se composait de : Claude de la Perrière, seigneur de Billy, Jehan de Moussy, seigneur de la MotteFleury, ques, Rémond de Grossolles, seigneur d'AsJehan de Mareuil, seigneur de Montaboulin, Pierre de Regnard, seigneur de Maray, François Amignon, seigneur de Cloys , Messire Robert Challopin, aumônier; Messire André du Vergier, receveur ; Diles Catherine de Regnard , Marie de Lavoyne, Marie de la Perrière, Magdeleine de Mazellon, écuyers ; filles et femmes servantes; Catherine Challopin, femme de chambre; Catherine Dalluies , attachée au service de Madle Loyse; Nycolas le Mercier, valet de chambre; Étienne Gueriton, clerc de l'argenterie; Robert de Pierrecourt, sommeiller de panneterie ; Regnauld le Saige, sommeiller d'échansonnerie ; Yvonet Louargan, tailleur; Baudet des Bources, tapissier. 16 INTRODUCTION. En outre, un clerc de dépense dont le nom n'est pas indiqué , deux cuisiniers , un boulanger et d'autres employés subalternes. L'office de clerc de l'argenterie n'était pas une sinécure. La vaisselle comprend 13 pièces en or massif 2, 13 en cristal de roche³ et 334 en argent ou en vermeil, la plupart émaillées * ; des tasses à pied, plats, saucières, pots à vin et à eau, 18 coupes pesant de 3 à 9 marcs, 6 drageoirs de grande dimension variant de 13 à 17 marcs, 9 bassins de toutes formes, des nefs , salières , flacons , tranchoirs , etc .; plus 20 pièces d'argent servant à la chapelle , le tout d'une grande richesse, ciselé, repoussé à feuillages et à personnages. La plupart des pièces sont de provenance étrangère, on peut aisément le reconnaître à la description minutieuse de l'inventaire ; d'ailleurs, les mots façon d'Italie ou façon d'Espagne ne laissent aucun doute sur l'origine . Ce sont les cadeaux de noces que l'ancien cardinal espagnol , devenu Don César Borgia, rapportait à dos de mulets lors de son entrée à Chinon. Les morceaux d'apparat restent dans les coffres sous la garde du clerc de l'argenterie et ne voient le jour que dans les grandes occasions ; quant au service journalier, réparti dans l'échansonnerie, la panneterie et la cuisine, il se compose de 1. Art. 461 . 2. Art. 138 et suiv. 3. Art. 136, 175 et suiv. 4. Art. I et suiv. 5. Art. 120 et suiv. LA DUCHESSE DE VALENTINOIS. 17 130 pièces d'argenterie aux armes de la duchesse et fort bien choisies¹. - Les bijoux ne sont pas moins magnifiques, et consistent en diamants, en perles, en émeraudes et en rubis formant des carcans, pointes, pendants, bagues ou coiffures . Une pointe de diamants est évaluée 2,000 écus d'or, un carcan d'or avec onze diamants, 3,000 écus, - une bague avec émeraude et rubis, 2,000 écus, une chaîne avec rubis balais , 1,500 écus, - un collier de 20 rubis et de 80 perles, 1,000 écus, - une coiffure en rubis, 1,000 écus, une autre en plumes, diamants et perles cotée 1,500 écus ; - une « table de dyamant, enchassée en or, montée sur une ceinture émaillée » , 1,000 écus, etc. A ces merveilles, dont quelques-unes ont dû faire partie du costume officiel de César, décrit par Brantôme, il convient d'ajouter d'autres objets précieux, des nefs en nacre de perle montées en argent, un autel portatif en jaspe également monté en argent ' , un bénitier en agate à anse, avec sa garniture en vermeil, pièce italienne à coup sûr et d'un travail remarquable, puisqu'elle est estimée 8,000 écus d'or * , enfin une véritable collection de patenôtres et de dizains en cassidoine, jais, corail , jaspe, ambre, etc. * . - 2 Le mobilier rentre dans les attributions du valet de chambre, Nycolas le Mercier, qui a sous ses ordres 1. Art. 85 , 93 , 102 et suiv. 2. Art. 187 et suiv. 3. Art. 186. +. Art. 185. 5. Art. 161 et suiv. 3 18 LA DUCHESSE DE VALENTINOIS. un tapissier pour l'entretien et les modifications nécessaires. Je cite au hasard une chambre de satin violet broché « à rouzes d'or » , avec le lit pareil, une tenture de satin cramoisi à franges de fil d'or, un lit de drap d'or, satin cramoisi et satin blanc, un autre en toile de Hollande , couvert de broderies sur satin cramoisi ¹ ;
1. Art. 313 , 380, 380 bis, 388, 532, etc.
des dosselets en velours et en soie,
2. Art. 385.
des tapis de Turquie³ ,
3. Art. 427 et suiv.
des chaises de cérémonie en velours cramoisi à franges d'or, garnies de cuivres dorés ,
4. Art. 462 et suiv.
des ornements de chapelle d'une grande magnificence *
5. Art. 471 et suiv.
et un approvisionnement de draps d'or,
de satins, de velours en pièces.
82 tapisseries servent à la décoration des salles ;
47 proviennent des fabriques de Felletin et de Normandie ,
6. Art. 372, 509, 624, etc.
les autres sont à haute lisse et représentent la passion de Notre- Seigneur, le grand et le petit Moïse, les histoires de Noé, d'Hercule, d'Alexandre le Grand, de la tour de Babylone, de la Licorne, etc .
7. Art. 408 et suiv.
Pour compléter ces élégances, mentionnons l'équipement des chevaux de la duchesse , sa belle haquenée couverte de drap d'or et de velours cramoisi, sa « litière doublée par le devant de satin vert et par le dehors de cuir » et traînée par deux chevaux caparaçonnés de velours .
8. Art. 296, 297 , 300. 301 , 449, 531.
LA DUCHESSE DE VALENTINOIS. 19
Yvonet Louargan, le tailleur, s'occupe de la garderobe sous la direction de Catherine Challopin et probablement de Charlotte elle-même ; car la duchesse
est fort grande dame, elle tient à son rang et veut
faire honneur à son mari. Ses toilettes très-façonnées
sont en drap d'or frisé , en velours violet figuré, en
toile d'or ; elle aime la lingerie «< fine , ouvrée à l'ouvraige de Venise¹ » et paraît avoir un goût prononcé
pour les fourrures, l'hermine et la martre zibeline 2 .
4
Mais voulez-vous en savoir davantage ? voici son
« coffre de senteurs avec du savon muscat » , ses cassolettes, brûle- parfums, fontaines à eau de rose et
même « douze patenôtres d'or à mettre senteurs ,
esmaillés de vert et rouge³ » ; voici ses « pantoufles de
velours vert couvert d'escarlatte » , ses ciseaux et
ses peignes, son miroir et son « espinglier » délicatement renfermés dans des étuis de velours cramoisi,
doublés de satin vert " . Voici pour la nuit « un manteau de satin fourré de martres » avec « 58 couvrechiefs en toile de Hollande bien fine ». Si le lecteur veut pousser plus loin ses recherches sur la vie
privée, je l'avertis que l'inventaire est très au courant et ne passe rien sous silence.
1. Art. 514 et suiv.
2. Art. 402, 626 et suiv.
3. Art. 154, 248, 620, 156 , 116, etc.
4. Art. 544.
5. Art. 529 et 544.
6. Art. 566, 567, 597.
20 LA DUCHESSE DE VALENTINOIS.
IV
A
peine installée au milieu de ce grand train
de maison, Charlotte eut à subir de cruelles
épreuves. Le 4 février 1505 , Jeanne de France, sa
meilleure amie et sa seule confidente , mourut à
Bourges; deux ans plus tard, César était tué en
Navarre. Enfermé au château de Medina del Campo,
il était parvenu à s'évader ; il traversa l'Espagne et se
réfugia près de son beau-frère qui le reçut à bras
ouverts. Jean de Navarre était en guerre avec le roi de
Castille ; César, tenant son ancienne promesse à la
famille d'Albret, mit son épée à la disposition du roi
Jean. Au siége de Viane, « il fut tué d'une zagaye par
les ennemis sortant d'une embuscade, non sans avoir
bravement et vaillamment combattu¹ » ( 12 mars 1507).
Le coup fut terrible pour Charlotte . Séparée de
son mari depuis sept ans, elle n'avait jamais désespéré
de le revoir. A dater de ce jour, elle prit le deuil
austère qu'elle ne devait plus quitter. Un mobilier
funèbre, un lit de damas noir pour elle et de serge
1. Brantôme, Vie de César Borgia.
LA DUCHESSE DE VALENTINOIS. 21
noire pour sa fille, des siéges et des coffres, couverts
de housses noires à ses armes, remplacent les élégances d'autrefois ' . C'était l'usage alors, la chambre
prenait le deuil comme le maître, et le lecteur se rappellera sans doute le luxe singulier de l'appartement
de deuil que Catherine de Médicis avait installé à
Paris . La douleur de Charlotte est moins théâtrale ;
quelques robes de drap noir, fourrées d'hermine et de
martre, rappellent seules ses prédilections d'autrefois.
Quand elle monte à cheval , soit pour visiter ses
pauvres et ses malades , soit pour aller jusqu'à
Bourges prier sur la tombe de la sainte reine³ , « la
selle de sa hacquenée est couverte de velloux noyr,
avecques tout le harnoys estant aussi de velloux
4
noyr » .
Désormais sa vie est brisée . Veuve à vingt-cinq ans,
belle , maîtresse d'une fortune considérable, elle se
consacre tout entière à Dieu et à sa fille , qu'elle
<< nourrit et eslève avec un grand soin et diligence
digne d'une bonne et prudente mère » . Son ambition
est de marcher sur les traces de sa cousine et de
poursuivre son œuvre de prédilection, l'ordre de l'Annonciade, « à l'avancement duquel elle est grandement affectionnée, estant parfaite imitatrice de la
bienheureuse Jeanne » .
5
1. Art. 608, 404, etc. La chapelle est aussi tendue de noir. Art. 443 .
2. Inventaire de Catherine de Médicis, Paris, Aubry, 1874.
3. Esq. Biogr. par Grillon des Chapelles.
4. Art. 617.
s. P. Hilarion de Coste, p. 173.
22 LA DUCHESSE DE VALENTINOIS.
Sa bonté se répand sur tout le personnel de sa
maison. Elle s'intéresse à ses filles d'honneur, s'occupe de les marier, de les doter ; c'est elle qui leur
donne la «< ceinture d'orfaverye » traditionnelle , avec
«< l'aulmosnière, la gorgerette, la coueffe et le thouret
de fil d'or pour abiller épousées¹ ». Si l'une d'elles se
fait religieuse , c'est encore la duchesse qui préside
« à sa vesture et à sa profession, lui servant de mère
et de marraine, s'éjouissant d'avoir donné une nouvelle épouse à Jésus- Christ. Ès registres ou archives
du couvent des Annonciades de Bourges, on lit qu'elle
assista à la réception d'une sienne fille d'honneur,
nommée Anne d'Orval, fille de noble homme Jean
d'Orval et d'Isabeau de Moliter 3 ».
2
A la Motte-Feuilly, le pauvre est le bienvenu, sa
part est faite ; il sait que la bourse de la châtelaine
est toujours ouverte et « le pain de l'aumosne >>
renouvelé chaque matin dans le grand coffre de la
salle basse . Mais la duchesse ne se borne pas à
secourir les pauvres , elle n'oublie ni ses parents ni
ses amis, et tout porte à croire que les uns et les autres
usaient largement de ses libéralités : en 1506, elle
prête 500 écus à son oncle Jehan d'Albret et
4,315 livres à sa tante Françoise d'Albret ; en 1507,
1,100 écus d'or à Louis de Bourbon, son cousin ; en
1. Art. 539 et suiv.
2. Fils naturel probablement de Jean d'Albret, seigneur d'Orval , dont il
est question art. 277.
3. P. Hilarion de Coste, p. 175.
4. Art. 453 .
LA DUCHESSE DE VALENTINOIS. 23
1508, 6,000 écus d'or à divers marchands de Tours ;
en 1509, 1,000 écus d'or à Geoffroy Jacquet, orfévre
de Blois ; en 1510, 6,600 livres à Jacques de BeauneSemblançay, général des finances ; la même année,
100 livres au seigneur de Maupas et 100 écus d'or à
Nycolas le Mercier, son valet de chambre ; enfin, en
1512 , 192 livres à Claude de Culant, pour payer ses
dettes ¹ .
Telle fut la vie de Charlotte de Valentinois jusqu'à la dernière heure. Usée par le chagrin, elle
était destinée à mourir jeune. Le 11 mars 1514, sentant sa fin approcher, elle fit appeler messire André
Richomme, prêtre, et Martin Amison, « clercs, jurez
et notaires du scel » , et leur dicta ses dernières
volontés, en présence de son médecin, « honorable
homme et sage maistre Sébastien Coppain, licentié
en médecine » .
Après avoir « donné son âme à Dieu et l'avoir
recommandée à la Vierge Marie et à Monsieur SainctMichel l'Ange » , la duchesse règle la forme de son
enterrement, le nombre et le prix des messes qui
seront dites . Son corps sera « ensepulturé au monastère Nostre Dame de la Noncyade de Bourges » ;
toutefois « son cœur et ses entrailles devront estre
mis dedans l'église de la Motte » . Elle institue sa
fille « seulle et universelle héritière, » et «< ordonne
qu'elle soit menée à Madame d'Angoulême et livrés
1. Art. 262 et suiv.
2. Louise de Savoie , mère du roi François Ier.
24
LA
DUCHESSE
DE
VALENTINOIS
.
tous ses biens afin de les lui bien garder en toute
seureté ». Elle désigne l'aumônier et les dames qui
doivent rester au service de sa fille et fixe d'avance
leurs gages. Après quelques libéralités à ses dames et
aux gens de sa maison, elle remet à ses exécuteurs
testamentaires le soin de liquider certaines affaires
d'intérêt et les charge de donner aux pauvres « une
aumosne telle qu'ils ordonneront ¹ >> .
1
Charlotte mourut le même jour ( 11 mars 1514) ³ .
Le 12 mai suivant, un inventaire des meubles de
la succession fut dressé, à la requête de Loyse Borgia, par Me Jacques Dorsanne, lieutenant du bailli de
Berry au ressort d'Issoudun, assisté de Geoffroy
Jacquet, orfévre juré de Blois, en présence des exécuteurs testamentaires, des mandataires de la comtesse d'Angoulême et de ceux de messire Alain d'Albret. Me Dorsanne est un homme méthodique et qui
ne perd pas son temps. Il commence par l'argenterie
et se fait ouvrir une première salle sous le portail du
château, le cabinet en haut du grand escalier, la panneterie, l'échansonnerie et la cuisine , un cabinet
près de la chapelle , enfin la chapelle même. L'argenterie terminée, on revient au cabinet attenant à la
chapelle, pour inscrire les objets en or, en cristal de
1. Appendice, note C. Testament de Charlotte de Valentinois.
2. S'il faut en croire le P. Hilarion de Coste, p. 175. L'épitaphe existant
encore dans l'église de la Motte- Feuilly indique seulement le mois de mars et
l'année 1514. La date du jour est effacée . D'après la Thaumassière, Hist. du
Berry, p. 175 , Charlotte aurait été enterrée a l'Annonciade le dernier
mars 1514.
LA DUCHESSE DE VALENTINOIS. 25
roche, les bijoux et les pierreries . Puis on passe aux
papiers , titres de propriété , créances, etc. , trouvés
dans un coffre du même cabinet. Cela fait, on s'occupe
des robes, des étoffes en pièces et de la lingerie
rangée dans la salle haute du château. La chambre
où Charlotte est décédée offre peu d'intérêt ; elle est
démeublée en partie. En traversant le degré, on
visite d'abord l'appartement de mademoiselle Loyse
et les coffres contenant les tentures, la chambre des
tapisseries, la garde-robe, la salle basse du château et
la pièce servant de réfectoire aux gentilshommes de la
maison. Dans une chambre haute sur la cuisine sont
les sièges de cérémonie avec les ornements de la chapelle ; dans une autre les fourrures. Après une nouvelle inspection de la cuisine et des pièces qui en
dépendent, Me Dorsanne descend dans les caves,
visite la chambre basse de la grosse tour, où couche
le tailleur, et remonte dans la tour, qu'il parcourt
jusqu'aux combles. La besogne est achevée, et, chacun ayant prêté le serment d'usage qu'il ne connaît
pas d'autres meubles appartenant à la duchesse ,
Me Dorsanne clôt son inventaire le 16 mai, après
avoir catalogué 677 numéros en cinq jours.
C'est l'inventaire que nous publions aujourd'hui,
grâce à l'obligeance de M. le duc de la Trémoille,
qui conserve dans ses archives le manuscrit original.
Loyse Borgia avait quatorze ans quand elle perdit
sa mère. Le 17 avril 1517, elle épousa Louis II de la
Trémoille, vicomte de Thouars et prince de Tal-
26 LA DUCHESSE DE VALENTINOIS.
mond, veuf de Gabrielle de Bourbon¹ . Pour le dire en
passant, le Chevalier sans reproche aurait-il recherché
la fille de César Borgia, si son père avait laissé
l'effroyable réputation qu'on lui a faite? Louis de la
Trémoille fut tué à la bataille de Pavie . Restée veuve
février 1530 et sans enfants, Loyse se remaria le 3
avec Philippe de Bourbon, seigneur de Busset, fils
aîné de Pierre de Bourbon, bâtard de Liége 2.
Suivant les instructions de Charlotte, son corps
avait été enterré à l'Annonciade de Bourges et son
cœur conservé à l'église de la Motte. En 1521 , la
princesse Loyse fit élever dans cette église un tombeau à la mémoire de sa mère, et chargea de ce
travail Martin Claustre, « tailleur d'images, de Grenoble, demeurant à Blois en Foye, paroisse SaintNicolas ». Martin Claustre était un habile homme et
l'artiste à la mode ; en 1519, il avait déjà exécuté, sur
la commande de Louis II , le premier mari de Loyse,
trois tombeaux pour la chapelle de Thouars ; c'est
encore lui qui entreprit le tombeau du baron de
Montmorency, père du connétable ' . Le marché qu'il
passa le 2 avril 1521 avec Loyse de la Trémoille
1. Appendice , note D. Extrait du contrat de mariage de Loyse Borgia.
2. Un triptyque en émail de Pierre Raymond (coll. Pourtalės) avait
appartenu à cette princesse et portait dans le cintre supérieur ses armes et
celles de Philippe de Bourbon- Busset.
3. Le tombeau de Louis 1er de la Trémoille, celui de son fils , le cardinal Jean,
archevêque d'Auch, et celui de son petit- fils , Charles de la Trémoille, tué à
Marignan ; ce dernier figure sur le tombeau avec sa femme, Louise de Coetivy
(voir le Recueil de Gaignières) . Le marché passé à cette occasion entre Martin Claustre et Louis II se trouve dans les archives de M. le duc de la
Trémoille.
4. Arch. de l'art français, I , 276.
LA DUCHESSE DE VALENTINOIS. 27
donne des détails très-précis sur le monument destiné
à contenir le cœur de la duchesse de Valentinois ¹.
Ce monument se composait d'un « soubzbassement
de marbre noir et les piliers à l'entour aussi de
marbre noir, taillés à l'antique à candelabres » ; entre
chaque pilier, sept figures d'albâtre représentant les
sept Vertus, placées trois de chaque côté et une à
l'extrémité ; au bout opposé, les armes de la duchesse .
Sur chacune des Vertus était « une coquille bien
taillée à l'antique, et chacune desdites vertus ayant
son nom par escript » . Ce soubassement servait de
support à « une tombe en marbre noir » sur laquelle
reposait « le personnage en albâtre de ladite duchesse
en façon d'une dame gisante » , avec « ung carreau '
double soubz la tête et aux piez deux petits chiens » .
Une statue de « Notre-Dame de Lorette avecques
la chapelle, le tout d'albastre » , était placée contre
le mur et complétait la décoration. Martin Claustre
s'engageait en outre à exécuter, pour l'Annonciade
de Bourges, une dalle tumulaire en marbre blanc
du Dauphiné <« en laquelle seroit gravé le personnage
de la duchesse » entre deux piliers à chapiteaux, avec
une inscription <« tout autour et l'engraveure remplye
de syment noir » . L'ensemble de ces travaux «< de bon
marbre et albastre bien nectz, sans vayennes (veines)
ne taches , et l'ouvraige taillé bien nect » , fut payé
cinq cents livres tournois.
1. Appendice , note E. Marché pour la construction du tombeau.
2. Carreau, coussin.
28 LA DUCHESSE
DE VALENTINOIS
.
L'ancien château de la Motte- Feuilly a subi plusieurs remaniements : les ouvrages de défense extérieure sont détruits, deux tours ont disparu ainsi que
la haute muraille crénelée qui reliait le portail à la
grosse tour ; cette dernière renferme dans ses combles un cep¹ ou carcan de bois parfaitement conservé
depuis près de cinq siècles. Les fossés du château
sont convertis en pelouses et les anciens parterres
dessinés à l'anglaise ; dans l'enclos du parc on montre
encore aux visiteurs un if gigantesque, contemporain
de la duchesse.
Letombeau de Charlotte , élevé parMartin Claustre
dans la petite église du village avait survécu jusqu'à la Révolution ; les hommes de 93 ont détruit
ce bel échantillon de la Renaissance française . Du
soubassement à piliers, dont chaque compartiment
représentait une des sept Vertus, il ne reste que des
fragments de pilastres chargés d'arabesques et
quelques figurines gracieuses placées dans des
niches et surmontées de leurs coquilles ; la Tempérance
et la Force ont conservé leur légende ; la Charité
porte une aumônière pendue au côté ; une quatrième
figure paraît tenir un miroir ; les trois dernières sont
méconnaissables.
L'image de Notre-Dame de Lorette est encore
plus mutilée, sauf la main qui soutient la chapelle et
fait honneur au talent de Martin Claustre . La statue
de Charlotte, les mains jointes tenant un chapelet,
1. Art. 675 de l'Inventaire et Appendice, note G.
h.
Vale
ratingS
FRAGMENTS DU TOMBEAU DE CHARLOTTE D'ALBRET
Imp A Quantin
LA DUCHESSE DE VALENTINOIS. 29
richement vêtue et portant la couronne ducale, est
brisée en trois morceaux et entièrement défigurée ;
on l'a placée debout, contre la muraille de la chapelle¹ . La <« tombe de marbre noir » est engagée dans
le pavé de la nef et porte encore l'inscription suivante, qui se lit difficilement :
cy gist le cueur de tshaulte et ts puissaï dame, madame
charlotte dalbret en son vivät vefve de ts hault et………………..
prince domp césar d....... duc de valentynois, comte de
diois, seigneur dissouldun et de la motte de feully,
laquelle trespassa à sond lieu de la motte....... du mois
de mar. l'an de grace mil cinq cens quatorze.
1. Voir la gravure en tête du volume et les petits dessins de M. Isidore
Meyer dans les Esquisses pittoresques de l'Indre, par MM. de La Tremblais
et de La Villegille, éd. in-4.
INVENTAIRE DES MEUBLES
DE
CHARLOTTE D'ALBRET
DUCHESSE DE VALENTINOIS
AU CHATEAU DE LA MOTTE- FEUILLY
UJOURDUY douziefme jour du moys de May
lan mil cinq cens & quatorze, nous Jacques
Dorfanne 2 , licencié en loix, confeiller du roy
noftre fire , lieutenant au fiége & reffort
d'Yffouldun de noble ſeigneur meffire Pierre
Dupuy ³ , chevalier, feigneur de Vaftan , Buxeul de Ville1. Cet inventaire fait partie des archives de M. le duc de la Trémoille.
Les notes portant cette indication (M) sont de M. le comte Ferdinand de
Maussabré.
2. Jacques Dorsanne, lieutenant du bailli de Berry au baillage et siège
royal d'Issoudun , lequel comprenait le bas Berry presque tout entier (266 pa- roisses), exerçait, avec une juridiction beaucoup plus étendue, des fonctions
analogues à celles de nos présidents de tribunaux civils de première instance .
Le chef de la magistrature du pays s'était donc transporté, à douze lieues de sa résidence, pour présider en personne à l'inventaire des meubles de la
duchesse de Valentinois.
Honorable homme et sage maître Jacques Dorsanne était aussi bailli de
Bomiers, pour Jacques de la Trémoille , frère du Chevalier sans reproche, et
comme lui parent de Charlotte d'Albret ( du troisième au quatrième degre) ( M) .
3. Pierre du Puy, chevalier, seigneur de Vatan, Buxeuil et Villeneuve-
32 INVENTAIRE DES MEUBLES
neufve foubz Barrillon , conſeiller & chambellan ordinaire
du roy noftre dict feigneur, fon bailly & gouverneur de
Berry ; après ce qu'avons efté mandé pour eftre par nous
proceddé à faire l'inventaire des biens demourez & délaiffez
par le decés & trefpas de feue haulte & puiffante dame
& princeffe Charlotte d'Albret, en fon vivant ducheffe de Valentinoys, conteffe de Dyois & dame d'Yffouldun, nous ce
jourduy à la requefte de damoiſelle Loyfe, feulle fille & héritière univerfalle de ladicte dame, & après ce que par elle
avons efté inftamment requis de faire icelluy inventaire, pour
la confervation & garde de fon droict & biens, nous en enfuyvant ladicte requefte, & ès préfences de Claude de la
Perrière, eſcuyer, feigneur de Billy ; Jehan de Mouffy ¹ ,
feigneur de la Mothe ; Efmond de Groffolles , feigneur
d'Afques ; Jehan de Mareul , feigneur de Montabolin ;
Pierre de Regnard , feigneur de Maray ; François Amignon, feigneur de Cloys, efcuyers , exécuteurs du teftament & ordonnance de derrenière voulenté de feue madicte
dame la ducheffe de Vallentinoys ; & auffy es préfences de
sous - Barillon , en Berry , conseiller et chambellan ordinaire du roi , gouverneur et bailli du duché de Valois , en 1498 , puis bailli et gouverneur
du Berry après Gilbert Bertrand , seigneur du Lys- Saint- Georges , son beaufrère ( le gardien de Ludovic Sforze) , en 1505 , avait épousé Magdeleine de
Gaucourt, fille du seigneur de Châteaubrun, en Berry, bailli et gouverneur
de la Picardie.
On connaît la fin tragique de son dernier descendant, décapité pour cause
de rébellion, en 1612 ( M).
1. Jean de Moussy, écuyer, seigneur de la Motte-Fleury, autrement la
Motte-Marçay, paroisse de Marçay, près le Châtelet, à sept lieues de la MotteFeuilly, était capitaine d'Issoudun et maître d'hôtel de Charlotte d'Albret,
qui, en qualité de dame d'Issoudun, lui fit don, le 7 septembre 1504 , du droit
de rachat dû à cette princesse sur la baronnie de Fins , et qui fut fixé, par
composition, à la somme de sept-vingts livres tournois, le 31 mars 1505 (M) .
2. De Grossolles, d'une maison de Guyenne et d'Armagnac.
3. Jean de Mareuil , le jeune , écuyer, seigneur de Montaboulin, près
Châteauroux, du chef de Françoise de Rivaudes, sa femme.
4. Pierre de Regnard, seigneur de Maray. Testament de Charlotte d'Albret,
page 117 , note 4.
5. Ces six personnages faisaient partie de la maison de Charlotte d'Albret.
DE CHARLOTTE D'ALBRET. 33
Nicolas Foyal , efcuyer , feigneur de Herbaut¹ , maiſtre
d'oftel ordinaire de haulte & puiffante princeffc madame la
conteffe d'Angoulefme , & maiftre Jehan Gallus, licentié
en loix, chaftellain de la terre & juftice de Romorantin,
adfiftans & eulx difans chargez & avoir charge de par madicte dame la conteffe, & Jehan de Piis, efcuyer, ſeigneur
dudict lieu & d'Ambruns, & de Pierre Mofnier, auffi efcuyer,
feigneur de Planeaulx, auffy adfiftans & eulx difans avoir
charge de hault & puiffant feigneur Meffire Alain feigneur
d'Albret , de adfifter & eftre préfens de par madicte dame
la conteffe d'Angoulefme & ſeigneur d'Albret, à la confection
& expedition du dict Inventaire ; Nous, appellé avec nous
Pierre Agoberd, notaire royal & greffier dudict bailliage,
avons proceddé à icelluy inventaire faire, en la forme & manière qui s'enfuyt .
... Nous fommes tranfportez au chaſtel & place fort
de la Mothe de Feully, lieu de demourance de feue madicte
Dame la ducheffe de Vallentinoys, & ouquel l'en dit icelle
eftre déceddée ; ouquel chaftel avons faict deímolir & abbaftre une petite muraille eftant contre l'huys d'une vofte ,
au deffoubz du portal du chaſtel & place fort dudict lieu de
la Mothe, & à l'entrée d'icelluy chaftel & au dedans dudict
chaſtel ; laquelle muraille démolye & abattue ' , avons trouvé
ung huys fermant à clef, où il y avoit une ferrure, lequel
1. Nicolas Foyal , écuyer, seigneur d'Herbault , en Sologne, chevalier de
l'Ordre du Roi, maître d'hôtel ordinaire de Sa Majesté et de Madame d'Angoulême , mère du roi , 1516 (M) .
2. Louise de Savoie, comtesse d'Angoulême, était veuve de Charles d'Or.
léans , comte d'Angoulême, seigneur de Romorantin , Villedieu , en Berry, oncle
breton de Charlotte d'Albret ( M) . C'est à elle que Charlotte avait confié la
garde de Louise Borgia et la protection de sa fortune (voir plus loin le testa- ment de Charlotte) , ce qui explique son intervention à l'inventaire .
3. Père de Charlotte d'Albret.
4. Depuis le décès de Charlotte , toutes les salles contenant des objets
precieux avaient été soigneusement fermées, scellées et murées, Loyse Borgia etant mineure.
S
34 INVENTAIRE DES MEUBLES
huys, ès préfences que deffus , avons faict ouvrir ; & en ladicte
voſte ont efté trouvés les coffres & chofes qui s'enfuyvent¹ :
---- i. En ung coffre de boys couvert de cuyr, fermant à deux clefz , a efté trouvé la vaiffelle d'argent cy
après déclairée , laquelle avons faict poyfer par Geoffroy
Jacquet orfèvre de madame Claude , auffi orfèvre juré en
la ville de Bloys , ainfi qu'il nous a dict & affermé. . .
2. ----
3
En laquelle vaiffelle d'argent ont efté trouvées huit
grans taffes à pied & à fond levé, gaudronnées ung gaudron plan & l'autre martelé, & le fond martelé, avec úng
eſmail au millieu, garny d'un estors à lentour, lefquelles ont
efté peſées en noftre preſence, & a rapporté ledict Jaquet
icelles eftre du poix de 42 mars 2 onces .
3. Douze autres taffes moindres à pied , à fond levé,
gauldronnées à ung gauldron doré & l'autre blanc, armoyées
au fond * , 29 mars, I once.
4. Une taffe à pied, gauldronnée & toute vermeille
dorée, unes armes au millieu , - 2 mars 6 onces & demye.
5. Quatre taffes à pied, gauldronnées à ung gauldron
blanc & l'autre doré, unes armes au millieu , fauf de l'une
de laquelle l'efcu eft tombé, -9 marcs 1 once 6 gros.
6. Six tranchouers & carrez non armoyez, vermeilz
dorez
-
- 6 mars 1 once.
1. Inventaire de l'argenterie placée dans une cave (voste , voûte) sous le portail du château.
2. Madame Claude ( de France) , fille du roi Louis XII , mariée en 1514 a
François d'Orléans, comte d'Angoulême , devenu , l'année suivante, le ro
rançois Ier . Nous verrons plus loin (art . 275 ) que Geoffroy Jacquet avait emprunté 1,000 écus d'or à la duchesse.
3. Fond levé, c'est-à-dire repoussé ; - gaudronné, à godrons ; - plan, uni.
4. César Borgia porte écartelé : aux 1 et 4 de France ; au 2º d'or au bœuf
passant de gueules sur une terrasse de sinople, à la bordure du 2º émail chargée de 3 flammes du champ, qui est de Borgia ; au 3º un fascé de six pièces.
D'Albret porte écartelé aux 1 et 4 de France, aux 2 et 3 plein de
gueules, qui est d'Albret.
5. Plateaux à pieds ou sans pieds, sur lesquels l'écuyer tranchant coupait la viande; voir nº 91.
DE CHARLOTTE D'ALBRET. 35
7.- Deux douzaines de grans platz armoyez aux armes
de feue madicte dame, 81 mars 4 onces 2 groz.
8. --
-
Six faulcières plaines, deux à bourg¹ doré, & deux
de pareille grandeur, & deux plus petites,
7 onces 7 gros .
-
- 4 marcs
9. -
Deux fourchettes 2 , l'une plus grande que l'autre,
6 onces 6
IO. -
gros .
Une paix garnye de deux pilliers aux deux
coustez, avec ung chappitteau entre les deux pilliers, & deffoubz quatre Apostres , S. Pierre , S. Jehan , S. Jaques &
S. Paoul, figurez d'émail fur émail³ , 1 marc 6 onces 6 gros.
II11.. Une bouete à dragée, garnye de soyes, dorée,
armoyée des armes de feue madicte dame,
4 onces 6 gros.
12. -
- 2 marcs
En ung autre grand coffre de boys fermant à troys
1. Bourg, boure ou bord.
2. Voici deux fourchettes d'argent, plus loin nous en trouverons une autre ( nº 145 ) . Ce sont des fourchettes pour quelques usages exceptionnels, pour manger les mûres, les grillades de fromage, etc. (de Laborde ,
Gloss. et Dictionnaire de Viollet- le- Duc, au mot fourchette) . L'écuyer tran- chant avait aussi des fourchettes pour découper les viandes : aastat mensæ
structor, cultellos et furcinulas componens » (Lud . Vivès , Colloquia, 1529) .
L'usage de la fourchette, comme nous l'entendons, ne commence, à la cour
même, que sous Henri III (Isle des Hermaphr. , éd. 1726, page 105) . Jusque-là
on mange avec le couteau , la cuiller et surtout avec les doigts, que l'on essuyait
au fur et à mesure à la serviette jetée sur l'épaule gauche : « explicat
quisque suum chiromactrum ( essuie- mains ) et injicit super humerum sinis- trum » (Colloq . id. ) . « Prends avec trois doigts ce qui t'est offert à table »
(Erasme, Civilité puérile, 1530).
Ne touche ton nez à main nue
Dont ta viande est tenue.
disent les Contenances de table du xve siècle , et Ovide, le maître des délicatesses romaines, fait la même recommandation :
Carpe cibos digitis, est quidam gestus edendi,
Ora nec immundá tota perunge manu,
3. Probablement émail peint, voir 49 , 50 et 116. M. de Laborde, dans son
Glossaire, ne cite pas cette expression.
36
INVENTAIRE
DES
MEUBLES
clefz, auffi couvert de cuyr, trouvé en ladicte vofte, ont
auffi efté trouvées les chofes qui fenfuyvent.
-
13. Deux grans potz à pied, gauldronnez, l'ance
carrée, & devant ung biberon, le coul d'un serpent avec la
teste, l'ance & le col dorez, avec ung gauldron doré & l'autre
blanc, eftans en deux eftuictz de cuyr, — 24 marcs 6 onces
2 gros.
14. Ung eftuict à barbier¹ couvert tout de fil , ung
S. Cosme & S. Damyen au millieu , ou il y a deux efcuffons
armoyez, une chefne à laquelle pend ledict eftuict, les garnifons toutes dorées, trouvé auffi en ung eftuict de cuyr, -
6 marcs 3 onces et demye.
ung
15. Ung petiz pot à eaue, tout plain, auffi trouvé en
eftuict de cuyr,
16 . -
1 marc I once 3 gros.
Deux grans potz à vin tous plains, aux armes de
madicte feue dame, les garnisons dorées, trouvez en deux
eftuys de cuyr, — 27 marcs 4 onces 2 gros.
17. Une buye à plain ouvraige, garnye des armes
de madicte feue dame, trouvée auffi en ung eftuy de cuyr,
15 marcs 6 onces 6 gros.
---
18.
--
Deux grans potz à eaue, à chafcun deux ances à
la mode ytalianne , à boullons par le millieu du ventre, au
collet & au pied, l'un blanc & l'autre doré, à pied,
32 marcs 1 once 6 gros ; avec deux couvercles armoyez par
le hault, - 2 marcs 7 onces & demye.
-
19. Ung coquemard à barbier, garny de soyes tout
entour, unes armes deffus , 14 marcs 2 onces & demye.
Deux potz à vin, vermeilz dorez,
6
20.
gros.
21 .
-
-
-- 21 marcS
Deux grans potz carrez, à pied, à huit pendz,
sur chafcun pend des feuilles taillées & dorées , ung collet au
1. Trousse de chirurgien ; saint Cosme et son frère saint Damien étaient
les patrons des chirurgiens. - Garnisons, garniture.
2. Objet de provenance italienne . - Boullons, voir art. 55 .
--
DE CHARLOTTE D'ALBRET. 37
millieu du col , garny d'un gros tors, l'ance d'un ſerpent
& le biberon d'un autre, 21 marcs 6 onces 7 gros.
-
-
22. Deux autres grans potz à vin, à pied, gauldronnez, l'un gauldron blanc & l'autre doré, & ayant chaſcun
deux grenades, 24 marcs 2 onces.
23. - Deux pommes ayant chafcune une boucle deffus
& troys soulleilz dorez pour fervir à tendre pavillon de lictz ,
12 marcs 4 onces 6 gros¹ .
-
-
24. Ung baffin à barbier ayant unes armes au fond,
le bourc doré , -
8 marcs 2 onces 2 gros .
25. - Deux grans chandeliers à flambeaux 2
en façon
de tourelles, dont le pied eft garny de bourc cizellé tout alentour, avec ung rontour rapportant à viz , garniz de troys
colletz doubles, dorez, 28 marcs 1 once 6 gros.
-
Ung baffin à mettre foubz la chaiſe perſée à
26.
deux
ances³
,
-
8 marcs 4 onces 2 gros.
27. Deux potz à pied à la façon d'Efpaigne , tous
cizellez de feuilles , l'ance d'un lizard , le biberon d'un ferpent, fur le couvercle une couronne, & fur le deffus ung bouton efmaillé d'azeur garny de feuilles , dorez,
6 gros.
-
- 14 marcs
28. Une couppe dorée dedans & dehors, à pied haut,
couverte, & garny le couvercle d'une pomme à boullons
reboutez en dedans, & à chafcun boullon une paillette branl6 marcs 7 onces.
lants,
29. Ung petit pot doré cifellé à greines de pommes
de pin , ung biberon, le coul d'un ferpent, & l'ance garnye
d'un tors.
30. Ung autre petit pot auffi doré, faict à coftes de
1. Ces pommes d'argent à boucles pour tendre les garnitures de lit
supposent un lit d'une grande richessc.
2. Chandeliers à flambeaux de cire. -Rontour, binet mobile à pas de vis (?) .
3. Voir nº 622.
4. Orfévrerie espagnole provenant sans doute de la famille Borgia.
5. Paillette branlante, voir Gloss. de Laborde, au mot branlant.
38 INVENTAIRE DES MEUBLES
feuilles taillées , ung biberon, la tefte d'un ferpent, & le tout
vermeil doré,
31.
-
- I marc 6 onces.
Ung gobelet tout vermeil doré & taillé tout
d'efpargne ¹ , efcript tout alentour Gafpard, Melchior, Baltazard, & troys griffons au pied eſlevé, 3 marcs 5 onces.
32. Une couppe à efcailles moitié dorées & moitié
blanches, avec le couvercle, 6 marcs 7 onces.
-
-
-
33. Une autre grant couppe à pied, couverte, toute
vermeille dorée, à gauldrons, efcaillée de pleumes, - 6 marcs
3 onces 3 gros.
-
34. Une couppe couverte, à pied, vermeille dorée,
gauldronnée, ung gauldron plain & l'autre caffé,
5 onces 5 gros .
――
-
3 marcs
35. Une autre couppe à pied, couverte, une couronne de feuilles alentour du couvercle, & des pierres perfes
& vertes avec ung bouton de feuilles au-deffus du couvercle,
& au pied ung estors en troys tours, ladicte couppe gauldronnée, ung gauldron vermeil & doré, & l'autre blanc & enfoncé,
4 marcs 2 onces 6 gros .
-
36. - Une autre couppe à pied, couverte, & alentour
du couvercle une couronne, gauldronnée à ung gauldron
cizellé & doré, & l'autre gauldron blanc, & le gros bout du
gauldron blanc cizellé et doré, 4 marcs 6 onces.
-
-
37. Une autre couppe à pied, de la façon de Hongrye, couronne au couvercle, troys feuilles de chardon et
ung chardon deffus le couvercle, une couronne au pied de
feuilles tournant à gros gauldrons rondz, enlevée par les
boutz, toute dorée , - 6 marcs I once & demye.
--- 38.
déclairée,
39.
-
Une autre couppe toute femblable à celle deffus
6 marcs 2 onces.
Une autre couppe à la dicte façon d'Ongrye, le
couvercle garny d'une couronne alentour, & deffus ung
1. Taillé d'épargne, c'est- à-dire champ levé.
DE CHARLOTTE D'ALBRET. 39
bouton garny de feuilles efmaillées, le tout gauldronné à
gros gauldrons eflevez, une ayrecste¹ eſmaillée, 3 marcs
I once & demye.
-
-
40. Une autre couppe toute vermeille dorée , au couvercle une couronne faicte de feuilles de vignes & roziers, ung
estors garny de feuilles, tout blanc, & une couronne autour
du pied garnye de rozes doubles, gauldronnées à gros gauldrons, & arreftez au millieu, 3 marcs 2 onces & demye.
41. Deux grans couppes à pied hault, toutes dorées,
gauldronnées, entre tous les gouldrons un lizard, au couvercle une couronne, & deffus le couvercle troys feuilles enlevées, & ung bouton efmaillé, & autour du collet du pied une
8 marcs 5 onces 2 gros .
-
couronne,
-
-
42. — Une autre couppe toute dorée, gauderonnée, au
pied des lizards , & au couvercle une couronne de feuilles,
& au-deffus plufieurs feuilles eflevées, ung bouton d'azur
couvert de quizemife ' , - 2 marcs 7 onces 3 gros .
---- 43. Une autre couppe toute dorée à gros gauldrons
enlevez, une arreſte au millieu , au hault du pied une couronne de feuilles & autour du corps de ladicte couppe ung
chappelet faict de feuilles de chardons, & à l'entour du couvercle une couronne, & au hault du couvercle troys feuilles
fans bouton, 3 marcs 5 onces 2 gros.
-
44. Une autre couppe dorée, gauldronnée à gros
gauldrons, une arrefte au millieu , fur le pied à chacune
efcarre une feuille, & entre deux gauldrons ung efmailh,
& au hault du pied une couronne de feuilles & de filleterie³ ,
& au corps entre deux gauldrons par le bas ung ferpent & par
le hault de ladicte couppe tenant entre deux gauldrons une
aille tenant à ung pied ung efcu & à l'autre pied une pierre
rouge. Au couvercle une couronne toute de feuilles, entre
1. Ayrecste, arête,
2. Quizemise, marcassite (de quis, pyrite, et misy, sulfure de fer) .
3. Filleterie ou fillatière, lambrequin.
10
INVENTAIRE
DES
MEUBLES
deux gauldrons une feuille & au-deffus aux petiz gauldrons
à chafcun ung eſcureul, au hault du couvercle six lozanges
& deffus troys feuilles enlevées avec ung bouton à six costez
efmaillé d'argent, femé d'eftoille de quifemize¹,
I once 2 gros.
5 marcs
45. Une autre grant couppe rompue entre le pied
& le corps, faicte à gros gauldrons, une arreſte au millieu,
& entre chafcun gauldron autant au pied que au corps des
feuilles renversées , une couronne à l'entour de ladicte couppe
& au couvercle une couronne à l'entour, à l'un des pieds ung
homme & à l'autre une femme enlevée & gauldronnée
comme le corps & en chafcun gauldron une feuille , & audeffus une couronne à l'entour d'un gauldron , & au millieu
9 marcs 1 once 6 gros.
unes armes,
-
-
-
46. Une autre couppe à pied toute dorée faicte à
efcailles sizaillées & poinfonnées , autour du pied des feuilles
& des petites pommettes grenetées, autour du couvercle une
couronne de feuilles et de pommectes grenetées, et deffus
ledict couvercle, une grant terraffe efmaillée de vert, laquelle
ne tient point, & une tour qui ne tient point auffi garnye de
deux portaulx & deux tours, 8 marcs 6 onces & demye.
47. Une autre couppe toute dorée à gros gauldrons
enlevez, garnye autour du pied & du corps de branches & de
feuilles toutes blanches de rozes efmaillées d'azeur, vert
& vyolet, & garnye entre chafcun gauldron d'une feuille enlevée, autour du couvercle une couronne de feuilles & ung chappelet blanc semé de glans & de feuilles de chefne, & au-deſſus
une pièce efmaillée à six pans dazeur, vert & violet, & deux
ferpens aux deux coustez fans bouton, 3 marcs & demye.
48.
Ung grant drajouer hault à ung ſoye perſé à
—
1. Voir art. 42.
-
2. Ce drageoir et les suivants, décrits avec soin, devaient être des pièces
remarquables. Le drageoir renfermait les épices de chambre, confitures et bon- bons à la mode. Soye, souage, moulure ou boudin.
DE CHARLOTTE D'ALBRET.
jour, troys pièces efmaillées aux troys pans, & aux autres
troys pans au millieu de lung ung gauldron fizellé & doré
entre deux gauldrons blancs à carres. Le thuau garny de
colletz & de pièces scizillées & efmaillées, le deſſoubz du
pommeau gauldronné & le deffus faict en terraffe efmaillé
de vert. La couppe du drajouer sizelée à ung pan doré &
l'autre blanc, le couvercle de ladicte couppe une couronne
faicte de couronnes & entre deux couronnes ung eſcu & par
deffus gauldronnée, ung gauldron à coftes & l'autre rond avec
une pomme gauldronnée dorée, poyſant treize marcs fept
onces deux gros.
- 49. Ung autre grant drajouer au pied duquel a en
troys pendz des elles efmaillées de vert, deux efchardons
autour de deux efneaulx, en chafcun efneau une groffe
poincte deftoin & fix perfonnages efmaillez de efmail fur
efmail , le thuau efmaillé, le pommeau gauldronné, ung gauldron fizellé & doré, l'autre à pendz tous blancs, & la couppe
dudit drajouer fizellé à groz gauldrons & de coquilles, au
couvercle une couronne faicte de couronnes, entre les couronnes des marguerites en chappelles & le couvercle fizellé à
groz gauldrons & deffus des coquilles à l'entour, au-defus
ung fouleil eftincelant doré & une pomme gauldronnée & dorée, poyfant quatorze marcs cinq onces.
50. -
Ung autre grant drajouer hault à pied, à fix
pendz ; aux troys pendz y a troys eneaulx efquels y a troys
poinctes deftoin, & dedans les eneaulx a chafcun une marguerite, au hault du pied fix perfonnages efmaillez de efmail
fur efmail, le thuau tors efmaillé d'azeur & le pommeau
gauldronné à ung gauldron fizellé & doré, & l'autre blanc
& à carre. La couppe du drajouer gauldronnée à ung gauldron à pendz & l'autre fizellé à troys, au couvercle a une
couronne faicte de couronnes & entre deux couronnes ung
efcu, le couvercle fizellé à gros gauldrons comme le corps,
au-deffus une pomme gauldronnée dorée, & au-deffus une
6
42
INVENTAIRE
DES
MEUBLES
terraffe efmaillée de vert, en laquelle a ung efcu & ung timbre, & deffus ung ferpent vollant, poyfant dix-ſept marcs
cinq onces & demye.
-
51. Ung autre grand drajouer faict à pied à jour, à
fix pendz, fur le pied y a troys gauldrons, fur chaſcun gauldron a le millieu fizellé & doré & les deux coustez blancs & à
pendz & aux autres troys gauldrons troys pièces efmaillées.
Le thuau efmaillé de vert & la pomme par le deffoubz gauldronnée & le deffus de ladicte pomme en terraſſe eſmaillée
de vert, la couppe à gros gauldrons efmaillez l'un à troys
pendz & l'autre à troys rondz. Le couvercle fizellé & autour
du couvercle une couronne faicte de couronnes, & entre deux
couronnes une marguerite, au-deſſus ung chappellet fizellé
de coquilles, & deffus le chappellet ung souleil gectant eftincelles dorées, & deffus une pomme gauldronnée, au-deffus
de la pomme une terraffe efmaillée de vert, sur la terraffe a
ung efcu, & fur leſcu ung timbre, & fur le timbre ung ſerpent
vollant ayant la tefte d'ung homme, poyſant ſeize marcs cinq
onces deux gros.
52. Ung baffin pour fervir de drajouer à ung pied
hault fermant à une viz ; oudict baffin y a fix fagictaires,
troys lyons, fur le bourc des demys enffans vollans entre
lefquelz enffans y a ung griffon , le pied fizellé à gauldrons,
poyfant cinq marcs une once deux gros.
53. Ung autre baffin à drajouer de pareille façon ,
rompu, poyfant cinq marcs deux onces fix gros.
―
54. Deux hommes debout, l'un efmaillé d'azeur la
face blanche, fur le pied a troys ferpens , & l'autre efmaillé
de viollet à vifage de More, poyfant deux marcs cinq onces.
55. Une taffe faicte à deux petitz boullons à la façon
d'Eſpaigne¹ fans piedz , le tour du fondz & le bourc dorez,
poyfant ung marc fix onces & demye.
-
1. Pièce espagnole . - Boullons, boutons ou clous en relief.
DE CHARLOTTE D'ALBRET. 43
56.
-
Une autre taffe à ladicte façon d'Efpaigne¹ , le
font gauldronné à feuille de sauge & tout doré alentour, à
demys petitz boullons blancz & le bout doré, poyſant ung
marc quatre onces fept gros .
57.
-
Un grant baffin à laver mains ' , le fondz ung
efmail au millieu où il y a des armes , fix gauldrons fizellez
de feulles alentour, gauldronné ung gauldron blanc & ung
doré, taillé de feulle d'espargne, & le refte dalentour fizellé
& enlevé de plufieurs feulles, poysant huit marcs deux onces
deux gros.
-
58. Un autre grant baffin à laver mains ayant ung
grant armoyrie au millieu, ung rond alentour taillé de
feulles d'espargne, ung foleil demy enlevé, fizellé et doré,
& autour du bourg des croiffans enlevez, fizellez & dorez, des
coquilles au-deffus, & le bout doré, poyſant neuf marcs.
1. Pièce de provenance espagnole.
2. On connaît l'ancien usage de se laver légerement les doigts avant et
après le repas, ce que l'on appelait simplement laver. Cette coutume , qui nous
vient de l'Orient et y dure encore, a fait imaginer une foule de bassins et
d'aiguières de toutes formes, en matière précieuses, en or, en argent, en
cuivre, en étain, en faïence . Les grands plats à reptiles de Bernard Palissy sont
des bassins à laver. Louis Vives , décrivant un banquet espagnol , dit :
« Vous eussiez vu là deux grands lave-mains d'argent avec les bords dorés
desquels le milieu était d'or avec les armoiries du maître. Chaque lave- main
avait son aiguière , dont le bec était doré. On voyait aussi une autre aiguière
de verre, dont le tuyau était doré, avec un bassin de terre, ouvrage de Malaga
habilement émaillé , opere Malacensi, probe sandaracato. » Nous sommes en
Espagne, et il s'agit de faiences hispano- moresques.
Avant le repas, on présentait l'aiguière et le bassin, ce qui servait de prétexte à un échange de politesses ; « on offre l'eau pour laver les mains, d'abord
avec de grands refus et des invitations réciproques, puis en se cédant mutuellement. » (Ludov. Vivès, Colloquia, 1532.) La propreté absolue des mains était
de rigueur chez des gens qui mangeaient à deux dans le même plat et sans
fourchette (voir art. 9 , note) . Le Galatée de Jean de la Case, manuel du
savoir-vivre au xvIe siècle , explique clairement cet usage : « Il ne faut pas se
laver les mains en compagnie, si ce n'est lorsque l'on se veut mettre à table :
pour ce que alors il se faut laver à la veue de la compagnie, quoyque tu n'en
eusses point de besoing, à fin que ceux en soyent acertenés, qui mettent la
main au mesme plat où tu la mets. » Après le repas, se laver les mains etait affaire de propreté personnelle.
INVENTAIRE DES MEUBLES
59. Ung autre moindre baffin à laver mains à la
façon d'Eſpaigne¹, où il y a armoyrie au millieu , garny de
plusieurs beftes fizellées, enlevées & dorées , & le bourc doré,
poyfant cinq marcs trois onces .
60. -
Ung baffin à drajouer ayant unes armes au millieu, tout de feuilles enlevées, fizellées & dorées avec plusieurs
teftes doriflant & plufieurs feuilles , doré par le dedans, poyfant troys marcs.
61. -
Ung autre baffin à fervir dragée, ouquel y a plufieurs beftes enlevées & fizellées, duquel le fond eft rompu,
poyfant deux marcs deux gros.
62. Ung autre baffin à fervir dragée, ouquel y a plufieurs beftes enlevées & fizellées mordant l'une l'autre, dorées,
poyfant deux marcs, fix onces deux gros.
63. Ung autre baffin à fervir dragée, ouquel y a plufieurs perfonnages armez & en bataille, fizellez et dorez,
poyfant deux marcs deux onces deux gros.
64. - Ung autre petit drajouer à pied doré par le
dedans, gauldronné & fizellé de bestes enlevées & feuilles,
poyfant ung marc, fept onces, fept gros .
-
65. Une petite taffe, en laquelle y a unes armes au
millieu, fizellée de plufieurs beftes & feuilles, dorée dedans,
poyfant fept onces troys gros.
66. -
Ung petit plat à dragée, ouquel au milieu y a
place vacque pour mectre armes, doré par le dedans, semé
de groffes feuilles enlevées & efcaillées , poyfant ung marc
cinq onces un gros.
―
67. Une petite taffe dorée par le dedans, fizellée de
feuilles enlevées, faicte à la façon d'Efpaigne, poifant ung
marc trois onces.
68. -
Ung baffin à dragée doré par le dedans, ou il y
1. Pièce espagnole, ainsi que les nos 67 et 70.
2. Oriflant, éléphant, de Laborde, Gloss. , et Cotgrave.
DE CHARLOTTE D'ALBRET. 45
a plufieurs beftes & oyfeaulx fizellez & enlevez, poyſant
dix marcs deux onces fix gros .
-
69. Ung autre petit baffin à dragée, faict à pied , gauldronné à l'entour du fond, doré par le dedans, le bourc
fizellé & enlevé de plufieurs beftes & feuilles , poiſant ung
marc fept onces fix gros .
70.
―
Ung baffin à dragée à la façon d'Efpaigne ,
faict à feuillage enlevé, efmaillé & doré, une armoyrie au
fond, poyfant deux mars.
71.
-- Ung plat à dragée, ayant au pied unes armes,
fizellé de plufieurs beftes au fond & au bourc de pluſieurs
beftes & perfonnaiges fizellez & enlevez , poiſant deux marcs
cinq onces fix gros.
-
72. Deux fleuftes d'Allemain¹ , poyfant deux mars deux
onces deux gros.
-
73. Une trompe avec fon cordon, à fix pans, poyfant
deux mars une once.
Et ledict jour par ladicte damoiſelle nous a efté monftré
ung cabinet eftant au feiz de la grant viz du corps d'oftel
dudict Chaftel & place fort de la Mothe muraillé, la muraille duquel avons faict abbatre , & icelle abbatue avons
trouvé l'huys cloz & féellé , lequel avons faict ouvrir, &
icelluy ouvert, ont efté trouvées es prefences des deffus dictz
les choses en après déclairées ² .
-
74. C'eft affavoir : une buye à eaue ayant ung fouleil
auprès du biberon , poyſant ſeize mars deux onces .
75. Deux chandeliers à mectre flambeaux, poyfans
feize mars fix onces & demye.
76. Six chandeliers à mectre chandelle de fuif, poyfans
quinze mars cinq onces et demye,
1. Fleustes d'Allemain , flutes traversieres. S'agit-il de ces instruments d'argent qui « sonnaient toujours » lors de l'entrée de César à Chinon ( p. 3. ) ?
2. Inventaire de l'argenterie placée en haut du grand escalier.
46
INVENTAIRE
DES
MEUBLES
77.
-
Deux autres chandeliers à la façon ytalyenne¹ ,
poyfans fix marcs deux onces .
78.
-
Une couppe plate, ou il y a ung pied bas, vermeille dorée, ung fouleil enlevé deffoubz auprès de la
boucle, poyfant troys mars cinq onces & demye.
-
79. Ung grant cuillier dargent, poyſant ſept onces
fept gros.
- 2
80. Une cocatière à mectre troys eufz, fizellée de
feuilles à l'entour & à troys pactes à lentour, & garnye de
troys armoyries, dorée , poyſant ung marc cinq onces .
81.
―
Ung coquemard à chauffer eaue, poyfant deux
mars, fept onces et demye.
―
82. Dix taffes vermeilles dorées, armoyées au fond,
& à pied, toutes gauldronnées, poyfant vingt-fept mars, une
once fix
83.
-
gros.
Une nef³ garnye de deux tourelles avec le pied
armoyé des armes de madicte feue dame, poyfant vingt-fix
mars, troys onces.
84.
— 4
Ung urinal doré dedans, avec ungeftuy eſcartelé
de drap d'or & veloux cramoify, poyfant ledict urinal deux
mars deux onces deux gros.
En la panneterye dudict lieu , avons trouvé les choses
qui fenfuyvent , savoir eſt :
85.
- 6
Une coquatière pour troys eufz, armoyée, à
troys pands & fizellée tout autour, poyfant ung marc cinq
onces deux gros.
1. Objets italiens.
2. Cocatière, pour les œufs à la coque, voir art. 85. - Pactes, pattes.
3. Voir nos 113 et 135.
4. Voir nº 622.
5. Les objets inventoriés précédemment étaient renfermés dans des coffres
et formaient la réserve. Les articles suivants sont l'orfévrerie de tous les jours,
telle qu'elle se trouvait dans la panneterie, l'échansonnerie et la cuisine , au moment de l'inventaire .
6. Voir art. 80.
DE CHARLOTTE D'ALBRET.
86. Une fallière couverte, dorée, poyſant ſept onces ung
gros .
87. - La garnyture d'une fallière de criftal dorée, poyfant fans le criſtal troys onces cinq gros.
88.
-
Troys fallières rondes pleines, poyfant troys mars
troys onces & demye.
- 89. Deux douzaines de cuilliers à manche carré,
poyfans troys mars une once.
90. Six affiectes rondes armoyez aux armes de madicte feue dame, poyfans cinq mars fept onces fept gros .
91. Six tranchouers carrez tous plains, poyfans cinq mars
quatre onces cinq gros.
92.
― Deux baffins à laver mains armoyez au fond,
dont l'ung à ung biberon, poyſans treize mars quatre onces
quatre gros.
En l'efchanffonerye de madicte damoiſelle avons trouvé
les potz, flacquons, taffes & choses qui s'enfuyvent, savoir eft¹ :
93. Deux flacquons femblables à double soye, garnyes
de chacune deux ferpens à tenir les chesnes & de chesnes
doubles, poiſans vingt mars troys oncez.
―― 94. Deux autres flacquons à pied, à collet, desquelz
les portans des chesnes font neufz & garnys de chesnes doubles, poyfans vingt marcs.
95. Une efguyère à eaue couverte, plaine, poyſant
cinq mars une once cinq gros.
-
96. Une femblable efguyère couverte, armoyée, poyfant quatre mars, troys onces & demye.
-
97. Une autre efguière à la façon ytalienne , non
couverte, poysant deux mars fix onces deux gros.
98.
-- Deux petitz potz à vin armoyez fur le deffus, à
la façon ytalienne, poyfans huit mars, fept onces.
1. Inventaire de l'argenterie trouvée dans l'échansonnerie ,
2. Provenance italienne , ainsi que les articles 98 et 101.
48
INVENTAIRE
DES
MEUBLES
99.
fept onces.
100%
-
Sept taffes à pied plaines, poyſans treize mars,
Deux grans taffes à pied à double foye, dorez,
poyfans six mars deux onces deux gros.
ΙΟΙ .
- En la chambre de madicte damoyfelle, troys
chandeliers à la façon ytalienne, poyfans huit mars, une
once.
102. En la cuyfine¹ de madicte damoyfelle a efté
trouvé deux douzaines de platz armoyez aux armes de feue
madicte dame, poyfans quatre-vingt-deux mars quatre gros.
103 . Plus deux douzaines deſcuelles armoyées des
armes de feue madicte dame, poysans quarante-cinq mars
fept onces.
-
104. - Une chaufferecte à creneaulx & ung pillier à
chapiteau, poyſant ſept mars quatre onces & demye.
--- 105. Ung poiflon armoyé des armes de madicte feue
dame, poyfant deux mars une once fix gros.
Du XIIe jour defdictz mois & an, nous avons faict
ouvrir ung autre cabinet eftant près la chapelle³ de feue
madicte dame, lequel avons trouvé cloz, fermé & séellé ,
ouquel cabinet ont efté trouvées les choſes cy-après déclairées ,
affavoir eft :
106.
-
Ungvaiffeau d'argent à quatre ances tout doré ,
fizellé & enlevé, à feuillage & beſtes , poyſant cinq mars une
once & demye.
-
107. Une efguyère toute efmaillée, chargée de fil , à
l'ance ung ferpens & ung homme deffus , & au biberon un g
homme fans tefte tenant une feuille, poyfant trois mars, cin q
onces & demye.
1. Inventaire de l'argenterie trouvée dans la cuisine.
2. Chaufferette contenant probablement de l'eau chaude pour se chauffer
les pieds.
3. Argenterie trouvée dans un cabinet prés de la chapelle,
DE CHARLOTTE D'ALBRET. 49
108. Une houfte fans ance, autrement appellé ung
pot fans ance, gauderonné, ung gaulderon blanc & l'autre
doré, poyfant troys mars deux onces & demye.
-
109. Ung autre pot à la mode antique¹ , à troys ances,
& troys daulphins fervans chafcun dune ance, gaulderonné
à gaulderons l'un blanc & l'autre doré, poyfant cinq mars
& demy.
IIO. ―
Ung pied d'une nef avec deux ances tout doré,
poyfant fix mars quatre onces fix gros .
III.
-- Deux pommes efquelles y a à chafcune une
viz, gaulderonnées par deffoubz , efmaillées de vert par deffus,
ung lyon rampant par deffus tout doré , poyfans quatre mars,
ſept onces et demye.
I12 . Dettx petiz flaquons armoyez aux armes de
madicte feue dame, garnyz de chefnes , poyfans deux mars,
fept onces & demye.
113.
- Une nef³ de coquille de perle, garnye de maz,
de voille , & de cordage, d'un chafteau devant & darrière, d'argent, avec ung pied fizellé à quatre griffons aux quatre coings
& deſſus deux beftes vollans ayans tefte d'homme; le tout
vermeil doré, poyfant avec l'escaille de perle cinq mars
deux onces, ladicte efcaille de perle vallant par le rapport
dudict Geoffroy Jacquet, orfèvre des fufdicts, la fomme de
dix efcuz.
114.
-- Ung biberon pour fervir à mallades, ayant les
garniſons dorées , poyfant cinq mars troys onces .
1. A la mode antique signifie dans le goût de l'antiquité , c'est-à-dire de la
Renaissance .
2. Pommes. Il y avait des pommes de toutes sortes : les unes, en cristal
de roche, servaient à rafraîchir les mains ; les autres servaient à les réchauffer
et contenaient de l'eau chaude, du feu ou un fer rouge (ferrum candens) .
Enfin les pommes a senteurs étaient remplies de parfums (art. 231 ) .
3. Nef, voir nº 83 et 135. La nef, vase en forme de navire de guerre avec
tout son gréement, placée sur la table, en face du seigneur, contenait tantôt
les épices, les vins, les cuillers et les serviettes, tantôt l'éventail et les gants
(l'Isle des Hermaphrodites).
7
so INVENTAIRE
DES MEUBLES
115. - Deux bouètes à dragée , lune armoyée des
armes de feue madicte dame, à garnifons dorées, & lautre
non armoyée ne dorée , poyfans quatre mars fix onces
& demye.
-
116. Ung arrofouer¹ , à gecter eaue rouze, à ung
clocher deffus, & ung pend deffoubz, le tout couvert de fil ,
& y a plufieurs perfonnages de femmes, efmaillé de eſmail
sur émail tout vermeil doré, poyſant deux mars & demy.
-
117. Une caige à mectre ung oyzellet de Chippre³,
poyfant deux onces deux gros.
118. Une petite saulcière, poyfant cinq onces fix
gros.
119. L'amboucheure d'ung mortier toute dorée, poyfant quatre mars une once.
En la chappelle eftant près & joignant ledict cabinet, ont
auffi efté trouvées les chofes cy après déclairées, afſavoir eft³ :
120. Une paix, en laquelle a une Noftre-Dame au
millieu , dorée par le devant, poyfant troys mars deux onces
deux gros.
121 . -- En ladicte chapelle a efté trouvé une croix
& ung crucifix devant, & deffoubz une double lanterne à fix
tourelles fur ung pied à fix pendz ' , fizellée de feuilles enlevées,
toute dorée, poyfant cinq mars cinq onces.
I22.
-
Deux grans chandeliers d'autel tous dorez, à
façon ytalienne & le pied fizellé à feuilles enlevées, tous
dorez, poyfans huit mars fept onces.
1. Arrosoir ou chantepleure jetant de l'eau de rose . - Pend, pan.
2. Oyzellet de Chippre , pâte parfumée ayant la forme d'un oiseau, très à
la mode pendant le moyen âge. On plaçait ces oiseaux de senteur dans des
cages, des encensoirs, des coffrets, des pommes ; on les suspendait à des potences,
à des chandeliers, etc. Voir nos 155 et 222.
3. Inventaire de l'orfévrerie de la chapelle.
4. Cette lanterne en argent, à six tourelles et à pans, paraît être un objet
gothique et français.
5. Provenance italienne.
DE CHARLOTTE D'ALBRET. S1
123 .
- Deux canectes à fervir à chappelle, toutes dorées , à pendz tors, l'une taille defpargne & l'autre plain , &
deux colz de ferpens aux biberons, poyfans deux mars quatre
onces & demye.
124. Ung grant calixe tout doré, avec la platine ,
ung pied à ung cajour¹ à gauldrons enlevez , la paffion
en fizelle deffus, poyfant quatre mars et demy.
-
125. Ung autre calixe tout doré, fur le pied duquel
aune petite lanterne, une croix à eſtors fizellé, avec sa platyne, poyfant deux mars fix onces.
-
126. Deux petiz chandeliers pour ladicte chappelle,
tous plains, poyfans quatre mars, cinq onces.
127.
-
La custode eftant en ladicte chapelle, en laquelle
repofe Corpus Domini, poyfant, par le rapport dudict orfèvre
juré, fix onces fept gros.
- ³
128. Ung benoiftier avec l'espargés dicelluy, poysant
ung marc, troys onces fix gros.
129.
-
Ung encencier, avec la petite navette & ung
cuillier, pour deffervir à ladicte chappelle, poyfant troys mars.
130.
― Une bouète à meſtre le pain à chanter, poyfant
fept onces.
-
131. Deux petites choppinectes, poyfant ung marc
& demy once.
132.
- Ung plat à fervir au preftre de la chappelle à
Lavabo, poyfant ung marc, troys onces, deux gros .
133.
- Deux fermouers de livre d'argent doré, poyfans
avec les franges, treffe & bouton cinq onces.
134. Une clochecte, rapportée par ledict orfevre,
moictié d'argent, ou il y a troys petiz enffans enlevez, poyfant deux mars, une once.
Oudict cabinet eftant près & joignant ladicte chappelle
-
1. Cajour, probablement la fausse coupe du calice. Platine, patène.
2. Eftors ou tors, torsade.
3. Efpargès, afpergès, goupillon.
52 INVENTAIRE DES MEUBLES
de madicte feue dame, ont auffi efté trouvées les chofes qui
fenfuyvent¹.
-
135. Premierement, une nef de coquilles de perles
toute garnye de chafteaulx & de maz dargent doré, avec ung
pied à quatre lymaffons, le tout eftimé par ledict orfèvre
juré à la fomme de vingt & deux efcuz.
136. Plus une efguyère toute de criftal³ avec le couvercle tenant à icelle , toute garnye, le pied dargent doré
avec le biberon & ance, en laquelle y a fix faffiz & dix-fept
perles , le tout eftimé & apprécié par ledict orfèvre juré à
cinquante efcuz .
-
137. Plus ung chafteau , ouquel y a au milieu ung
criſtal à roche, au pied quatre tourelles dargent, & au feſt
ung chafteau, ledict feft à pied dargent doré , ledict argent
doré poifant troys mars, eftimé le tout, tant argent que criftal
par ledict orfevre juré, à vingt quatre eſcuz.
Plus oudict cabinet & en ung coffre de bahu eſtant en
icelluy, a efté trouvé la vaiffelle d'or & chofes qui fenfuyvent :
138. Premièrement, une fallière d'or avec le couvercle auffi dor femé d'eftoc avec troys piedz ou il y a troys
lyons, poifant troys mars, cinq onces d'or 4 .
139. - Une couppe d'or couverte toute plaine, à pied,
peyfant cinq mars, fept onces, fept gros d'or.
140.
-
Une autre couppe d'or auffi couverte, toute
plaine, fans ouvraige, ung grant pied à doubles foyes, poifant fix mars, cinq onces, fept gros d'or.
- 141. — Plus une fallière d'or, ou il y a ung faluron de
criftal, poyfant quatre onces & demye fans le criſtal .
1. Autres objets précieux trouvés dans le cabinet près la chapelle dont il a
dėja été parlé et auquel on revient, après avoir inventorie la chapelle.
2. Voir nº 83 et 113.
3. Cristal de roche.
-
Saffiz, saphirs.
4. Cette pièce et les suivantes sont en or.
DE CHARLOTTE D'ALBRET. 53
142. — En ung estuy oudict coffre a esté trouvé troys fallières dargent, les fallerons dorez, poyfant lesdits-es troys fallières troys mars, troys onces, deux gros.
143. — Six cuilliers d'or toutes à manche plat, poyfans ung marc une once sept gros d'or.
144. — Une autre cuillière d'or à manche plact, poyfant deux onces, demy gros.
145. — Une fourchette1 aussi d'or, poisant une once, deux gros.
1. Voir art. 9.
146. — Ung couvercle à voyrre aussi d'or, poyfant troys onces deux gros & demy.
147. — Oudict cabinet a esté trouvé ung coffre d'ivyere perse à jour, dedans lequel il est doublé de veloux cramoisy, la serrure d'argent, ouquel ont esté trouvez plusieurs papiers, esquelz ny avoit rien escript, & y a esté trouvé 2 deux perles, lune belle & grosse en façon de poyre, estimée & aprécyée par ledict orfevre juré à la somme de quatre cens escuz dor, lautre moindre en laquelle y a une broche dor estimée par ledict orfevre à la somme de vingt escuz dor.
2. Les objets suivants, renfermes dans des coffrets d'ivoire, sont des bijoux et des pierreries dont plusieurs ont certainement fait partie du costume de cérémonie de César Borgia , quand il fit son entrée a Chinon. Une de ses épées, à poignée en or émaillé, se trouvait au xviii' siècle, et je ne sais par quelle circonstance, appartenir à l'abbė Galiani . Depuis , le fourreau en cuir, merveilleusement travaillé, a été acquis par le musée de Kensington, et l'épée est à Rome, dans la collection de M. le prince de Teano, qui en a refusé des sommes considérables.
148. — Ung autre coffre aussi d'ivyere à ferrure dargent, doublé de veloux cramoisy, ouquel ont esté trouvez six anneaulx, en lun desquelz y a ung ruby cabochon estimé par ledict orfevre à deux cens escuz dor, en ung aultre y a une table de dyamant longue estimée par le dessusdict orfèvre à troys cens escuz dor, une table de hemeraulde en ung anneau esmaillé de blanc estimée huit cens escuz dor, en ung autre anneau esmaillé de noyr y a une poinéle de dyamant estimée quatre cens escuz, en un autre aneau ou il y a ung cueur de dyamant à faces estimé à troys cens escuz, en ung autre anneau y a une petite pièce de dyamant estimée à quarante escuz. 148. Ung autre coffre auffi d'ivyere à ferrure dargent, doublé de veloux cramoify, ouquel ont efté trouvez fix anneaulx, en lun deſquelz y a ung ruby cabochon eſtimé par ledict orfevre à deux cens efcuz dor, en ung aultre y a une table de dyamant longue eftimée par le deffufdict orfèvre à troys cens efcuz dor, une table de hemeraulde en ung anneau efmaillé de blanc eftimée huit cens efcuz dor, en ung - 1. Voir art. 9. 2. Les objets suivants, renfermés dans des coffrets d'ivoire , sont des bijoux et des pierreries dont plusieurs ont certainement fait partie du costume de cérémonie de César Borgia , quand il fit son entrée à Chinon. Une de ses épées, à poignée en or émaillé , se trouvait au xvi1 ° siècle , et je ne sais par quelle circonstance , appartenir à l'abbé Galiani. Depuis, le fourreau en cuir, merveilleusement travaillé, a été acquis par le musée de Kensington, et l'épée est à Rome, dans la collection de M. le prince de Teano, qui en a refusé des sommes considérables. 54 INVENTAIRE DES MEUBLES autre anneau efmaillé de noyr y a une poincte de dyamant eftimée quatre cens eſcuz, en un autre aneau ou il y a ung cueur de dyamant à faces eftimé à troys cens efcuz, en ung autre anneau y a une petite pièce de dyamant eftimée à quarante efcuz. --- 149. Un gautre coffre d'ivyere à ferrure dargent, doublé de veloux vert, ouquel na riens efté trouvé. ― 150. Ung autre coffre d'ivyére doublé de veloux vert, ouquel ny a riens efté trouvé dedans. - 151. Ung' autre coffre d'ivyère, ouquel na efté trouvé que fix cloux dargent. ― 152. Ung autre coffre d'ivyere ferré de léton , ouquel ne feft trouvé riens dedans. ―― 153. Ung autre petit coffre couvert de fatin broché, ou il feft trouvé une brochete dor fervant à une perle, une piéce de licorne¹ eftimée à dix efcuz dor & huit boutons dor paffez pour mectre aux manches, lefquelz boutons madicte damoiſelle a prins & retenuz, & le refte a efté remys oudict coffre. - 154. Ung petit coffre de fanteurs, ouquel feft trouvé du favon muſcat & non autre chofe. 155. Ung autre petit coffre, ouquel feft trouvé plufieurs fanteurs, comme oyfelles de Chippre² & autres fanteurs. 156. ― Ung autre coffre ou il feft trouvé plufieurs fiolles de fanteurs. - 157. Ung autre coffre ouquel feft trouvé de la cyvete grande quantité. 158. --- Ung autre coffre ouquel ne feft riens trouvé. 159. Une Annunciade de boys dorée par le dedans. Ung petit tableau où il y a une nativité Noftre Seigneur eftimée à quatre efcuz. 160. --- 1. Voir le Glossaire de Laborde, au mot Licorne. 2. Voir art. 117. DE CHARLOTTE D'ALBRET. SS 161 . 162. 163. 164. 165. 166. 167. 168. 169. 170. -- - - Deux paires de patenoftres de lynon aloys ¹ . Une autre paire de patenoftres de fèdre. Ung autre chappelet de Caffidoyne. Une paire de gros gehet à coquilles. Une cinture à cordelier de gehet. Une dizaine de jafpe d'almaigne. Une dizaine de fanteurs. Une autre dizaine de lynon aloys. Une autre dizaine de patenoftres à olive de courail . Une autre dizaine de patenoftres de lynon aloys en façon d'olive . 171 . 172. 173. 174. - Une autre dizaine d'ivyere. Une autre dizaine de gehet. Une autre dizaine de jefpe d'almaigne. Une autre dizaine d'ambre blanc ' . Toutes lefquelles patenoftres n'ont efté aprécyées ne eftimées, parce que ledict orfèvre a dit ne fçavoir la valleur. 175. 176. -- Une grant couppe criftalline couverte ¹ . Une autregrand couppe de criftal hault criſtalline. 177. Une autre couppe de criftalline couverte en façon de taffe. 178. ― Une autre couppe de criſtal couverte à eſcaille. 179. Une efguière de cristallin couverte. 180. - Une autre couppe de criftalline couverte en façon dargent. 181. 182. 183. - Une autre couppe de criſtallin couverte. Troys voirres dorez de cristallin . Ung flacon de criſtallin . Lefditz vaiffeaulx de cristallin non apréciez pour la caufe que deffus. 1. Aloys, aloès. 2. Gehet, jais . 3. Collection de chapelets à compléter par les articles 249 et 252. 4. Cette piece ces suivantes sont en cristal de roche . 56 INVENTAIRE DES MEUBLES 184. - Treize houppes efquelles y en a une ou il y troys anffes non apréciez pour la cauſe que deffus. a 185. En ung coffre couvert de cuyr trouvé oudict cabinet a efté trouvé ung benoiftier d'agacte¹ de demy pied en largeur & demy pied en longueur, le deffus & le deffoubz garny dargent doré avec quatre bandes, & l'ance garny dargent doré, eftimé & aprecié par ledict orfevre juré à huit mil efcuz dor. 186. - Une table de jafpe pour ung haultier , garnye dargent doré, garnye de quatre piedz, dont les deux font rompuz & les deux autres entiers, eftimée par ledict orfevre juré à cinq cens efcuz dor. 187. Ung autre petit coffret, ouquel il y a huit petiz efcrains , ou premier defquelz a efté trouvé une groffe perle en façon de poyre, en laquelle a une broche dor estimée par ledict juré à troys cens efcuz dor. 188. Oudict premier efcrain eftant oudict coffre ont efté trouvé fix poinctes de dyamant taillées à faces , don lune eft de coulleur, deux autres poinctes à poinctes carrées, eftimées lefdictes fix poinctes à deux mil efcuz . 189. Ou fecond efcrain dudict petit coffret a efté trouvé une bague en laquelle y a une grant hemeraulde & ung grant ruby en table, le tout enchaffé en or, eftimé le tout par ledeffus juré à deux mil eſcuz. 190. - Ou troifiefme efcrain dudict coffret a efté trouvé ung ruby ballé en façon de table, enchaffé en or, eftimé à troys cens efcus d'or. 1. Bénitier d'agate d'un demi- pied de long sur autant de large , monté en vermeil et à anse, estimé 8,000 écus d'or ; c'était sans doute une merveille de provenance italienne, un souvenir des splendeurs du cardinal Borgia . 2. Autel portatif de jaspe monté en vermeil ; encore une pièce de la chapelle du cardinal . 3. Ce coffret contient des petits écrins. Tout est enveloppé l'un dans l'autre et par conséquent d'un transport facile . C'est un des traits du moyen âge. DE CHARLOTTE D'ALBRET. $7 ◄ 191. Ou quatriefme efcrain dudict coffret a efté trouvé une petite chefne dor, ung cabochon de ballay ruby, eftimé ledict ballay ruby à quinze efcuz dor ; ledict ballay ruby remis oudict efcrain , & ladicte chefne a efté prinſe par madicte damoifelle. 192. Ou cinquiefme efcrain dudict petit coffret ont efté trouvées cinq hémerauldes enchaffées en or, eftimées par ledict juré lune portant lautre à cent efcuz dor toutes enfemble. 193. - Ou fixiefme efcrain dudict coffret a efté trouvé ung K dor pendant à une petite chefne double du poix de cinq à fix efcuz , ouquel y a deux grans tables de dyament taillées à faces, & une longuete taillée à loxange deffus avec demyes loxanges plactines, eftimées huit cens efcuz dor. 194. - Oudict fixieſme eſcrain dudict coffret a efté trouvé une grant hemeraulde longue enchaffée en or, taillée à faces, eftimée par ledict juré à troys efcuz d'or. 195. - Ou feptiefme efcrain dudict coffret a efté trouvé en une pièce dun collier dor ung ruby en table & une hemeraulde, eftimez lesdictz ruby & hemeraude à cent efcuz dor. 196. — Oudict ſeptieſme eſcrain , un aultre ruby en table auffi enchaffé en or, eftimé à trente efcuz dor. 197. -- - Ou huitiefme & dernier efcrain dudict coffret a efté trouvé ung ruby cabochon enchaffé dor, eftimé cent efcuz dor. 198. Oudict huictiefme efcrain ont efté trouvées quatre hemerauldes enchaffées en or, vallans deux cens escuz dor, eftimé par ledict orfevre juré. 199. Oudict grant coffre ou a efté trouvé ledict coffret, a efté trouvé ung collier avecques ung eftuy de cuyr fermant à clef; ledict collier dor, garny de vingt rubys ballez & quatre-vings perles, le tout prifé & eftimé par ledict orfevre juré à mille efcuz dor . 200. Plus trouvé en ung eftuif eftant oudict cabbinet 8 58 INVENTAIRE DES MEUBLES une doreure de chapperon faict a LL garny de feize rubys cabochon en tables, enchaffez en or, eftimé à feize cens efcuz dor. - 201. Plus ung autre ruby de ladicte doreure, en table, avec deux pièces dor, prifé & eftimé cinquante efcuz . 202. Une autre doreure d'abillement de teftes, faict à plumes, en laquelle y a douze rouſes de dyament & treze perles, eftimé le tout par ledict juré à quinze cens efcuz dor. 203. Unes orilhetes¹ de fatin cramoify efquelles y a quatre vings huit perles , eftimé à huit vingtz ſeize eſcuz. - 204. Une doreure d'abillement à roullez femmez de L, & entre les deux roullez des noeuds de cordellier, poyfant trente deux efcuz , ainfi que nous a rapporté ledict orfevre. 205. Une aultre doreure a nelles & deux rondz , poyfans vingt deux efcuz dor par le rapport dudict orfevre. 206. Une bordeure à orilletes à haiz poyfans par le rapport que deffus vingt deux efcuz. - 207. Une aultre bordeure d'orilletes , vallans par le rapport que deffus dix huit efcuz . 208. Ung gorgerin de filh à jour, vallant quatorze efcuz par le rapport que deffus . __ 209. Une aultre doreure vallant vingt deux efcuz , par le rapport que deffus. 210. Oudict cabbinet en ung aultre eftuif de gorgerins , a efté trouvé ung carcant dor, ouquel y a unze dyamens, affavoir eft, fix tables plactes, quatre à faces, & une en louxange entière, eftimez par ledict orfevre à troys mil efcuz dor. 211. - Ung aultre carcant ou il y a treize perles & quatorze patenoftres dor, eftimé le tout à huit vingtz eſcuz dor par ledict orfevre. 1. Coiffure, voir plus bas Bordures à oreillettes, la coiffure du temps. 2. Haiz, pointes, ferrure à haye (Invre Charlotte de Savoie). 3. Gorgerin, fichu brodé de perles et quadrille de fil de soie et d'or. DE CHARLOTTE D'ALBRET. 59 212.- Une bordeure garnye de vingt huit groffes perles & vingt fept patenoftres dor, eftimé le tout à fix cens efcuz dor. Un carcant de filh à jour à cordellier, poyfant une once cinq gros & demy dor. 213. 214. Ung aultre carcant à roulletz, lun efmaillé de noir & laultre dor, ouquel y a des LL, poyfant une once fix gros. 215. - Ung gorgerin poyfant au rapport dudict orfevre dix huit efcuz . 216. - Ung aultre gorgerin garny dune bordeure à loxanges à jour, eftimé vingt quatre efcuz . ― 217. Ung aultre gorgerin garny à doubles anelles , vallant vingt deux efcuz par le rapport que deffus. 218. efcuz par - - Ung aultre gorgerin à patenoſtres, vallant quatre le rapport que deffus. 219. Oudict cabbinet a efté trouvé ung aultre eftuif en façon de chappelet, ouquel a efté trouvé une cincture dor à patenoſtres, & à neuf de fleurs efmaillées de blanc & rouge, poyfant deux mars, cinq onces, fix gros dor. Une chefne d'or, faicte à chefne de flafcon poylant treze mars, fix onces, fix gros. Et le feiziefme jour defditz moys & an, en proceddant par nous au parachevement dudict inventaire, ma dicte damoiſelle Loyfe nous a dict & expofé que pour laccompliffement du teftament de feue madicte dame la ducheffe de Vallentynois fa mère, & aultres fes affaires, affin de faire des deniers ' , il luy eftoit befoing prendre & retirer par devers elle ladicte chefne , la féparer & mectre hors dudict cabbinet & lieu où elle eftoit ; laquelle chefne réaulment & de faict en noftre prefence & defdictz Foyal , Gallus, de Piis, Mofnier, feigneurs de Billy, La Mothe & Planeaux, maiſtre Robbert 1. Il est curieux de voir la princesse Loyse obligée de retirer de l'inventaire une chaîne en or, du poids de 13 marcs, « afin de faire des deniers ». бо INVENTAIRE DES MEUBLES Challopin prebtre, & de damoyfelle Catherine de Regnard vefve du feu Seigneur de Touſvens, elle a retirée & prinfe pardevant elle , & après ce ledict cabbinet a efté recloux & reffermé, & les clefz dicelluy baillées & rendues à madicte damoyfelle. 220. - Oudict eftuif, une aultre chefne dor en façon de Ytallie¹ , poyfant fix mars, deux onces. 221. Une chefne à baftons , eftant en ung aultre eftuif, ledict eftuif eftant oudict cabbinet, ladicte chefne faicte à filh & efcailhe, poyfant ung marc fix onces dor. 222. En une armoire dudict cabbinet a efté trouvé ung rochier dargent faict à façon defcaille, ou il y a à mectre cinq oizeaulx de Chippre, poyſant troys onces ung gros . 223. Une plume dor poifant neuf eſcuz dor , en laquelle y a une perle en poire vallant quinze efcuz. 224. Plus ung braffet dor faict à huit carrés de filh à jour, deux tors aux deux couftez de noir & gris, poifant un marc, une once & ung gros. - 225. Une roufe de dyament de fept pièces de dyament, & alentour cinq rubis en table & cinq dyamans, au pendant une groffe perle, prifée par ledict orfevre à troys cens cinquante efcuz. 226. Une roufe de dyament faicte de feize pieces de dyament, eftimée à huit vingtz efcuz par ledict orfèvre. 227. Ung griffon vollant ouquel y a ung ruby ballay , eftimé par ledict orfévre à trente efcuz dor. 228. -― - Ung ballay perfé pendant à une broche, eftimé par ledict orfevre à cinquante efcuz dor. - 229. Ung petit luc³ dor ouquel y a ung petit ruby en table, eftimé à quarante efcuz dor. 1. Provenance italienne 2. Braffet, bracelet. 3. Luc, luth. DE CHARLOTTE D'ALBRET. 61 230. - Ung trenaih dor poifant une dor. once troys gros 231. Une pomme de fanteurs¹ dor faicte en façon de grenade à coftes , à jour, poifant deux onces dor. 232. Une enfeigne dor , en laquelle a une ailhe à deux teftes, poifant une once troys gros & demy. - 2 233. Unes heures dor faictes de filh à jour poiſant troys gros deux deniers dor. 234. - Une aultres heures dor couvertes de filh desmail, poiſant troys gros deux deniers. - 235. Une enfeigne dor, en laquelle y a ung homme tenant une orologe, poiſant une once & demye. 236. ______________ Ung relicquaire faict à loxange & à carrés de filh à jour, poifant demie once. 237.- Ung eftuif à mectre fanteurs, d'or, faict à filh à jour, poifant une once, cinq gros. 238. Ung papilhon dor efmaillé de blanc, poiſant quatre gros & demy. 239. Une croix de filh à jour, chargée de grains de filh à blanc, poiſant fix gros & ung denier. 240. Ung tableau de filh à jour ouquel a une tefte de mort efmaillée de blanc, poiſant cinq gros . 241 . - 3 Une petite cuftode dor faicte de filh à jour, pendant à troys chefnes, poifant une once, un gros & demy. Une poire dor de filh eſmaillé de blanc & rouge, poifant fept gros . 242. - 243. Une aultre petite poire dor de filh à jour, efmaillée de filh blanc & rouge, poifant troys gros. 244. Ung petit relicquaire de filh fans efmailh, poifant deux gros & demy. 1. Voir le n° 111. Mon ami le baron Davillier a possédé une grenade à côtes, en or émaillé, qui devait avoir une certaine analogie avec ce bijou. 2. Objets d'or en fil à jour, c'est-à-dire en filigrane et de fabrique italienne. 3. Custode, étui ou gaîne. 62 INVENTAIRE DES MEUBLES 245. & demy. -- ― Deux petiz flafcons dor , poyfans deux gros 246. Une petite tourelle faicte en filh à jour pour mettre fanteurs, poifant ung gros & ung denier dor. ---- 247. Unes petites heurs dor de filh à jour , poiſant deux deniers. 248.Douze patenoftres dor¹ à mectre fanteurs, efmaillées de vert & rouge, poifant une once, quatre gros & demy. Unes patenoftres d'agathe , garnyes dor , en laquelle eft le baptiſement Noftre Seigneur, & deffus une croix, poifant cinq gros. 249 . 250. - ―― Ung chardon dor² efmailhé de verd & rouge, poifant quatre deniers. - 251. Item plus ung chef fainct Jehan dor , poifant ung gros & ung denier. 252.- Vingt cinq patenoftres dor faictes de filh à jour, poifant deux onces , demy gros. 253. Une pomme de fanteurs 3 , couverte de C , en laquelle y a quatre bandes dor, extimée à fix efcuz. 254. Une farpe dor, en laquelle y a deux rubis, eftimée le tout à huit efcuz. - 255. Une pomme de fanteurs, à filh dor, eftimée en tout à cinq efcuz. 256. 257. gros. — Ung C dor, poifant cinq gros . Ung double C efmailhé de rouge, poifant ung 258. Une petite caffollette dargent dorée par le deffus, rapportée par ledict orfevre eftre du poix de quatre onces . 1. Enfilage de boules parfumées qu'on tenait à la main. 2. Cette pièce pourrait bien être le fameux artichaut d'or, carciofo d'oro, que le cheval de César Borgia portait en croupe, lors de son entrée à Chinon ; voir la relation italienne, Append. , note A. 3. Art. 111 et 255 . 4. Sarpe, écharpe. 5. Les doubles C sont les initiales de César et de Charlotte. DE CHARLOTTE D'ALBRET. 63 - 259. En ung aultre petit coffret eftant oudict cabbinet, ont efté trouvez les deux feaulx de madicte feue dame, attachez dune chefne, & n'a efté trouvé aultre chofe que lefdictz deux feaulx. 260. -En ung aultre petit coffre¹ eftant oudict cabbinet a efté trouvé une fedulle dactée du cinquiefme jour de fevrier mil cinq cens & dix, par laquelle Jacques de Beaulne efcuyer , confeilher du roy , & general de fes finances, confeffe devoir à feue madicte dame la ducheffe de Vallentynois la fomme de fix mil fix cens livres tournois, fignée au-deffous : de Beaulne ; laquelle cedulle a eſté remiſe oudict coffre. 261. Plus en une aultre armoyre³ plus bas a efté trouvée une aultre cédulle dactée du treziefme jour de decembre lan mil cinq cens & fept , par laquelle noble ſeigneur Meffire Loys de Bourbon , chevalier de l'ordre, prinffe de la Roche fur Yon, confeffe devoir à feue madicte dame la ducheffe de Valentynois la fomme de unze cens efcuz dor au ſoleilh , fignée au deffoubz : Loys de Bourbon , & fcellée du fcel des armes dudict feigneur, laquelle a efté remiſe ou lieu ou elle a efté trouvée. 1. L'inventaire suivant contient tous les papiers de la duchesse, son contrat de mariage , ses titres de proprieté , les reçus de ses débiteurs, etc. 2. Jacques de Beaune, seigneur de Semblançay, la Carte, vicomte de Tours, maire de cette ville en 1498 , conseiller et chambellan du roi, trésorier de France , surintendant des finances, bailli et gouverneur de Touraine. On connaît sa fin déplorable. Il fut mis à mort le 12 août 1527, victime de la haine de Louise de Savoie ( M) . Notons ce fait d'un surintendant des finances empruntant 6,600 livres à la duchesse de Valentinois . 3. Armoyre, armoire, meuble à vantaux, renfermant les objets précieux. 4. Louis de Bourbon, prince de la Roche-sur-Yon, possédait en Berry, à peu de distance de la Motte-Feuilly, les terres d'Aigurande, de Neuvy- SaintSépulchre, de Cluis- dessous et du Châtelet, du chef de Louise de BourbonMontpensier, sa femme, veuve en premieres noces et donataire d'André de Chauvigny, dernier du nom, baron de Châteauroux. Louise de Bourbon était petite-fille de Gabrielle de La Tour d'Auvergne, qui avait pour sœur puinée Isabelle de La Tour, aïeule de Charlotte (M) . 6+ INVENTAIRE DES MEUBLES 262. - En ladicte armoyre, en ung petit coffre d'yviere, ouquel auroit efté trouvée la ceddulle deffus efcripte , a efté trouvée une table de dyament enchaffée en or , mife fur deux LL, en laquelle y a une cincture efmaillée de noir efcripte Eſpérance ¹ , deffus, & une perle au bouct, ladicte pièce eftimée par ledit orfevre juré à la fomme de mille efcuz , le tout remis dedans ledict petit coffre & armoire. 263. ― Plus ledict jour, en ung coffre carré fermant à clef, ledict coffre de boys couvert de cuyr, prefens les deffus dictz, & trouvé audict cabbinet de madicte dame eſtant audeffus de la grant viz dudict houſtel , ont efté trouvées les chofes qui fenfuyvent. 264. ― Premierement, une cédulle dactée du dixhuitiefme jour doctobre lan mil cinq cens & dix, par laquelle Eftienne de La Vau, marchant, demourant à Bourges, confeffe avoir par devers luy de feue madicte dame de Vallentynois une obligation par laquelle le feigneur de Maupas² luy eft tenu & obligé en la fomme de cent livres, laquelle obligation ledict de la Vau promect rendre à madicte feue dame ou icelle fomme de cent livres tournois , icelle cédulle fignée : De La Vau. 265. Une note en papier dactée du treziefme jour de jung lan mil cinq cens & dix , par laquelle Nycollas le Mercier, varlet de chambre de madicte feue dame de Vallentinoys, luy confeffe devoir cent efcuz dor fouleilh à cauſe de preft, icelle fignée au deffoubz : Madinet. 266. Oudict coffre, en ung fac de cuyr a efté trouvée une note en papier de la vendicion faicte à feue madicte dame la ducheffe de Vallentynois, par haulte & puiffante 1. Cette devise permet de croire qu'il s'agit d'un bijou français. 2. Louis du Mesnil- Simon, chevalier, seigneur de Maupas et de Morogues, en Berry, conseiller et maître d'hôtel du roi Louis XII . 3. Achat des terres de Châlus en Vermandois. DE CHARLOTTE D'ALBRET. 65 princeffe Marie de Lucembourt dame & comteffe de Vendofmois & de Sainct Paoul, tant pour elle que comme ayant pouvoir de hault & puiffant prince Monf Charles de Bourbon conte de Vendofmoys & viconte de Meaulx, ou leur procureur, des terres & seigneuries de Châlus en Vermandoys & aultres terres contenues & déclairées en icelles lectres de vendicion faicte pour le pris & fomme de dix fept mille efcuz dor au fouleilh, cinq mille livres tournoys en monnoye ; en laquelle note eft inférée la procuration defdictz procureurs & une aultre procuration faicte & paffée par mondict fieur le conte de Vendofmoys, dactée ladicte vendicion du fixiefme jour de may mil cinq cens & neuf, fignée par coppie ; Hamelin. - 267. Oudict fac a efté trouvée la procuration faicte & conftituée par madicte dame de Lucembourg, fignée : Marie de Lucembourg, & fur le reply : Laumoufnier; dactée du neufiefme jour davrilh lan mil cinq cens & neuf, & fcellée en cire rouge, & double queue, par laquelle Claude de Salomon & maistre Jehan de Cuffi font conftituez procureurs pour faire ladicte vendicion des terres deffus dictes. Lefquelles lectres & ladicte note ont efté remiſes oudit fac & remis ledit fac oudit coffre. - 268. Plus en ung aultre petit fac de toille eftant oudit coffre a efté trouvé une tranfaction faicte par madicte feue dame avec Jehan Mathinet, dactée du vingt cinquiefme jour doctobre mil cinq cens & treze , fignée : Colhadon & Guilhot ; receue foubz les feaulx de la Mothe de Feully. - 269. Une aultre tranfaction faicte & paffée entre ladicte dame & Mathurin & Eftienne Ageorges frères & aultres , dactée du vingt ſeptiefme jour de feptembre, lan mil cinq cens & trèze . 270. Une aultre lectre de tranfaction faicte par feue madicte dame, avec Eftienne Mathinet, dactée du vingt 9 66 INVENTAIRE DES MEUBLES cinquieſme jour doctobre mil cinq cens & treize, fignée : Coulhadon & Guilhot. --- 271. Une aultre tranfaction faicte par feue madicte dame avec Eftienne Mygonnet, dactée du vingt deuxieſme jour doctobre mil cinq cens & unze, fignée : Marcilhac & Coulhadon. - 272. Une aultre lectre contenant efchange de certains héritaiges faicte par feue madicte dame, & Jehan Morier dudict lieu de la Mothe, dactée du deuxiefme jour de novembre lan mil cinq cens & trèze. Lefquelles lectres ont efté remiſes oudit fac & ledit fac remis oudict coffret. - 273. Oudit coffre a efté trouvé ung fac de cuyr rouge, ouquel a efté trouvé unes lectres de don de Mons. d'Allebret par luy faict à madicte feue dame la ducheſſe de Vallentinois de la fomme de neuf cens livres tournois par chafcun an jufques à troys ans lors enfuyvans, dactée du unziefme jour doctobre lan mil cinq cens & huit, fignée au plus hault : Hallin ; & au deffoubz ; de la Juſt ; & fcellées du féel de mondit Sr d'Allebret. 274. Une obligation fignée & féellée faicte au profit de madicte feue dame la ducheffe, par laquelle Robert le Mafle & Anthoine de la Mothe , marchans demourans à Tours, fobligent luy bailher & payer la fomme de fix mil efcuz au foulleilh, à caufe de preft, felon que plus a plain eſt contenu par ladicte obligation , receue foubz le féel royal de Montrichard. Ladicte obligation dactée du quinziefme jour de fevrier mil cinq cens & huit, fignée : J. Refmond & Bruzat. Au-deffoubz de laquelle obligation Jehan Soullet marchant , demourant à Tours , foblige avec les deffus nommez, feul & pour le tout, au payement de ladicte fomme de fix mil efcuz dor ; icelle obligation féellée . 275. Une aultre obligation confecte ſoubz le féel de Montrichard, dactée du feiziefme jour davril après Paſques DE CHARLOTTE D'ALBRET. 67 mil cinq cens & neuf, par laquelle Geoffroy Jacquet¹ orfevre, demourant en la ville de Bloys, foblige à madicte feue dame la ducheffe de Vallentinois en la fomme de mil efcuz dor au ſoleilh, à cauſe de preft, fignée : Refmond & Bruzat, féellée . - 276. Plus ung brevet figné : Coulhadon & du Verger, dacté du vingt cinquiefme jour doctobre lan mil cinq cens & trèze, par lequel noble homme Gyot de Montyeux² , Seigneur de Thary, confeffe devoir à madicte feue dame la ſomme de quarante troys livres, reftant de plus grant fomme pour la vente de deux chevaulx. Lefquelles pieces ont efté remiſes oudict fac, & ledict fac oudict coffre. - 277. Une cédulle par laquelle hault & puiffant feigneur Jehan d'Allebret , conte de Dreux & de Rethel & feigneur d'Orval, confeffe devoir à madicte feue dame la ducheffe de Valentynois , la fomme de cinq cens eſcuz au fouleilh, dactée du quatriefme jour de jung lan mil cinq cens & fix, fignée audeffoubz : J. Dallebret , laquelle a efté remiſe oudict fac rouge dont deffus eft faict mention. 278. - En ung aultre fac de cuyr blanc eftant oudict coffre, a efté trouvé ung appoinctement donné par Monfieur le bailly de Berry ou fon lieutenant à Yffouldun, entre damoiſelle Gabrielle de Chafteauneuf, vefve de feu Jacques Le 1. Geoffroy Jacquet, orfévre juré, chargé de toutes les prisées du présent inventaire, voir art. 1 . 2. Guyot de Montieux, seigneur du Grand-Thary , près La MotheFeuilly (M) . 3. Jean d'Albret, comte de Dreux et de Rethel, seigneur, en Berry, d'Orval, Saint- Amand, Châteaumeillant, de La Chapelle et des Aix- Dam- Gilon, etc., etc. , chambellan du roi, capitaine de cent hommes d'armes de ses ordonnances, gouverneur de Champagne et de Brie, était, à la fois, oncle maternel et oncle breton paternel de Charlotte d'Albret. Sa mère, Isabeau de La Tour, s'était mariée deux fois : la première, avec Guillaume de Blois , dit de Bretagne, dont était née Françoise de Bretagne, femme d'Alain d'Albret et mere de Charlotte ; la seconde , avec Arnaud-Amanieu d'Albret , seigneur d'Orval, oncle dudit Alain d'Albret (M) . 68 INVENTAIRE DES MEUBLES Loup, feigneur en fon vivant de Beauvoir, & demandereffe en matière de retraict lignagier pour raiſon de la terre & seigneurie de La Mothe, Fuzines & Nerez, à lencontre de damoyfelle Michelle de Chauvigny, vefve de feu Loys de Cullant, en fon vivant feigneur dudict lieu de Cullant, tant en fon nom comme ayant le gouvernement des enffans delle & dudict deffunct, Claude & Françoys de Cullant auffi efcuyers, enffans de feu Jehan de Cullant, en fon vivant ſeigneur de Chafteauneuf, deffendeurs en ladicte matière de retraict lignagier, par lequel lefdictz deffendeurs ont efté abfoulz de la demande de ladicte demandereffe Gabrielle de Chafteauneuf, dacté du huitiefme jour de fevrier lan mil cinq cens & huit, figné : Du Plais, & féellé du féel dudit bailhiage, en cire rouge et double queue. 279. - Oudict fac a efté auffi trouvé la lectre dacquificion & achapt¹ faict au proffict de ma dicte feue dame ducheffe de Vallentynois des terres & juftices de la Mothe de Feully, Nerez & Fufines, avec leurs appartenances & dépendances, par les nommez ès lectres dacquificion , pour le pris & fomme de vingt huit mil livres tournois, comme il eſt plus à plain contenu efdites lectres receues & paffées par meftre Claude Gomion, Macé David, & Jehan Barathon, notaires royaulx à Yffouldun , datées du vingtiefme jour de jung lan mil cinq cens & quatre, fignées defditz notaires & féellées. 280. Une lectre de ractiffication de ladictte vendicion faicte par Bertrand de Cullant ou fon curateur nommé en ladicte lectre, frère deſdictz Claude & Françoys de Cullant vendeurs de ladicte feigneurie, dactées du huityeſme jour de juillet lan mil cinq cens & quatre, receue ſoub le féel royal de la prevofté de Paris, fignée Crozon & Tuillier. 281. Unes aultres lectres receues foubz le féel de Moulins, en Bourbonnois, par laquelle appert que damoyfelle ― - ต 1. Titres d'acquisition de La Motte-Feuilly, Nerez et Fusines. DE CHARLOTTE D'ALBERT. 69 Mychelle de Chauvigny & Gabriel de Cullant fon fils auctorizé quant ad ce de fon curateur, avoient faict declairacion quilz navoyent riens es terres, feigneuries & chevances de la Mothe de Feully, Fuzines & Nerez ; ladicte lectre datée du vingtiefme jour davrilh lan mil cinq cens & quatre apres Paſques, fignées : Garmat & Alloftot, & féellée en cire verte & double queue. - 282. Une quictance faicte judicièrement par devant le prévoft d'Yffouldun, fignée : Ragot & Douchet, féellée du féel de la prévofté dudict lieu , par laquelle appert feue ma dicte dame la ducheffe eftre demourée quicte de la fomme de vingt huit mil livres tournois, pour laquelle la vendicion des terres de la Mothe de Feully , Nerez & Fuzines avoit eſté faicte par les vendeurs d'icelle, ladicte quictance dactée du treziefme jour de mars lan mil cinq cens & neuf. 283. - Une aultre lectre par laquelle appert madicte feue dame la ducheffe de Vallentynois avoir bailhé & délaiffé aufditz Claude & François de Cullant, vendeurs deïdictes terres & chevances , oultre ladicte fomme de vingt huit mii livres tournois par elle payée, & pour laquelle ils avoient faict ladicte vendicion , la fomme de deux cens cinquante livres tournois , ladicte lectre dactée du vingt- uniefme jour de jung mil cinq cens & quatre fignée : Baraton & Gomion, non ſéellée . 284. - Unes lectres recues foubz le féel royal de Poitiers, par lesquelles appert Pierre Danlezy, eſcuyer, Seigneur de Boysbenard & damoyfelle Yzabeau de Cullant fa femme, seur de François & Claude de Cullant, vendeurs dictes chevances de la Mothe, Nerez & Fufines, avoir receu de feue madicte dame la ducheffe de Valentynois, la fomme de deux mil livres tournois , & ratifié ladicte vendicion faicte par lefdictz Claude & François frères de ladicte Ysabeau, ycelle lectre dactée du fegond jour de juillet mil cinq cens & fix, fignée : Lange & Mignon, non ſéellée . 70 INVENTAIRE DES MEUBLES 285. Une autre lectre de furcéance de foy & hommage de la terre & feigneurie de Nerez¹ , avec acquict des droiz, lotz & ventes deuz à cauſe de l'acquifition faicte par feue madicte dame la ducheffe, par Monfieur Dorval, seigneur féodal de ladicte terre de Nerez, à caufe de fa terre de Chafteaumillant, datée du vingt quatrieſme jour de mars, lan mil cinq cens & huit, avant Pafques, fignée : P. Pilloys, foubfcript par Mons' le conte & féellée du féel armoyé des armes de mondict fieur d'Orval. - 286. Une aultre lectre faicte & octroyée par hault & puiffant feigneur & prince Loys de Bourbon , prince de la Roche fur Yon, par laquelle il quicte madicte dame la ducheffe de Vallentynois de ce quelle luy peut devoir pour le rachapt de ladicte acquifition de ladicte ſeigneurie & terre de la Mothe de Feully 2 , dactée du dix feptiefme jour de may, lan mil cinq cens & dix, fignée au plus hault : Loys, & plus bas Luffault, & féellée du féel armoyé des armes de mondit fieur le prince. Et le feiziefme jour desditz moys & an , apres ce que par nous a efté procédé au parachevement dudict inventaire, madicte damoyfelle Loyfe nous a dict & expofé que pour laccomplicement du teftament de feue madicte dame fa mère & aultres fes affaires , il luy eftoit beſoing, affin de recouvrer argent, avoir par devers elle la cédulle par laquelle mondit fieur Dorval luy eft obligé en la fomme de cinq cens efcuz dor fouleilh, lobbligation dudict Geoffroy Jacquet or1. La terre de Nérez, acquise avec celle de la Motte-Feuilly, était mouvante de celle de Châteaumeillant, que possédait Jean d'Albret, seigneur d'Orval. Voir art. 277, note. 2. La terre de la Motte- Feuilly était mouvante de celle d'Aigurande , appartenant à Louis de Bourbon, prince de La Roche-sur-Yon, du chef de Louise de Bourbon-- Montpensier, sa femme, donataire d'André de Chauvigny, son premier mari (M) . Ce prince fait remise à Charlotte d'Albret, sa cousine, des droits de rachat (de mutation) qui lui étaient dus à raison de l'acquisition faite par celle- ci . Voir article 261 , note. DE CHARLOTTE D'ALBRET. 71 fèvre de la fomme de mil efcuz, la note par laquelle appert Nycollas Le Mercier luy devoir cent efcuz dor, & ledit brevet par lequel Guyot de Montyeulx , efcuyer, ſeigneur de Thary, luy eft tenu en la fomme de cent livres tournois ; lefquelles cédulles, obligation et note à madicte damoyfelle réaulment & de faict en noſtre préſence, & defditz Foyal, Gallus, Le Mofnier, le feigneur de Billy, de la Mothe, de Marray, Treullault, Dasques , Maiſtre Robert Challoppin, prebtre, retiré par devers elle. Du quatorziefme jour defditz moys & an, audict lieu & place fort de la Mothe de Feully. - 287. — Oudict fac dont deffus eft faite mencion, a eſté trouvé une lettre dacquifition de la fomme de cent troys solz tournois de rente, faicte par Loys de Sacerges, efcuyer, ſeigneur de Bors & du Poirtier, au proffit de feue madicte dame la ducheffe de Vallentynois , pour la fomme de quatre vingtz dix livres tournois, dactée du trezieſme jour daouft mil cinq cens & dix, receue par Jehan Mailhard & Jehan Boulland, notaires de la Chaftellenie dudict lieu de la Mothe, fignée defdictz notaires & non féellée . ―― 288. Une aultre lectre dacquificion de la fomme de cinq efcuz dor fouleilh de rente, acquife de Françoys de Cullant, efcuyer, Seigneur de Saint-Jullien, par feue madicte dame la ducheffe de Vallentynois, fur fadicte terre & feigneurie de Saint- Jullien, pour le pris & fomme de cent efcuz dor au fouleilh , receue par Anthoine Davril & Regné Badon, notaires de Cullant , fignée diceulx notaires non féellée. 289. Une fentence donnée par le prevoft de Paris ' , dactée du lundi premier jour de fevrier mil cinq cens & fix, par laquelle ladicte terre & feigneurie de la Mothe de 1. Sentence du prévôt de Paris mettant la duchesse en possession définitive de tous les revenus de la Motte- Feuilly. 72 INVENTAIRE DES MEUBLES Feully, fruictz & revenuz dicelle font delivrez à fon proffit, & l'empefchement mis en eulx levez & oftez ; ladicte fentence fignée : Des Mons, avec lexécutoire dicelle, annexée à ladicte ſentence. - 290. Oudict coffre a efté trouvé ung aultre fac auffi de toille, ouquel a efté trouvé unes lectres royaulx, données & octroyées par le roy noftre feigneur comme Daulphin de Vyennois, tendans à fin davoir , par madicte dame la duchefſe, prouvifion pour fon douhère¹ & droiz à elle appartenans fur les duchié & conté de Vallentynois & de Dyois, féellées du féel dudict Daulphin, dactées du vingt fixiefme jour de juilhet mil cinq cens & huit. - 2 291. Une procuration faicte & paffée par feu M. le duc de Vallentynois , par laquelle il donne pouvoir & puiffance à madicte feue dame la ducheffe de Vallentynois , de régir & gouverner fes terres, conté & duchié de Vallentynois & de Dioys, & aultres fes terres, feigneuries & chevances, eſtans tant ou royaulme de France que Daulphiné, dactées du huitieſme jour de ſeptembre mil quatre cens quatre vingtz dix neuf, fignée : Gouvre, & féellée dun féel . 292. 3 Oudict coffre a efté trouvé fans fac le contract de mariage de feu mondict ſeigneur le duc de Vallentynois & de madicte feue dame, dacté du dixieſme jour de may mil quatre cens quatre vingtz dix neuf, figné : Peraut, & féellé. 293. Ung vidiffe ou coppie , faict par le juge garde d'Yffouldun , de certaine donacion faicte par feu mondict feigneur le duc de Vallentynois, au prouffit de madicte feue dame la ducheffe, par laquelle il donne à ladicte dame tous - 1. Douaire de 4,000 livres de rente , constitué au profit de Charlotte par son contrat de mariage (voir Append. le Contrat de Charlotte) . César était mort le 12 mars 1507. 2. Procuration générale donnée par César Borgia à sa femme pour administrer tous les biens de France et du Dauphiné. 3. Contrat de mariage de César et de Charlotte. 4. Donation de tous ses meubles fait par César à sa femme. DE CHARLOTTE D'ALBRET. 73 & chafcuns les meubles quil auroit au jour & heure de fon trefpas, figné : Douchet. 294. - En ung petit coffret eftant oudict coffre , fermant à clef, lequel avons faict ouvrir , a efté trouvé une cédulle, par laquelle haulte & puiffante princeTe Françoyse Dalbret ' , ducheffe de Breban & doyrière de Nevers, confeffe devoir à feue madicte dame la ducheffe de Vallentynois , la fomme de quatre mil troys cens quinze livres ; fur laquelle fomme elle dit avoir bailhé à feue madicte dame les pierres & bagues contenues par ladicte cédulle , dactée du troyfieſme jour de ſeptembre mil cinq cens & fix ; fignée au plus hault : Françoyfe Dalbret, & audeffoubz : Lamoignon, & féellées en cire rouge à fimple queue. - 295. Oudict coffre a efté trouvé une autre cédulle en papier, par laquelle ladicte ducheffe de Breban, confeffe avoir receu leſdictes pierres & bagues contenues en ladicte cédulle, icelle feconde cédulle dactée du XXIe jour de juing mil cinq cens & treize, fignée au plus haut : Françoyſe Dalbret, et au deffoubz : Lamoignon ³ . 296. Oudict cabinet eftant fur ladićte grant viz dudict hoftel a efté trouvé deux garnitures de harnoys de chevaulx de litière , couvers de veloux cramoify, les boutons de léton doré, avec les brides auffi à boutons dorez, couvertes de veloux cramoify de la forte deſditz harnoys. 297. -- Une felle de cheval à la genecte garnye de veloux cramoify, de eftrivières , brides, poictral couvers de veloux cramoify, à boutons dorez, avec les eftriers auffi à boutons dorez. 298. Oudict cabinet ont efté trouvés plufieurs petites 1. Françoise d'Albret, troisième femme de Jean de Bourgogne , duc de Brabant, de Lothier et de Limbourg, comte de Nevers, de Rethel et d'Eu , seigneur d'Anvers, était sœur de Jean d'Albret, seigneur d'Orval, et par conséquent tante maternelle de la duchesse de Valentinois (M) . 2. Ici finit l'inventaire des papiers et titres. 10 74 INVENTAIRE DES MEUBLES lyetes¹ , efquelles on dit eftre les lectres des appartenances des terres & chaftellenye de la Mothe Feully et Nerez, & certains petiz livres , lefquelz nont efté autrement mys par déclairacion, du confentement de ladicte damoiſelle & exécuteurs deffufdictz , entre lefquelz y a deux grans meffelz en parchemin. Plus en la falle haulte³ dudict lieu & chaftel de la Mothe de Feully, en laquelle nous fommes tranſportez à la requecte de madicte damoiſelle & en fa préſence , deſdictz exécuteurs & des deffus nommez, en laquelle avons trouvé les chofes qui fenfuyvent. - 299. Et premièrement en ung coffre avons trouvé les chofes qui fenfuyvent : 300. - Premierement une houlfe de felle de femme moitié de drap dor et moictié de veloux vert, & à bandes frangées de fil dor & foye vert. 301. - Une aultre houlfe de felle de femme de veloux cramoify doublée de fatin cramoify fans brodure. 302. Une aulne demy tiers de veloux cramoify. 303. Deux aulnes & demye moings deux doiz de veloux vert. 304. - - Une autre pièce de veloux cramoify contenant troys aulnes deux tiers. 305. - Une pièce de fatin blanc contenant quatre aulnes & demye. 306. - Une autre pièce de veloux cramoify contenant cinq aulnes deux tiers & demy. 1. Lyete ou liette ne veut pas dire seulement des rubans pour la toilette comme l'indique le Glossaire de M. de Laborde. Liette est le plus souvent employé pour layette, petit coffre , généralement réservé aux papiers, aux archives. 2. Voir aussi le nº 676 pour les livres. 3. Inventaire de la salle haute contenant des robes, des étoffes en pièces, de la lingerie, etc. 4. Satin blanc en pièce légué par la duchesse au couvent des Cordeliers d'Issoudun (voir App. , note C, Testament de Charlotte, et art. 332) . DE CHARLOTTE D'ALBRET. 75 307. Deux cartiers de devant dune robbe à uſaige de femme, de drap dor frizé. 308. Deux manches de ladicte robbe fans les eflargiffemens, dudict drap dor frizé . - 309. Une pièce de veloux fur veloux viollet damaffé, contenant une aulne troys quartiers. 310. ― Une robbe de veloux cramoify à ufaige de femme, non doublée ne fourrée, garnye de manches & corps. -- 311. Une couverture de fatin de Bruges viollet & jaulne, à quatre bandes, contenans chafcune bande de longueur troys aulnes deux tiers. - 312. Une pièce de damas vert contenant vingt deux aulnes. - 313. Ung ciel de lit de damas vert à troys bandes de la largeur du damas, contenant chafcune bande deux aulnes de longueur. 314. Une petite pièce de damas vert contenant deux aulnes moings demy quart. - 315. Une pièce de taffetas blanc contenant une aulne & demye. 316. - Une pièce de fatin de Bruges jaulne, contenant une aulne & demye. 317. Une pièce de drap dor deftaillée pour fère une chézuble deglife, contenant deux aulnes & demye ou environ . - 318. troys aulnes. - Une autre pièce de taffetaz cramoify contenant 319. Une autre petite pièce de taffetaz jaulne paille contenant deux aulnes ung tiers. 320. Une pièce de drap dor frizé contenant neuf aulnes troys quars. 321. - Ung rideau de taffetaz rouge & tanné à quatre bandes de la largeur du taffetaz, & de la longueur chacune bande de troys aulnes. 76 INVENTAIRE DES MEUBLES 322. Une pièce de fatin blanc broché de fil dargent à cinq fils contenant fix aulnes. 323. fept aulnes. - Une autre pièce de fatin cramoify contenant 324. Une robbe de drap dor raz à ufaige de femme, toute entière. 325. - Une robbe de veloux viollet à veloux sur veloux figuré, à ufaige de femme, refervé la moitié de la fourniture dune manche & le corps. 326. - Une cocte de veloux sur veloux cramoify, refervé lun des chanteaulx 1. 327. Une pièce de damas viollet contenant cinq aulnes ung tiers. 328. aulnes. - Une pièce de taffetaz cramoify contenant troys 329. Une autre pièce de taffetaz cramoify contenant deux aulnes moings demy quart. - 330. Une pièce de taffetaz jaulne contenant une aulne & demye. 331. La couverture dune couete de fatin blanc & cramoify, à neuf bandes , chaſcune bande de demy fatin de largeur, & de longueur contenant une aulne deux tiers. 332. Une pièce de fatin blanc contenant troys aulnes 2 . ― - 333. Une robbe de toille dor, enſemble la cocte de mefme à ufaige de madicte damoiſelle. - 334. Une cocte de veloux gris à ufaige de femme refervé les manches & le corps. 335. Une pièce de taffetaz tanné contenant une aulne deux tiers. 336. ―- Ung corps & unes manches de robbe à ufage de madicte damoifelle, de veloux cramoify. 1. Chanteau, le morceau d'étoffe ajouté à un lé pour augmenter sa circonférence, quand on voulait tailler en rond. 2. Voir art. 305. DE CHARLOTTE D'ALBRET. 77 337. -La doubleure dune robbe de femme de veloux cramoify, refervé une des manches de ladicte doubleure. 338. Deux quartiers de devant & ung de derrière de robbe à uſage de femme, de drap dor , reſervé dun des quartiers de devant. - ung chanteau 339. Une cocte de fatin blanc à ufage de madicte damoifelle. - 340. Une pièce de taffetaz jaulne contenant une aulne troys quars & demy. - 341. En laquelle falle deffus dicte ont efté trouvez deux carreaulx de drap dor noyr frizé fans houppes. - 342. En ung autre grant coffre eftant pres & joignant lautre feneftre de ladicte falle de lautre coufté d'icelle , avons trouvé ung grant coffre auffi de cuyr cloz & fcellé, lequel es prefence & à linftance que deffus , avons fait ouvrir, & trouvé les chofes qui fenfuyvent. 343. - Premièrement deux carreaulx¹ de drap dor cramoify raz, franges à lentour douvraige & garny de quatre · houppes de fil dor & foye rouge. 344. Deux autres grans carreaulx de fatin cramoify, bordez de fil dor, à quatre houppes garnyz de fil dor & foye rouge. 345. Autres deux quarreaulx mepartyz à troys bandes de drap dor & veloux cramoify bordez de fil dor, à quatre houppes de fil dor & foye rouge. 346. - Deux autres grans carreaulx de veloux vert avec les houppes auffi vertes. 347. ― Deux autres carreaulx efcartelez de fatin cramoify & fatin jaulne, & bordez de fil dor avec chaſcun quatre houppes de fil dor & foye rouge. 1. Les carreaulx sont des coussins servant de sièges ; « fins carreaux pour asseoir les femmes qui surviennent dit Jean du Castel, dans son Miroir des pêcheurs, et Guillaume Coquillart : « les carreaux sur quoy séent les filles . » Causeries sur l'art et la curiosité. Paris, Quantin, 1878, p. 135- 78 INVENTAIRE DES MEUBLES 348. - Deux autres grans carreaulx de fatin cramoify bordez de fil dor avec les quatre houppes de fil dor & foye rouge. - 349. Deux autres carreaulx de damas de cafar¹ , lun des couftez faict & brodé à beſtes & oyfeaulx, armoyez dunes armes, avec chafcun quatre houppes de fil dor & de foye rouge. 350. houppes. - - Deux carreaulx de drap dor noir frizé fans 351. En ung autre coffre eftant en ladicte falle du coufté de lhuys dicelle, auffi fermant à clef, lequel avons trouvé cloy, fermé & fcellé , ès prefences des deffus dictz nommez, lavons faict defceller . & ouvrir, ouquel avons trouvé 2: - 352. Deux coctepointes de toille d'Olande. 353. - Vingt neuf paires & demye de lincieulx de toille d'Ollande. 354. Troye. 355. - plus petiz. 356. 357. 358. 359- houppes. - ― - - Deux paires & demye de lincieulx de toille de Deux autres paires de ladicte toille de Troye Deux paires & demye de lincieulx de lin. Une paire de lincieulx de toille de Troye. Six foulhes dorilliers de toille de Hollande. Deux carreaulx de drap dor noyr frizé fans 360. Oudict coffre a efté trouvé ung grant linceux de toille de Troye. 361. - Une cothepoincte de damas blanc doublé de taffetas rouge. 362. - Deux grands orilliers de lict blancs & cinq petits. 1. Imitation du vrai Damas, dont la trame est de fil , de laine ou de coton. 2. Coffre contenant une partie de la lingerie en toile de Hollande et de Troyes. DE CHARLOTTE D'ALBRET. 79 363. - En ladicte falle a efté trouvé ung eſchiquier aiant ung eſtuy. 364. - Ung grant chaflit abbati¹. 365. 366. 367. - - - Ung autre de couchecte non abbati à ſangles. Ung grant banc. Ung petit banc à fangles '. 368. — Ung petit banc. 369. - Une grant table à jeu de billes couverte de drap vert³. - 370. Deux petis coffres de cuyr, en lun desquels font des habillemens de madicte damoyfelle, & en lautre y a des robbes de feue madicte dame, lefquelles nont eſté miſes par inventaire, par ce que madicte damoyfelle na voulu inventaire en eftre faict, à cauſe de ce quelle a dit lefditz abillemens eftre de petite valleur, & madicte feue dame avoir baillé par fon dict teftament les robbes efttant oudict coffre à fes femmes. 372. ―― 371.-Deuxlandiers pour l'ufaige de ladicte falle, armoyés . Si eft ladicte falle tandue de tapifferie & garnye de fept pièces de tappicerie de Felletin à feullage. 373. Ung grant cuau à rafreſchir vin devant le buffet de ladicte falle. - En la chambre en laquelle eft décédée feu madicte dame, joignant ladicte falle, ont efté trouvez³ : 1. Je pense que chaslit abbati signifie bois de lit pliant (voir le n° suivant) . 2. Banc à sangles servant de couchette . 3. Table à jeu de billes couverte de drap vert, c'est-à-dire un petit billard. M. de Laborde n'a rencontré le billard qu'en 1571 ; voici qui prouve que ce jeu est très-antérieur. 4. La manufacture de Felletin , dont nous verrons d'autres échantillons plus loin (nº 408, 441 , 501 et suiv.) , était en pleine prospérité a la fin du xve siècle et ne date pas de 1742, comme semble le croire l'auteur de l'Histoire du Mobilier, p . 172. Toutes ces tapisseries de Felletin sont à bandes, à verdures, oiseaux et feuillages. 5. Inventaire de la chambre où Charlotte était décédée. Il est évident que 3880 INVENTAIRE DES MEUBLES 374. Une paire de landiers efquelz y a une pomme de cuyvre deffus. ― 375: Ung chaflit de lict, ung buffect & ung petit banc. Une grant felle¹ , une petite chaiſe à femme, cuyr courtepoincté . 376. - couverte de 377. ― Ung coffre de cuyr tout ouvert auquel ne feft riens trouvé . - 378. En la garde robbe de ladicte chambre a efté trouvé ung buffet 2. En la chambre de madicte damoyfelle eſtant pres ladicte falle³ , le degré entre deux, ont efté trouvez en ung grant coffre que avons trouvé cloz & fcellé, eftant pres de lune des feneftres de ladicte chambre regardant en la court dudict hoſtel , auquel avons trouvé les choſes qui fensuyvent : 379. Premierement ung grant ciel de lict party par plusieurs meubles avaient été déplacés depuis , notamment la garniture du lit de damas noir, art. 608, et les siéges, art . 466 et suiv. 1. C'est la chaise seigneuriale , la chaise qui se plaçait toujours à côté du lit. 2. Le buffet ordinaire, tel que celui- ci , est un meuble adossé à la muraille, le corps du bas à jour, le corps du haut avec ou sans portes et la tablette supérieure garnie d'un dossier et souvent d'un gradin ; en somme, un meuble destiné à étaler soit la vaisselle précieuse , soit la menue curiosité, ce que nous appelons l'objet d'étagère. Le buffet est donc proche parent du dressoir, si ce n'est pas la même chose avec un nom différent : « sur le dressouër ou buffet a deux estages », dit Noel du Fail dans les Contes d'Eutrapel (Du temps présent et passé) . Dans les repas de cérémonie, on dressait des buffets provisoires au moyen de planches soutenues par des tréteaux , disposées par étages , et recouvertes de nappes ou de tapis : « erat cymatium abaci tapete villoso tectum, ex Turcica usque allato » (Lud. Vives, Colloq . 1532 ) . Sur ces gradins on installait << en fort bel ordre, les escuelles , assiettes, bassins, vases, esguieres, de sorte que cela avoit quelque ressemblance avec ces reposoirs qu'on faict en ce pays, le jour de la feste Dieu, » (Isle des Hermaphrodites, éd. 1726, p. 98) . 3. Inventaire de la chambre de Loyse Borgia ; on verra plus loin (art. 437) l'inventaire de sa garde-robe . Loyse habitait à côté de sa mère, dont elle n'était séparée que par l'escalier et une petite garde-robe. 4. Les meubles magnifiques que nous allons voir avaient été renfermés dans des coffres, par les ordres de Charlotte , à la mort de son mari, au moment où DE CHARLOTTE D'ALBRET. 81 tiers de drap dor, fatin cramoifi & fatin blanc, frangé de franges de fil dor & de foye rouge, avec lentour auffi de drap dor, fatin cramoifi & blanc, frangé de fil dor & foye rouge, doublé de toille noire. 380. - Plus ung ciel de lict de can¹ de fatin broché viollet, frangé de fil dor & de fil de foye vert avec trois rideaulx, & lentour du bas du lict de can, le tout de fatin broché, doublez ledict entour de toille blanche, & ledict ciel de toille noire. - 381. Ung autre ciel à lict de can de damas rouge blanc & jaulne, avec les franges de la mefme forte, avecques trois rideaulx & lentour tout ſemblable, doublez ledict ciel & ledict entour de toille noire. - 382. Ung ciel grant auffi de lict de damas rouge, blanc & jaulne, frangé de fil dor & foye vert, doublé de toille noire avec deux rideaulx de taffetas blanc, rouge & jaulne, & lentour de damas femblable, avecques le doulciel auffi de damas de femblables colleurs , doublé de toille noyre. 383. - Deux grans rideaulx de lict de taffetas vert. 384. - Une grant contepoincte de damas dor broché, faict à rozes, doublée de taffetas cramoifi. 385. -- Ung grant doffellet de drap dor bordé de velloux cramoify, les pendans de drap dor et veloux cramoify, frangé de fil dor & fil de foye cramoiſye. - 386. Ung autre doffellet de velloux cramoify & bordé de drap dor, frangé de fil dor & de foye viollet, & les pendans de velloux cramoify & de drap dor. 387. Ung autre doffellet de fatin bleu turquin, bordé elle prit le deuil qu'elle ne quitta plus. Elle fit garnir de noir sa chambre, celle de sa fille , sa chapelle , démeubler et fermer les autres salles. 1. Lit de camp, couchette qui servait aussi de chaise-longue. 2. Morceau d'étoffe formant dossier, que l'on suspendait aux murs, sur le fond des dressoirs, des stalles d'église , des sièges d'apparat, etc. Dorsalia sunt panni in choro pendentia à dorso clericorum, Cortina quæ pendet ad dorsum. Ducange, au mot Dorsale. 11 82 INVENTAIRE DES MEUBLES de velloux noir , les pendans de velloux noir & de fatin bleu turquin, frangé de fil dor & foye bleue. à 388. Sept pieces de tappicerie de fatin viollet broché grans & petites rouzes dor ¹ . - 389. Un ciel féant à ladicte tappicerie auffi de fatin broché dor par le dedans, les pendans de fatin viollet broché à grans & petites rouzes dor, les franges de fil dor & fil de foye viollet. 390. Une autre grant piece de tappicerie faicte de fil dor & de foye, ou est contenu le viel teftament & le nouveau. 391. Six pieces de tappicerie de fatin cramoifi² doublée de toille vert l'une, & les autres de rougée, franges de fil dor & foye rouge. - - 392. Ung pavillon de damas cramoifi bandé de ruben dor, & les pendans de damas dor, avecques la chappe dicellui de damas dor, frangé de fil dor & de foye cramoifie. - 393. Ung ciel de satin cramoifi, les franges de fil dor & fil de foye auffi cramoifie. --- 394. Ung autre ciel auffi de fatin cramoifi, la frange de fil dor & fil de foye cramoifie comme le deffusdict. 395. - Deux entours desdictz deux ciels de fatin cramoifi, lun frangé de fil dor & fil de foye vert, & lautre de fil dor et foye rouge. 396. Une piece de fatin cramoifi frangée de fil dor & de foye cramoifie . -- 397. Ung tappiz de Turquie à troys roues, ou il y a franges blanches. 398. Ung autre tappiz de Turquie, ouquel y a des franges vertes. 399. Ung ciel de damas vert, frangé de ſoye vert, --- 1. C'est toute la tenture d'une pièce en satin violet broché, avec le lit assorti. Voir l'article suivant. 2. Autre tenture de satin cramoisi avec les lits pareils. DE CHARLOTTE D'ALBRET. 83 avecques trois rideaulx de taffetas, & le douffier de damas, le tout vert, & lentour dudict lict de damas vert. -- 400. Item une courtepoincte uſée de taffetas cramofy, doublée de toille blanche. - 401. En ladicte chambre ung autre coffre moindre ; ledict coffre à bahu , ledict coffre cloz & fcellé , lequel en la préfence & à la requefte que deffus avons fait ouvryr, & ouquel ont efté trouvées les chofes qui fenfuivent : 402. - 1 Premièrement quatre tymbres & quatre peaulx de mertres, chacun tymbre contenant quarante peaulx, lefquels tymbres & quatre peaulx de mertres ont efté remis oudict coffre, lequel avons fait reclorre & refceller & baillé les clefz dicelluy à madicte damoyselle. 403. En ladicte chambre ont efté trouvez cinq autres petis coffres & une bouette de bois, couvers de cuyr bandés de fer blanc, lefquelz coffres & bouette ont efté affermé eftre & appartenir aux filles de madicte feue dame & de madicte damoyfelle. 404. Ung grant lict & deux couchettes , lune foubz ledict grant lict , garniz de toutes chofes néceffaires à lictz & couches, avec ung ciel sur ledict grant lict de ferge noire , & les pendans de mesme, ouquel grant lict de madicte damoyfelle y a une mante & une cothepoincte, en la couchete deffoubz ledict lict une mante bleue & une blanche. ―― 405. Une table, ung trefteaulx, ung buffect , avecques trois efcabelles, une chaiſe à femme, & une paire de landiers aiant chacun une pomme de cuyvre deffus, ladicte chaize couverte de velloux. 406. - Une cuve de cuyvre à reffreſchir vin³ aiant 1. On appelle timbre la réunion d'un certain nombre de peaux de martres qui se vendent attachees ensemble. Voir art. 626. 2. Lit de deuil de Loyse Borgia ; il est en serge noire . 3. Le rafraîchissoir ou réfrédoer se plaçait en général sous le buffet, sub abaco refrigeratorium (Coll . de Vivès) . Voir nº 373 . 8+ INVENTAIRE DES MEUBLES deux grans efneaulx, deux carreaulx jaulnes de tappicerie de Felletin ¹ . 407 . Ladicte chambre a efté trouvée garnye de fept pièces de tappicerie de Felletin tant grandes que petites à feullage. Du lundi quinzieſme jour des dict mois & an. Ledict jour nous fommes tranfporté audict chaftel & place fort de la Mothe de Feully, en une chambre eſtant au portail dudict lieu , laquelle avons trouvée cloſe , ſéellée & fermée, laquelle avons fait ouvrir & deféeller, & en icelle ont efté trouvées les chofes qui fenfuivent : 408. - Premierement, dix pièces de tappicerie de Felletin à champ doré , à verdure , feullaige & beftes, avec le ciel de mefmes, & une petite pièce de ladite forte ou il y a à faire trois carreaulx . - 409. Vingt deux pièces de tappicerie de Felletin, à champ de vert brun, avecques le ciel de femblable forte, le tout à feullage. 410. Neufbancquiers auffi à feullage de ladicte forte. - -- 4II. Sept pièces de tappicerie auffi de Felletin deux cielz à menuz feullaiges fur bandes rouges, blanches & vertes. 412 . - Cinq pièces de tappifferie de haulte lice , nommée le petit Moyfes ". - 413. Plus une grant pièce de tappicerie de haulte lice, ou eft liftoire de la tour de Babillone, ou eft efcript Jupiter, & à lun des boutz Titan. 1. Voir nº 372. 2. Cette chambre close, scellée et fermée contient les tapisseries du château et les tapis de Turquie. 3. Voir nº 372. 4. Bancquiers, housses pour les bancs. 5. Une tapisserie du même sujet se trouvait au château d'Amboise, lors du mariage de Charles VIII avec Anne de Bretagne. Voir nº 426. DE CHARLOTTE D'ALBRET. 85 - 414. Une autre grant pièce de haulte liffe à grans perfonnaiges, ou il y a efcript au commencement baptiſat millitans, & à la fin d'icelle eft efcript triumphans martires. - 415. Une autre piece de haulte liffe, auffi à perſonnaiges, ou font figurées certaines difputacions, en laquelle ny a aucune choſe eſcript. 416. - Une autre grant piece de haulte liffe ou eſt efcript mane, tefchel, fares. - 417. Une autre grant piece de tappicerie de haulte liffe, au milieu de laquelle eft faicte mencion de liftoire de lafontaine & de la liccorne. - 418. Une autre grant piece de tappicerie de haulte liffe à perſonnaiges, au commencement de laquelle y a ung efcu, où il ya ung I & ung D. 419. - Six grans pieces de tappicerie de haute liffe faicte à foye, contenant liftoire de la paffion noftre Seigneur avecques la refurrection & autres choſes. - 420. Deux autres grans pieces, auffi de haulte liffe , lune de la paffion, lautre à perfonnaiges. 421 . - Une autre grant piece de tappicerie en forme dune grant couverture, en laquelle eft efcript : Conftanti . 422. Une autre piece de moindre de ladicte forte ou eft femblablement efcript : Conftanti. - - 423. Trois pièces de tappicerie auffi de haulte liffe , contenant listoire de la façon de la vigne trouvée par Noel ' , contenue au viel teftament . 424. -Quatre grans pieces de tappicerie auffi de haulte liffe , contenant les geftes & faiz de Herculles. - 425. Deux autres grans pieces de tappicerie auffi de haulte liffe, contenant les geftes de Alexandre le grant '. 1. Noé. 2. Une tenture analogue se trouvait à Amboise en 1494. 86 INVENTAIRE DES MEUBLES 426. - Cinq autres grans pieces de tappicerie auffi de grant & haulte liffe appellée le grant Moyfe ' . - 427. Deux tappiz de Turque à deux roues noyres. 428. Cinq tappiz de Turque à troys roues. -- 429. Neuf autres tappiz de Turque fans roues. - 430. Trois autres tappiz de Turque à deux roues. 431. Cinq autres tappiz de Turque à cinq roues. ― - 432. Deux grans tappiz de Turque fait à menues roues. 433. Deux autres tappiz auffi de Turque moindres auffi à menues roues. - 434. Quatre grans tappiz de Turque à mectre par terre . 435. Plus une autre grant piece de tappicerie de Felletin à menue verdure. 436. - En ladicte chambre y a une coete, coeffin & deux chafliz . - 437. En la garde robbe ' de ladicte chambre de madicte damoyfelle a efté trouvé ung lict de camp garni de deux couettes, trois mantes, deux linceux, deux coeffins, ung orillier, le ciel my party de damas viollet & fatin jaulne, les franges de foye jaulne & viollette, les courtines de taffetaz bleu & jaulne & le doffiel de la forte dudict ciel. 438. 439. vert. - ―― -- 3 Ung manicordion avec fon eftuy. Une table à chaize & deux landiers . 440. Une petite chaize, le doffiel couvert de velloux 441. Eft ladicte garde robbe garnye de tappicerie de Felletin & feullage, en laquelle à cinq pieces à bandes rouges, blanches & vertes brunes: 1. Voir nº 412. 2. Inventaire de la garde-robe de Loyse Borgia. 3. Manicordion, guitare « an old fashioned clavicord », dit le dictionnaire de Cotgrave. 4. Table à chaise pour enfants, comme la chaise suivante. DE CHARLOTTE D'ALBRET. 87 - 442. En ladicte garde robbe a efté trouvé ung coffre à bahu ouquel y a certaines pieces de drap rouge, vert & jaulne. - 443. Ung devant dautel de velloux noir figuré, pour la chapelle de feue madicte dame ' . - 2 444. Entour deux autres aulnes de trippe de velloux vert. vert. 445 . 446. - - Une couverture de banc de trippe de velloux Deux tappiz de drap vert à mectre fur table. 447. En une autre gallerye ou allée eſtant près ladicte garde robbe ont efté trouvez trois coffres de cuyr à bahu, & deux bouetes auffi de cuyr, lefquelz coffres & bouetes ont efté rapportées avoir efté apportées du lieu de Meneftoul Sallon ³ , & parce que madicte damoyfelle a declairé iceulx coffres & bouettes , & ce qui eft dedans ne luy appartenir entièrement, mais à elle & fes confors des biens eftans en icelles, navons fait aucun inventaire ne déclaracion . En la falle baffe ont efté trouvées les chofes qui fenfuit : 448. - Ung grand coffre de cuyr cloz & féellé quon a certiffié avoir efté apporté dudict lieu de Meneſtoul Sallon³ , & parce pour la cauſe que deffus ce qui eſt dedans ledict coffre na efté inventorié. — 449. Une lictière doublé par le dedans de fatin vert & par le dehors de cuyr. 450. Tout alentour garnye ladicte falle de bancs 1. Chapelle de deuil de la duchesse de Valentinois. 2. Trippe, étoffe veloutée analogue à la peluche. 3. Ces meubles provenaient de la succession de Charlotte de Blois , tante de Charlotte d'Albret et femme d'Antoine de Villequier, seigneur de MenetouSalon. Voir à ce sujet le Testament de Charlotte de Valentinois (Appendice, note C). 4. Inventaire de la salle basse du château. 5. Voir note ci-dessus. 88 INVENTAIRE DES MEUBLES neufz à douffier avec ung petit buffect tenant aufdictz bancs ¹ . 451. Une table, deux trefteaulx, une grant felle & ung mortier à faire mouftarde. - 452. Une paire de landiers. - 453. Ung coffre de bois auquel lon a acouftumé mectre le pain de laumofne ' . - 454. En la chambre eftant aupres ladicte falle baffe ou ont acouſtumé menger les gentilz hommes dudict hoftel ' , ont efté trouvez quatre grans coffres de cuyr cloz & féellez, leſquelz nont eſté inventoriez ne ce qui eft dedans, parce quil nous a efté certiffié lefdictz coffres & ce qui eſt dedans avoir efté admenez dudict lieu de Meneftoul Sallon , & na voulu madicte damoyfelle inventaire en eftre fait parce quelle ny a que portion . - 455. Ung lict garny de coette, coeffin , une mante une couverture de drap rouge & jaulne, le ciel de tappicerie à franges jaulnes, rouges & vertes, & les courtines de farge de pareille colleur . - 456. Ung lict grant, auffi garny de couette, coeffin & couverture de tappicerie. 457. ― Ung ciel pour ledict grant lict avec deux rideaulx de ferge rouge vert & jaulne, & ung chaflit & fix 1. Cette disposition de buffets à bancs se retrouve dans un dessin de M. Viollet le Duc, Dictionnaire du mobilier, vol . I , page 15. 2. C'était une tradition ancienne au moyen âge et un usage général chez le prince, le seigneur et le bourgeois de réserver pour les pauvres une part des repas, que l'on recueillait dans des corbeilles, des plats ou des pots, et qu'on plaçait dans une salle basse, près de la porte d'entrée. 3. La description de cette chambre servant de réfectoire aux gentilshommes de la maison est complète et très- précise ; il est facile de se la représenter. La tenture est formée de six pièces de tapisserie de Felletin (art. 372) à bêtes, oiseaux et verdure. Les gentilshommes ont, pour se reposer, deux lits en drap et en serge avec une couchette ; la table est portée sur des tréteaux avec des bancs de chaque côté . Près de la haute cheminee, garnie de ses landiers, se trouve une chaise à garniture de cuir. Autour de la pièce, quatre grands coffres de cuir et deux coffres blancs à la mode d'Italie (art. 461) servant de siéges. DE CHARLOTTE D'ALBRET. 89 pieces de tappicerie de Felletin à beftes, oyfeaulx & verdure, de laquelle ladicte chambre eft tendue. - 458. Une couchette garnye de couette, coeffin, couverture de drap rouge & jaulne. 459. ― Ung banc, table & trefteaulx, un landier & une chaize couverte de cuyr. 460. Ung autre ciel non tendu , de tappicerie de Felletin, frangé de franges rouges, vertes & jaulnes. 461. Deux coffres blancs à la mode de Ytallie¹ , efquelz na aucune choſe efté trouvée, fors des papiers appartenans au clerc de defpence de madicte feue dame. En une chambre haulte eftant fur la cuiſine dudict hoſtel , en laquelle nous fommes tranfportez, ont efté trouvez les chofes qui fenfuivent. — 462. Premièrement près lhuys de ladicte chambre, à venir de ladicte chambre de madicte damoyfelle, a efté trouvé deux chaizes couvertes de velloux cramoifi , chacune ayant quatre pommeaulx de leton dorez, les deux pommeaulx de devant rondz & ceulx de deffus poinctuz, le douciel desdictes chaizes auffi de velloux cramoify armoié dunes armes ; leſdictz pommeaulx frangez les deux de devant de foye rouge, & les deux den hault de foye rouge & de fil dor, le doucier 1. Coffres rapportés d'Italie par César Borgia et faisant partie de son bagage. Ces cassoni, comme les appellent nos voisins, étaient en bois blanc couvert d'applications en pâte blanche, dorée ou décorée de peintures ; les plus grands maîtres italiens n'ont pas dédaigné d'illustrer de leur pinceau le cassone de mariage. En général, la forme est carrée, mais souvent le coffre imite le sarcophage antique accosté de cariatides, et l'intérieur est décoré de rosaces, d'arabesques, peintes et dorees ; l'ensemble est d'un goût exquis et d'une rare opulence. On rencontre encore chez les collectionneurs quelques petits coffrets de ce genre. Les applications en pâte moulée, tres - fréquentes en Italie au xv siecle, ne paraissent pas avoir été pratiquées en France, du moins de cette manière. 2. Cette pièce - la chambre haute sur la cuisine renferme les sièges d'apparat et tous les ornements d'église . La description des sièges est aussi complète que possible et représente exactement les belles chaises de cérémonie que l'on voit dans les tableaux du temps. Ces meubles, en velours et en drap d'or cramoisi, sont recouverts de housses en drap.- Douciel, dossier. 12 . ୨୦ INVENTAIRE DES MEUBLES auffi frangé & le bas defdictes chaizes de fil dor & de foye rouge ; lefdictes chaizes couvertes l'une de drap vert & l'autre de drap jaulne. - 463. Une autre chaize couverte de drap dor cramoify frizé, à pommeaulx de leton dorez comme les deffufdictz , quatre lyons dorez aux quatre piedz, les quatre pommeaulx & le douffier & bas de ladicte chaize frangez de fil dor & foye rouge, ladicte chaize de drap dor couverte de drap vert. 464. Une autre chaize couverte de velloux cramoiſy à quatre pommeaulx rondz dorez, frangés de fil d'or & de foye. 465. Une autre chaize couverte de velloux cramoifi fans pommeaulx, franges de fil dor & foye cramoifi ; la couverture de ladicte chaize de drap rouge. 466. Une chaize noire¹ couverte de velloux noir, le fiege & le doucier & le boys de ladicte chaize verny de noir. 467. Une autre chaize à femme toute couverte de velloux noir. 468. - - Cinq petits fieges de boys vernys de noir. 469. Quatre chaizes à femme, couvertes, le fiege & doucier de velloux vert frangez de foye verte, deſquelles a efté certiffié en avoir efté apport é dudict lieu de Meneftoul Sallon. 470. Item deux carreaulx de layne en façon d'ouvraige de Turquie, le deffoubz de cuyr. 471. Plus fur une table eftant pres la muraille de ladicte chambre a efté trouvé ung ornement d'égliſe² ouquel y a chefuble, deux cortiboz³ , une eftolle & ung manipullon, le tout de velloux cramoifi. 1. Cette chaize et les deux suivantes font partie de la chambre de deuil. 2. Inventaire des ornements d'église ; par son testament, Charlotte les donne tous à l'église de l'Annonciade de Bourges « hormis quelqu'uns pour servir à la chapelle de Madamoiselle sa fille » . (Voir app. Testament.) Il est permis de croire que la meilleure partie de ces ornements magnifiques provenaient de la chapelle de César, quand il était cardinal. 3. Courtibaut (curtum tibiale) , sorte de tunique ou dalmatique ancienne qui s'appelle encore de ce nom en Berri, en Saintonge et en Touraine. Les DE CHARLOTTE D'ALBRET. 91 472. - Plus une chefuble de drap dor vert figuré. 473. Le manipullon & eftolle de damas cramoifi . 474. - Deux cortiboz de damas blanc frangez par les coftez de fil dor & foye blanche. 475. - Deux autres cortiboz de drap dor raz, frangé de frange de foye blanche tout à lentour, & les pendans à trois rangs de houppes de foye blanche, avec le manipullon & eftolle, le tout doublé de taffetaz blanc. 477. - 476. Une chefuble de damas dor cramoifi , doublé de taffetaz cramoifi , avec le manipullon & eftolle, garniz de fix houppes en chacun bout, de fil dor & foye cramoifi. Une chefable de drap dor raz blanc avec le dyadefme & grans offrais , garny de appoftres ; ledict dyadefme frangé de foye bleue & fil dor viollet, & oudict dyadefme eft une croix & une Noftre-Dame- de- Pitié, & une groffe houppe au deffoubz, frangée de fil dor & de foye bleue. 478. Deux petis rondeaulx² de drap dor qui font de ladicte chappe, efquelz font deux croix rouges, & la cinture eftans de la forte de ladicte chefuble. - 479. Deux pièces de drap dor pour orner les lieux ou fe dient les epiftres & evvangilles, bordées de foye blanche & fil dor, doublé de foye blanche . 480. - Une chappe de cuftode de velloux cramoifi bordée de drap dor, & au deffoubz le bort de fatin broché viollet, doublée de taffetaz blanc. - 481. Quatre pièces de drap dor, quatre autres de damas viollet, & deux autres petites pièces auffi de drap dor avec deux bours fervans aux aulbes & habillemens d'aultier 3 . moines en changent selon les fêtes , et l'on nomme ainsi cet habit, parce qu'il ne dépasse le genou que de quelques doigts . (Dictionnaire de Richelet. ) 1. Offrais, larges galons ou bandes brodées. 2. Rondeau, cartouche d'ornement. 3. Aultier, autel, altare. 92 INVENTAIRE DES MEUBLES 482. - Une eftolle & ung manipullon de drap dor frizé, frangé de fil dor & foye rouge. 484. - Ung parement dautel de drap dor frizé cramoifi, doublé de toille rouge. 485. Meffes. 486. 487. 488. 489. 490. _________ ---- - -- - - --- Treize nappes dautel pour dire et célébrer Trois aulbes de toille de Hollande. Deux autres aulbes de toille bourgeoife. Deux sourpelliz auffi de toille bourgeoife. Une nappe dautel de toille de Hollande. Six ferviettes dautel. 491. Trois amytz & une aulbe ufée pour faire des mouchouers aux prebtres. 492. - Quatre corporaulx de toille de Hollande. 493. Une couverture de layne de diverſes colleurs, en laquelle font les ornemens ployez. - 494. Une table et deux trefteaulx fur laquelle sont lefditz abillemens dautel. 495 . & verte. 496. - Trois rydeaulx pour lict de farge jaulne , rouge Deux cuves de leton à faire resfrefchir vin, & trois cocquemars de cuyvre contenans chacun une pinte. 497. Ung plus grant cocquemart contenant environ deux pintes. 498. ― Trois torteaulx ' cire poifans entour dix livres. 499. Deux petis flacons deftain tenant chacun une pinte. 500. - En ung coffre de bois eftant pres & joingnant ladicte chambre ont efté trouvé quatre tappiz courans. 501. Une pièce de tappicerie de Feulletin de menu feullage en champ doré. xxxxxxxxx 2 1. Tourteaux de cire. 2. Voir nº 372. DE CHARLOTTE D'ALBRET. 93 502. - Une autre pièce de tappicerie de Feulletin à menue verdure fur bandes rouges, blanches & vert brunes. 503. Ung tappiz de drap vert. 504. - - Deux rideaulx de farge ufez par bandes rouges , vertes & jaulnes. 505. ―Une couverture de coffre à bahu , bandée de drap rouge & jaulne¹ . 506. - Six loppins de sarge, l'un rouge & les autres partie jaulne & vert. 507. - Une petite couverture de drap rouge pour mectre fur le lict. 508. 509. mendie². ____________ ― Une pièce de tappicerie de Feulletin à verdure. Ung tappiz eftroict de la tappicerie de Nor510. Ung entour de lict de tappicerie de haulte liffe de la tappicerie de... - 5II. Ung autre entour de lict de tappicerie de Felletin, à bandes rouges & vertes , femées de feullaiges . - 512. Une pièce de franges noyres de layne. Toutes lefquelles chofes nous avons fait remectre oudict coffre, lequel nous avons trouvé non cloz ne féellé. En ladicte chambre a efté trouvé un grant coffre de boyf non couvert de cuyr ne autre chofe , à couvercle rond, lequel avons trouvé cloz & féellé . Et par ce que lavons trouvé avoir efté amené dudit lieu de Meneftoul- Sallon ³ & nappartenir en tout à madicte damoyfelle, ains à fes confors , duquel madicte damoyfelle na voulu eftre fait inventaire , par quoy nen avons fait inventaire. 3 1. Cette couverture de coffre bandée de drap rouge et jaune figurait à l'entrée de César ; « après venoient 24 mulets avec couvertures de rouge jaune my-parties, car ils portoient la livrée du Roy, qui estoit jaune et rouge » . Brantôme, Vie de César Borgia. Voir aussi nº 581 et 673 . 2. Voici la première mention que je connaisse de la tapisserie de Normandie. Voir nº 624. 3. Art. 447, note. 94 INVENTAIRE DES MEUBLES Item plus en ladictte chambre a efté trouvé ung coffre à bahu , ouquel madicte damoyfelle a certiffié navoir aucune chofe que fes linceux de lict, & autre chofe de quoy elle uſe, & dicelluy coffre ne des choſes eftans en icelluy navons fait inventaire. Ung autre coffre à bahu joingnant le coffre deffufdict, ouquel madicte damoyfelle a certiffié eftre les befongnes de Catherine Challoppin, lune de fes femmes de chambre, & nen vouloir faire faire inventaire, & par ce inventaire nen a eſté faict . ― 513. Ung autre coffre couvert de cuyr viel, ouquel a efté trouvé ung cabas de figues & des pruneaulx. 514. - Plus au pres de lune des portes de ladicte chambre a efté trouvé une bouette carrée couverte de cuyr, fix douzaines & trois ferviettes fines ouvrées à ouvraige de Venize, toutes neufves¹ . - 515. Au deffoubz de laquelle bouette y a efté trouvée une autre couverte de cuyr, à bandes de fer blanc fermant à clef, laquelle avons fait ouvryr & en icelle trouvé les chofes qui fenfuivent : 516. Affavoir eft huit tabliers² tous neufz , bien fins & ouvrez à louvraige de Venize, lesquels avons faict remectre en ladicte bouette & icelle fait reclorre & fermer. 517. Ung chetif coffre de bois ouquel na riens efté trouvé. 518. Plus en ladicte chambre a efté trouvé ung petit banc ouquel ont efté trouvez certains abillemens des femmes de madicte damoyſelle. 519. ― Au deffoubz de la cheminée de ladicte cham1. Voir la note ci- après. 2. J'ai parlé dans l'Inventaire de Catherine de Médicis, page 101 , de ces tabliers ou tavaiolles, qui se brodaient à Venise sur les dessins de véritables artistes. A la vente de Claude Gouffier, en 1572, des tabliers pareils se sont vendus 8 et 12 livres tournois la pièce , et les nappes brodées 106 livres la paire. DE CHARLOTTE D'ALBRET. 95 - bre a efté trouvé ung coffre ouquel ne feft riens trouvé dedans. 520. Ung peu plus hault que ladicte cheminée en un coffre couvert de cuyr a efté trouvé fept petis tabliers ronds¹ à ouvraige de Venize, lequel coffre avons fait reclorre & reffermer. ― 521. En ung autre coffre auffi couvert de cuyr & de fer blanc, a efté trouvé deux paires de linceux neufz de toille de Hollande, une pièce de Hollande toute neufve & entière. 522. - Ung aulne de damas noyr ou entour . 523. - Une branche de courail enchaffée en argent. 524. Deux petis loppins de toille dor. 525. ― Y a certain nombre de chemiſes à ufaige de madicte damoyfelle avec certains faintures . 526. - Une petite pièce de fatin verd . 527. En ung autre bouette carrée couverte de cuyr fermant à clef, de fer blanc, ont efté trouvez trois petis mirouers de santeurs 2 & ung petit eſtuy. 528. - En lautre petit eftuy de ladicte bouette a efté trouvé ung mirouer garny de velloux cramoifi . 529. - Deux eftuys à pigne³ & une paire de fizeaulx, couvert de fatin cramoifi , efquelz eftuys & à chacun diceulx 1. Art. 516. 2. Miroirs portatifs dans des sachets de senteurs. 3. Giller Corrozet parle de estuy de chambre. Estuy de fin veloux couvert De cramoysi, de bleu ou vert.... Estuy ou pignes sont dedans A grosses et menues dentz, Lesquels pignes, debvez vous croire, Sont d'ebene ou de blanc yvoire, Ou sont les ciseaulx, le poinçon, La brosse de gente façon, Le cure-dent, la cure- aureille La sie petite à merveille , La lime, la gente pinsette, Le ratissoir et la forcette. (Blasons domestiques, Paris, 1539.) 96 INVENTAIRE DES MEUBLES y a en ung chacun un pigne & une paire de fizeaulx. 530. En ung autre coffre long, plat , couvert de cuyr & ferré de fer blanc, ont efté trouvé les chofes qui fenfuivent : 531. - Ceft affavoir : Une couverture de cheval de velloux cramoify. - 532. Ung ciel de toille de Hollande, tout environné de borderye faicte fur fatin cramoify, frangé de foye rouge, jaulne & bleue, avecques plufieurs franges féparées dudict ciel pareilles dicelle dudict ciel , garny de troys rydeaulx de ladicte toille. 533. 534. 535. - Six petis linceux de toille de Hollande. Quatre de toille de lin auffi petis . La couverture de velloux cramoifi dun carreau . 536. Deux couvertes de carreaulx de toille dor usée. 537. Deux couvrechiefz de toille de Hollande. 538. - - En une autre bouette couverte de cuyr ont efté trouvez les chofes qui fenfuivent¹ : 539. - Ceft affavoir trois crefpines de fil dor pour abiller efpoufées . 540. efpoufées. 541. --- - 2 Deux thouretz auffi de fil dor pour abiller Deux coueffes auffi de fil dor dorfaveryes. 542. Une gorgerette & une cinture d'orfaverye. - 543. Deux aulmofnieres & une cinture dorfaverye pour les mariées avecques deux gorgerettes de toille de Cambray, frangé de fil.dor & foye verte. Toutes lefquelles chofes avons fait remectre en ladicte bouette & icelle bouette fait refermer & reclorre. Item ung autre coffre de cuyr, lequel a efté certiffié ap1. Ornements de toilette que Charlotte avait en réserve pour donner à ses filles d'honneur quand elles se mariaient. 2. Coiffure de femme dont la forme n'est pas bien déterminée. Voir le Dictionnaire du mobilier de M. Viollet le Duc, à ce mot, et art. 560. DE CHARLOTTE D'ALBRET. 97 partenir à damoiſelle Katherine Dalluies, femme de madicte damoiselle . 544. - Ung autre coffre à bahu, party en trois , en lun defquelz a efté trouvé ung estuy couvert par le deffus de fatin cramoifi, & par le dedans de fatin vert, ouquel ont eſté trouvées une paire de pantouffles de velloux vert couvertes de eſcarlate, ung efpinglier de velloux cramoify, la ferrure dudict eſtuy dorée¹. 545. - Ung autre efttuy de la fourte deffufdicte , ouquel a efté trouvé ung mirouer ardant , ung pigne d'yvère, ung de boys, & ung efpinglier party de velloux cramoify & de fatin broché verd, la ferrure dorée ³ . - 546. Ung autre eftuy de la forte deffuſdicte , ouquel a efté trouvé trois manteaulx à pigner dames , de toille de Hollande , lun bordé de noyr & lautre non bordé, la ferrure dorée. 547. Une bouette de boys en laquelle ont efté trouvez trois paires de franges, les premières de foye verte, les fecondes de foye cramoifie & fil dor, & les tierces de foye blanc & fil dor. - 548. Un hault ciel de fatin viollet broché. 549. - Tous lefquels eftuiz avons fait reffermer & fait reclore en la première partie dudict coffre à bahu. 560. - En lautre & seconde partie dudict coffre à bahu ont efté trouvez deux preffes de bois à preffer touretz . 1. Cet article et le suivant faisaient partie de la toilette de la duchesse de Valentinois, avant son deuil. 2. Miroir ardent de grand splendeur, Miroir de très- bonne grandeur, Miroir de cristal précieux ..... Blasons domestiques de Gilles Corrozet, Paris, 1539. Le miroir ardent, speculum ustorium, était en forme de lentille. Plus loin nous trouvons «< deux mirouers, l'un ardent et l'autre non » , nº 562. 3. Voir deux objets pareils nº 529. 4. Manteau à pigner dames, peignoir. 5. Voir art. 540. Ces presses servaient à maintenir la rigidité du touret, formé de fils de métal et soutenu par une « toile à bander » , nº 573 . 13 98 INVENTAIRE DES MEUBLES 561. 562. - - Unes autres preffes couvertes de cuyr à viz de fer. Deux mirouers , lun ardant & l'autre non¹. 563. Une autre bouette couverte par deffus de velloux vert et par le dedans de fatin vert, en laquelle a efté trouvé cinq foulhes dorilliers, ung dizain de jafpe , une houppe de fil dor & foye cramoifye, ung chappellet dambre, ung chappellet de paftenoftre de boys noyr, & le tout remis en ladicte bouette. — 564. Ung tableau à deux coftez où il y a Noftre Seigneur & Noftre Dame de Pitié, lequel a efté certiffié eftre apporté dudict lieu de Meneftoul. - 565. En ladicte feconde partie dudict coffre a eſté trouvé une bouette couverte de cuyr noir, en laquelle a efté trouvé ung boujoué d'argent pour mectre chandelle de bougye. 566. - de femme. Six couvrechiefz³ de toille de Hollande à ufaige 567. Quarante-cinq couvrechiefz de toille de Hollande, neufve, bien fyne. 568. - Deux ferviettes de toille de Hollande, frangées de franges blanches. 569. lande. 570. Hollande. - Plus fept couvrechiefz auffi de toille de HolQuatre soulhes de petis orilliers de toille de 571. Trois coueffes de toille à usaige d'homme , fix bandes de toille à uſaige de femme. 572. Deux chemiſes à ufaige de femme. 1. Voir nº 545 , note. 2. Boujoué, bougeoir, mot nouveau que M. de Laborde ( Gloss. , à ce mot) ne trouve pas avant 1586 et qui date probablement de la fin du xve siècle. 3. Le couvrechief est la coiffure de nuit ou de chambre ; c'est une calotte de toile fine . 4. Partie de la garde-robe de César Borgia. DF CHARLOTTE D'ALBRET. 99 573. - Six touretz de toille à bander. 574. En la tierce & dernière partie dudict coffre a efté trouvé ung panyer de cercle , ouquel y a pluſieurs patrons pour aprendre à broder & plufieurs chemiſes ufées. 575. - Au pres duquel coffre deffufdict a efté trouvé ung autre coffre de ſemblable façon, en la première partie duquel na efté trouvé aucune choſe. 576. En la feconde partie duquel a efté trouvé huit groffes houppes de fil dor & foye bleue & non autre choſe. En la tierce partie duquel na efté aucune choſe trouvée. 577. En ung autre coffre eftant devant le deffufdit, lequel avons trouvé ouvert, na efté trouvé aucune chofe , fors & excepté des eftouppes. ― 578. - En ung autre coffre à bahu pres dudict coffre dernier dict, ont efté trouvées les chofes qui enſuivent. - 579. Ceft afſavoir : huit paires de linceux de toille de lin, de trois toilles, qui ont efté certiffiez eftre aux femmes de madicte damoyfelle. - 580. Dix linceux de toille de lin de deux toilles comme ont certiffié les deffufdictes femmes de madicte damoyfelle. 581. Et fur ledict coffre avons trouvé une couverture de drap rouge & jaulne¹ . 582. - En ung autre coffre de cuyr, lequel avons trouvé ouvert, avons trouvé les chofes qui fenfuivent. 583. Ceft affavoir pour lufaige de la maiſon. 584. - vingt - quatre linceux de plan En ung coffre à bahu eſtant au coing deicte lad chambre a efté trouvé quatre bouettes ' pleines de fenteurs. 585. Deux bouettes ou il y a des Agnus Dei. 586. - - Une autre grant bouette où il y a des fanteurs. 1. Voir no sos. 2. Bouette, bougette, petit coffre. 100 INVENTAIRE DES MEUBLES 587. - En ladicte bouette a efté trouvé cinq houppes & plufieurs bouttons. 588. - Ung autre petit coffre, ouquel ny a aucune chofe la certifficacion de madicte dame. 589. - Une notte en papier par laquelle appert Loys de Sacerges, S' de Bors , avoir vendu à madicte feue dame Nicolas des Arbres & Jehan Jamet fes hommes ferfz à luy paier chacun an trente folz tournois , ledict achapt fait pour foixante livres tournois, dactée du treiziefme jour davril lan mil cinq cens et dix, figné : Boulland. 590. - Une autre notte dactée du vingt - cinquiefme jour de ſeptembre lan mil cinq cens & unze, par lesquelles appert que Michault Sechard de la paroiffe de la Mothe a vendu à madicte feue dame une pièce de terre contenant fix boiffeaulx, defigné par ladicte note, pour la fomme de cinquante folz tournois receue par ledict Boulland. - 591. Une autre note dactée du quinziefme jour de juillet lan mil cinq cens & onze, par laquelle appert Noel Cochion avoir prins & tenir à chetel de madicte dame certaines beſtes aulmailles ' pour le pris & fomme de quarante livres tournois, receue ladicte note par de Lalle. 592. - Sur une table eftant contre la muraille de ladicte chambre, ont efté trouvées : 593. Huit mantes blanches. 594. - - Six grans courtepoinctes & deux petites, lesquelles ont efté couvertes dun petit linceul. 595. 596. ―― Trois pailhaffes. 2 Une couverture destamet rouge, fourrée en partie de queue de martre & le demourant sanglé. 597. - Ung manteau de satin fourré de martres à uſaige de femme pour porter de nuyt. 1. Aulmailles, animaux de basse- cour ou de ferme. 2. Estamet, petite étoffe de laine. DE CHARLOTTE D'ALBRET. 101 598.- Huit baftons de lict fervans à deux lictz de can, les quatre couvers de fatin broché & les autres quatre couvers de drap dor, satin cramoifi & fatin blanc. ― - 599. Quinze verges de fer pour porter rideaulx de lict . 600. En ung coffre eftant près la porte de ladictc chambre, lequel avons trouvé non fermé, a efté trouvé le decret & adjudicacion des chevances de la Mothe de Feulhy, Fuzines & Nerez, fait au proffit des enffans de Jehan de Cullant & de maiſtre Chriſtophle de Carmonne, par la court de Parlement à Paris, dacté du dix-neufiefme jour de février lan mil quatre cens quatre vingtz & ſept , figné : Serizay, foubzcript : Per Decretum Curie, & féellé du féel du roy noftredit feigneur . 601. - Oudict coffre a efté trouvé plufieurs papiers, facz & leftres des comptes des receptes & mifes de la Mothe, Nerez & Fuzines, seigneuries. Lefquelles ont efté remiſes oudict coffre. 602. - Ung pot de fer. 603. Deux tynnes¹ de cuyvre. - - 2 604. En une autre chambre eftant près & joignant ladicte chambre ont efté trouvez deux grans lictz & une couchette, & certains autres lictz qui ont efté apportez de Mefneftoul Sallon , iceulx deux lictz & couchette garnyz de couettes & coueffins. 605. Deux materatz & une cothepoincte. - 606. Deux orilliers de plume & deux de bourre. 607. - - Cinq petiz orilliers de plume de deuvet. Tous lesdictz orilliers couvers de toille. 608. - Ung ciel de damas noyr³ avecques les pendans , doublé de toille noyre & les pendans de foye noire. 609. - Une couverture de coffres à bahut. 1. Tynne, tine, tonnelet à oreilles. 2. Inventaire d'une chambre attenant à la précedente. 3. Mobilier de deuil, ainsi que les n° 610 et 611. Voir page 21 . 102 INVENTAIRE DES MEUBLES 610. - Quatre couvertures à bahu noyres, aux armes de madicte feue dame. 611. Deux carreaulz de drap noyr. - 611 bis. - Une chaize perfée¹ couverte de velloux cramoifi frangée de fil dor & fil de foye . 612. — - Plus une grant poiſle darain tenant huit tunes ou environ. 613. Neuf baffins à barbier tant grans que petis. 614. 615. ―― - - Ung poiflon & une cullière de fer. Ung autre baffin à barbier uſé. 616. Trois landiers de fer. 617. - - 2 Plus une felle de hacquenée pour feue Madame, couverte de velloux noyr, avecques tout le harnoys eftant auffi couvert de velloux noyr. 618. 619. - - La garniture de boys dudict lict de can. En ung coffre plat couvert de cuyr & de fer blanc a efté trouvé plufieurs efcheveaulx de fil de lin. Une chappelle à eaue rouze * . 620. 621 . ― - Deux petis baffins deftain ufez. 622. - Une autre petite chaize perfée couverte de drap vert. 623. - Depuis ledict jour a efté exhibé par madicte damoyfelle une cédulle , figné au deſſoubz : de Cullant, dactée du vingt deuxiefme jour davril mil cinq cens & douze, par laquelle Claude de Cullant, efcuier, feigneur de Chasteauneuf, promeft & s'oblige paier à feue madicte dame la du1. Voir nº 622, note. 2. Tune, mesure de capacité (de Tunna) , de quatre ou cinq sceaux ordinaires 3. Harnais de deuil pour la haquenée de Charlotte. 4. N° 116. 5. On ferait une longue étude sur certains usages intimes de nos ancêtres. Que le lecteur se rassure ; je me borne à une citation , et elle est en latin. Dans les Colloquia de Lud. Vivès ( 1532) , un visiteur parcourant une maison demande : Ubi latrina? Sur quoi son guide lui répond : Superne in granario habemus foricam (latrinam) , ne oleat; in cubiculis enim scaphis utitur herus meus, et trullis, et matulis. DE CHARLOTTE D'ALBRET. 103 cheffe de Vallentinois la fomme de huit vingtz quatre livres huit folz neuf deniers tournois , preftée par feue madicte dame audict de Cullant, pour payer Jaques Arroufard demourant à Bourges de femblable fomme, laquelle ledict de Cullant devoit audict Arroufard , figné : de Cullant. Lefquelles obligation & chofes deffufdictes ont eſté remifes es mains de madicte damoiselle. Du feiziefmce jour defdictz moys & an. Ledict jour, ès prefences que deffus, nous fommes tranfportez en la chambre hault eftant fur le portail, en laquelle avons trouvé les biens & chofes qui cy apres fenfuivent¹ : 624. - Premièrement ung lict de can, garny de couette, coueffin & couverture de tappicerie de la tappicerie de Normandie 2. ― 625. Une pièce de tappicerie fervant de ciel eftant fur ledict lict, à feullage, à bendes rouges, blanches & vert brun. 626. Ung grant coffre de boys ' cloz & féellé , lequel avons fait ouvryr & defféeller, & oudict coffre avons trouvé une robbe de drap noir à ufaige de femme, fourrée de martes fcebelines. 627. - Une autre robbe de drap noir à uſaige de femme fourré de jehannettes noyres. 628. ― Plus une autre robbe de drap noyr à ufaige de femme, fourrée de hermines . 629. - Deux quartiers de derrière de martres fcebellines avec deux pieces des quartiers de devant de panne & fourreure dune robbe à ufaige de femme & deux martres de poingnetz de ladicte fourreure. 630. lines. - Ung poingnet entier defdictes martres fcebel1. Inventaire de la chambre haute sur le portail du château. 2. N° 509. 3. Coffre contenant des fourrures de martre zibeline, hermine, etc. 104 INVENTAIRE DES MEUBLES 631. - fcebellines. 632. ― Deux autres poingnetz entiers defdictes martres Deux pieces vallant deux peaulx de martres avecques les bords de ladicte fourreure. 633. - A ung petit pacquet eftant oudict coffre a efté trouvé une petite pièce de hermines avec quelque quantité de bords . 634. -Plus deux quartiers de devant de fourreure de martres fcebellines pour la fourreure dune robbe à femme. 635. Deux autres quartiers de derrière de ladicte penne de martres fcebelline faisant le total dune fourreure de robbe à femme. 636. 637. 638. - - - - Une aulne de frize noyre¹ ou environ. Ung tappiz de drap vert. — Une robbe de drap noyr à ufaige de femme, fourrée de Lombardie noire fans manches. 639. Une chaize de boys fermant à clef & ung coffre de boys couvert de cuyr en façon de Lombardye, efquelz les besongnes de Nicolas Le Mercier valet de chambre de feue madicte dame eftoient, ainſi quil a esté affermé. 640. Deux tables garnyes de trefteaulx³ , lune fermant à troys charnières de leton. En ladicte cuiſine ont eſté trouvez les chofes qui fenfuivent '. 641. - Premièrement deux rotiffouers. 642. Deux rotiffouers en façon de chappelle. 643. 644. 645. - - - Sept broches de fer. Deux landiers. Trois poifles fans queue & ung baffin . 1. Frize, étoffe de laine frisée d'un côte. 2. Lombardie, fourrure en agneau noir. 3. Tables à tréteaux se repliant en dessous au moyen de charnières. 4. Inventaire de la cuisine, de la boulangerie, de la panneterie et de l'échansonnerie, sauf les pièces d'argent inventoriées art. 85 et suiv. DE CHARLOTTE D'ALBRET. 105 646. - autres de fer. 647. Quatre poifles à queue, les deux de cuyvre & le s Deux chauldières de cuyvre, lune tenant une bannée & l'autre demye. - 648. Deux potz de fer, lun grant & lautre moyen. 649. Ung mortier & ung pillon de fer à baptre efpices. 650. Une palle & deux grilles de fer. ― - 651. - Deux mortiers de pierre, lun doublé & lautre fanglé. 652. - Huit efcuelles deftain, ung plat & une pinte auffi deftain. 653. Deux culliers de fer. 654. 655. 656. - - - Ung grant cullier persé. Ung fricquet¹ . En la boullengerye dudict chaftel a efté trouvé une poelle darain avec le trépiet eftant deffoubz , & une table à mectre pain. 657. - En une chambre eftant derrière ladicte boullengerye a efté trouvé ung lict garny de coete, coeffin, avecques le chaflit & fans couverture. 658. - En la paneterie dudict chaftel ont efté trouvez deux coffres, lun à pain & lautre à mectre le linge, & une chaize . 659 Ung tourtouer à faire tourtées . . 660. - - Ouquel coffre à metre linge ont efté trouvez fix tabliers & trois douzaines & demie de fervietes. 661. - Six grosses nappes. Tout lequel linge Robert de Pierrecourt pannetier de feue madicte dame a dict luy appartenir, & avons le tout trouvé en ladicte panneterie & le tout délaiffé en icelle. -― 662. En lefchançonnerie dudit hoftel a efté trouvé deux grans brotz deftain, une buyre, une pinte & un petit brot, le tout deftain . 1. Fricquet, sorte d'écumoire pour retourner le poisson sur la poêle . 14 106 INVENTAIRE DES MEUBLES 663. 664. 665. - Sept chandelliers de cuyvre. Sept chandelliers de cuyvre. Une ballance avec les poix à poiſer chandelle. 666. Ung buffet & ung tinard¹ de cuyvre bandé de fer à laver eſcuelles. - 667. Es caves dudict hoftel ont efté trouvez cinq poiffons de vin, dont les deux font en traicte, & les autres entiers. 668. En la chambre baffe de la groffe tour dudict chaftel ont efté trouvez ung lict garny de chaflit, couette , coueffin, une corthepoincte legère. - 669. Une couchecte auffi garnye de couette, coueffin. 669. Ung buffet, une petite chaize, une table, ungs trefteaulx & une petite lyete. 670. Une efpinete, deux landiers à chauffrecte * . 671. Ung coffre de cuyr ouquel font les befongnes d'Yvonnet Louargan, tailleur de feue madicte dame, ainfi que ledict Yvonnet a juré & affermé. 672. ― En une aultre chambre eftant fur ladicte chambre de ladicte tour ont efté trouvez ung lict garny de deux couectes , ung coueffin & ung chaflit fans aultre choſe. 673. Une couchecte garnye de couecte, coueffin & une couverture partie de drap jaulne & rouge 5 . 674. Ung buffet, ung contouer , deux landiers. - 675. - En la haulte chambre de ladicte tour ont efté trouvez ungs fectz à mectre prifonniers 7 . 676. Troys grans coffres de boys, es deux defquels na efté trouvé aulcune chofe, & en laultre ont efté trouvez certains livres, lequel coffre avec ce qui est dedans, qui font 1. Tinard, gros cuveau. Voir n. 603 . 2. Poisson, poinçon , fût contenant 216 pintes de Paris. 3. Inventaire de la chambre basse de la grosse tour. 4. Chenets surmontés d'un récipient pour tenir les mets chauds. 5. Voir n. 5o5. 6. Contouer, comptoir, coffre à serrer l'argent. 7. Ce cep existe encore à la même place. Voir Appendice, note G. DE CHARLOTTE D'ALBRET. 107 livres & aultres chofes, a efté affermé avoir efté apporté du lieu de Meneton ¹ . - 677. Ung grant coffre de cuyr fermant à clef, ouquel on dict les robbes de feue madicte dame la ducheffe de Vallentynois eftre, & parce nen a efté faict ouverture. Et ledict jour, en procedant au parachèvement dudict inventaire, avons faict jurer, à la requete de madicte damoiſelle & es préſences que deffus, & faict ferment folempnel à Claude de La Perrière, feigneur de Billy, Jehan de Mouffi, feigneur de la Mothe, cappitayne d'Yffouldun , Pierre de Regnard, ſeigneur de Marray, Rémond de Groffolles feigneur d'Alques, Jehan de Mareulh ſeigneur de Montaboullin, Françoys Amygnon feigneur de Cloyes , efcuyers , maiftre Roberd Challoppin aulmofnier de madicte feue dame, Yvonnet Louargan , & Nycollas le Mercier, varlet de chambre de madicte dame ; damoyfelles Catherine de Regnard vefve du feu feigneur de Tousvens, Marie de Lavoyne, Marie de La Perrière, Magdelaine de Mazellon 2 , & Catherine Challoppin femme de chambre de madicte damoyfelle, tous eftans ferviteurs & de la maifon de madicte feue dame la ducheffe de Vallentynois, lefquelz es prefences defdictz Foyal, Gallus, de Piis & Mofnier, ont juré & affermé ne fçavoir aultres biens appartenir à feue madicte dame la ducheffe de Vallentynois que ceulx qui ont par nous efté inventoriez & mis par declairacion en la manière deffufdicte. Et ledict même jour, ès prefences que deffus , & à la requeſte de madicte damoyfelle, nous avons faict jurer I. N° 447. 2. Madeleine de Mazellon, nièce de Pierre de Regnard, seigneur de Maray, et de Catherine de Regnard, dame de Tousvens, était fille de Guillaume de Mazellon, écuyer, seigneur d'Alleret, et de Marie de Regnard. (Voir, au sujet de Madeleine de Mazellon, le Testament de Charlotte d'Albret.) 108 INVENTAIRE DES MEUBLES DE CHARL. D'ALBRET. Eftienne Gueriton, clere de largenterie, Malo Henry, Guillaume de Villers cuifiniers, Françoys du Frefgne portier, Symon Huguet boullangier, Jehan Cuhault bergier, André de Ventignat lacquaiz, Baudet des Bources tappiffier, Anthoine Nycolle mulletier, Robert de Pierrecourt sommellier de panneterie, Regnault le Saige fommelier defchanfonnerie, & Meffire André du Vergier prebtre, receveur dudict lieu de la Mothe de Feully, tous ferviteurs de madicte feue dame, lefquelz ont faict tel & femblable ferment que les deffus nommez, & ne fçavoir aultres biens appartenans à feue madicte dame que ceulx qui ont par nous efté deſſus inventoriez. Lefquelles chofes deffus dictes, nous certiffions eftre vrayes, & lavoir faict & trouvé comme dict eft. Et en tesmoing defquelles chofes, nous avons figné ces préſentes de noftre propre main & faict figner audict Agoberd, noftre dict greffier, tousjours prefent & par nous appellé aux chofes defſuſdictes, & faict ſéeller du féel eſtably aux cauſes dudict bailhiage, les jour & an deffufdictz. Signé J. DORSANNE , not" , P. AGOBERD, gr.
APPENDICE
NOTE A
ENTRÉE DE CÉSAR BORGIA A CHINON.
1. Communiqué par M. Eug. Piot.
NOTA della pompa con quale entrò il Valentino in Cynone, quando
andò a torre donna, e dare il cappello a Roano ; e prima :
Erano dodici canette piene di forzeretti con coperte di panno
rosso e giallo.
40 muli con coperte rosse e gialle.
13 muli con coperte di velluto chermisi e giallo.
8 muli con coperte di velluto pagonazo e giallo.
12 giannetti con briglie d'argento con nappe d'oro alla spagnola,
coperti di velluto chermisi e giallo .
12 cavalli grossi con fornimento di velluto e brocato, fra quali
era uno cavallo bellissimo con fornimento alla tedesca e sonagli
d'argento, e selle di broccato, e chi menava i cavalli era vestito di
velluto.
Seguitavon dapoi XX paggi in su cavalli grossi e giannetti , tutti
vestiti di velluto chermisi riccamente ; li paggi aveano saioni listrati
di broccato, con velluto et con le berette.
Seguivono poi scudieri, quali erano 60, con collane d'oro e saioni
di velluto nero, drieto a' quali erano certi romani bene ad ordine, fra
i quali era il signor Giovanni Orsino.
Seguiva poi el fratel del Cardinale Borges e di Perugia molto
bene ad ordine, e altri gentili uomini .
Dapoi otto trombetti vestiti di velluto , dopo a' quali era il duca,
che cavalcava uno grosso corsieri liardo, e avea a piè 18 staffieri con
pitocchi di velluto . El cavallo del Duca avea uno fornimento largo
dinanzi, e di drieto era alla Tedesca con molte e varie gioie, e in
sulla groppa presso alla sella era un carciofo d'oro, grande al naturale, e alla coda del cavallo era una sferza d'oro piena di grosse perle
e altre gioie bellissime.
La persona del Duca avea una veste alla franzese dal lato manco
di velluto nero, con XII rasi d'oro, in ciascuno de' quali era uno
grande ballascio, e nel petto avea uno bellissimo spechietto di diamanti di grandissima valuta, e intorno ad lo orlo delle maniche uno
orlo di grosse perle. E dal lato ritto era la veste di broccato con la
manica fino al gombito , et a piè del vestito era uno orlo di grosse
perle.
Avea in capo una berretta di velluto nero con una perla innanzi
lunga o grossa come una ghianda. Dipoi era uno fregio che andava
sopra
la berretta con grosse perle : li stivali sua erano di velluto , e
sopra il ginocchio erano pieni di perle e altri ricami d'oro, e tutti
s'allacciavano con nastri d'oro .
Tutta la corte, e li ambasciatori li andorono incontro, e il re andò
incontro fino in capo della scalla della sua abitazione.
Questa mattina è ito ad messa con una cappa nera alla spagnola,
foderata di velluto sbiadato , con cordoni d'oro, e avea una collana
d'oro piena di grossi balasci .
Presentò il cappello ad Monsignor di Roano fuora di Cinone con
grandissima pompa.
Questo dì
22 il duca è uscito fuora molto sumptuoso di veste in
su una mulone, il fornimento della quale erano tutte piastre d'oro, e
le cigne e li staffili di oro tirato 1.
1. Extrait des papiers de Machiavel, à la Bibliothèque Palatine de Florence. Venise, Antonio Clementi, 1868.
NOTE B.
CONTRAT DE MARIAGE ENTRE CÉSAR BORGIA
DUC DE VALENTINOIS ET DE DIOIS, ET CHARLOTTE D'ALBRET
Du
10 may 1499 ¹ .
1. Biblioth. nat. Doat, vol. 227, fol . 187.
Atous ceux qui ces prefentes lettres verront Denis Audoulx licencié en loix, confeiller du Roy, noftre Sire , juge ordinaire & garde de la prévofté & reffort d'Iffouldun pour ledit feigneur, Salut, fçavoir faifons que aujourdhuy datte de ces prefentes nous avons tenu , veu & leu de mot à mot, certaines lettres efcriptes en parchemin fcellées en double queue & cire verte, non fufpectes, vicieuſes , ne cancellées, ains font faines & entières en feings, fcel, datte & efcriture, comme il nous eft apparu de prime face & defquelles lettres la teneur s'enfuict : A tous ceux quy ces prefentes lettres verront, Guilhaume Blondet, licencié en loix , bailly de Blois , pour Meffieurs les doyens & Chapitre de Saint-Sauveur de Bloys en la juftice qu'ils ont en la ville & banlieue dudit lieu durant les trois jours d'apres l'Afcenfion noftre fire, Salut, fçavoir faiſons que par devant Jacques Perault & Gilles Régent, tabellions jurez du fcel eftably aux contracts dudit bailiage, & en la preſence du Roi & de la Roine & par leur commandement, Monfieur le Chancelier a dit & propofé devant pluſieurs grands & notables perfonnages que ledit feigneur deuement adverty des grands & recommandables fervices que haut & puiffant prince Domp Cæfar de Bourfa, duc de Valentinois & comte de Diois, a fait à luy & à fa couronne & qu'il efpère que ledit Duc, fes parens, amis et aliés luy fairont au temps advenir, & mefmement touchant la quonquefte de fes Royaume de Naples & Duchié de Millan, & auffi pour les grands biens & vertus que ledit Sieur cognoit eftre en la perfonne dudit Duc, & fingulièrement defire le retirer & faire venir en ce royaume & en iceluy le hériter, ce qu'il a faict , defdits duchié de Valentinois, comté de Diois & autres terres & feigneuries , & avecques ce ont lefdits fieur & dame affecté le marier à quelque bon & vertueux perfonnage en ce Roiaume ; pourquoy confidérans les louables & recommandables biens & vertus quy font en la perfonne de Mademoiſelle Charlotte d'Albret, fille naturelle & légitime de haut & puiffant prince, Monfeigneur d'Albret, leur prochaine parente, & que meilleur perfonnage ne de plus grand maifon ne le pourroint allier par deça, ont envoyé par devers très hauts et très excellents Princes les Roy & Roine de Navarre, duquel Roy ladite damoiſelle eft fœur germaine, & par devers ledit fieur d'Albret pour leur remonftrer & prier quils vouluffent entendre & conſentir audit mariage, & que en ce faifant ils réputeront très grand plaifir & fervice par eux leur avoir efté faicts, lefquels Roy & Royne de Navarre, & fieur d'Albret à [ceſte fin] ont envoyé aucuns de leurs ferviteurs par devers leſdits fieur & dame pour plus amplement fçavoir de leur vouloir & intention, & pour en ce leur obéyr & complaire, avecques lefquels aucuns grands perfonnages des plus fpéciaux ferviteurs defdits fieur & dame, & par eux quand à ce députés, ont conféré de ladite matière & finalement en iceluy traicté tellement a efté befongné, que après que les ferviteurs defdits Roy & Royne de Navarre & fieur d'Albret ont ſceu & congneu la grand affection & vouloir que lefdits fieur & dame avoient & ont en ladite matière & pour leur obéir & complaire , & auffy pour les grands biens & vertus qu'ils ont congneu eftre en la perfonne de mon dit fieur le Duc, ont ce jourdhuy en leur préſence accordé ledit mariage en la forme & manière qu'il eft plus à plain contenu en certains articles illecques leus de mot à mot, defquels la terreur fenfuit : Au traicté de mariage, quy ſe fera fy à Dieu plaiſt, de haut & puiffant prince Domp Cefar de Borfa, duc de Valentinois & comte de Diois , & de damoiſelle Charlotte d'Albret, fille de haut & puiffant prince Meffire Alain Sieur d'Albret, ont eſté traicté , conclud & accordez les points, convenants & articles que fenfuivent : Premièrement, que mondit fieur le Duc eſpouſera le pluſtot que bonnement faire ſe pourra ladite damoiſelle . Item que en faveur & contemplation dudit mariage mondit fieur d'Albret a donné & conftitué en dot & mariage à ladite damoifelle , fa fille naturelle & legitime , la fomme de trente mille livres tournois , en ce comprins les part & portion & legat que ladite damoiſelle pourroit avoir & demander de & fur les biens de feue Madame Françoife de Bretaigne, fa mere, laquelle fomme ferala vray dot & patrimoine dicelle damoiſelle, & la leur paiera aux termes & en la manière que fenfuit, c'eſt à fçavoir dedans huict mois après la célébration dudit mariage fix mille livres , & le furplus de ladite fomme mille cinq cens livres par an juſques à fin de payement de ladite fomme, & moyennant icelle fomme ladite damoiſelle a renoncé & renonce à tous droits & fucceffions qu'elle pourroit cy après ou de prefent quereler ou demander es biens & fucceffions de mondit fieur d'Albret & de ladite feue dame fa mere. Item feront lefdits [futurs efpoux] par moitié en mubles & acquets dès le jour de leurs nopces, & au cas que mondit fieur le Duc voyſe de vie à trefpas avant ladite damoiſelle , icelle damoiſelle aura pour fon donaire, fa vie durant, quatre mile livres de rente de prochain en prochain, où bon luy femblera & laquelle des maifons de mondit fieur le Duc qu'elle voudra choiſir & eflire. Item fy mondit fieur le Duc va de vie à trefpas avant ladite damoiſelle & délaiſſe enfans de leur dit mariage qui foient minurs & en bas aage, icelle damoiſelle aura l'adminiſtration de leur corps & biens & faira les fruits de leurs biens & héritages jufques à ce que lefdits enfans foient en aage competant , & en les alimentant & nourriffant felon leur eftat , & ce oultre & par deſſus les donaire, mubles & conquets deffufdits. Item eft traicté & accordéque le premier fils quy fortira de ce mariage habille à fuccéder en faveur d'aineffe & pour l'entretenement des principautés & ſeigneuries dudit Duc, fera &demeurera feigneur & héritier univerfel de tous les biens, feigneuries & chevances dudit Duc, réfervé aux autres fils & filles, fy aucuns en y a, leur légitime part & portion, telle que de droit ou par les couftumes du pays où lefdits biens feront affis leur devra appartenir & compéter. Item & au cas qu'il n'y ayt que filles, eft traicté & accordé que la première fille, fy elle eſt habille à fuccéder, fera feule dame & héritiere de tous les biens dudit Duc, reſervé aux autres leur légitime pour leur part & portion telle que de droit ou par les couftumes des pays leur devra appartenir, comme deffus eft dit, & en outre a efté traité & accordé entre lesdites parties que ladite damoiſelle pourra tefter ou diſpoſer à fon bon plaiſir de fes biens, foit du dot à elle conftitué par ledit fieur d'Albret fon père, ou de fes bagues & joyaux & autres fes biens meubles & immeubles. Item & en faveur & contemplation dudit mariage, le Roy a accordé audit fieur Duc que s'il veuft avoir & prendre récompenſe & efchangede fix mille livres qu'il luy a données fur le tirage du Rofne, il les luy baillera en terres & feigneuries en la duchié de Guiene ou autre part, à la volonté de mondit fieur le Duc; & ce faict , ont lefdits Monfieur le Duc Dom Cefar de Borfa d'une part, ma dite damoiſelle Charlotte d'Albret dautre, & haut & puiffant fieur Meffire Gabriel d'Albret, chevalier, fieur d'Avefnes, fils de mondit fieur d'Albret, Meffire Regnault de Sain& Chamans, auffi chevalier, fieur de Liffat, & maiftre Jean de Calvimont, licencié en loix, fieur de Turfac, au nom & comme procureurs fuffifamment fondés de lettres de procuration pour mondit fieur d'Albret, ainfy quilz ont faict apparoir par lettres de procuration expreffes au cas, inférées vers la fin de ces prefentes, d'une autre part pour ce perfonnellement establis par devant lesdits jurez tabellions, cogneu & confeffé les chofes deffufdites eftre vrayes, et quils ont faict & font entre eux les traités , accords & convenances que deffus, felon, par la forme & manière cy deffus declarée, tout sy comme les parties difoient & promettoient icelles par la foy & ferment de leurs corps cfdits noms l'une partie à l'autre chafcune partie endroit foy, qu'ils ne viendront dorefnavent ne laiſſeront à venir par autres contre les traicté, accords, dons, promeffes, confentement & chofes deffuſdites , ne contre aucune dicelles , ainçoys les tiendront, garderont, entretiendront, accompliront & auront fermes & eftables & agréables à tousjours, mais chafcune partie en droit foy, tout ainfy & par la forme & manière que cy deffus font dites & divifées, fans aucunement les rappeller ne venir encontre, & sy par aucune manière il advenoit que lesdites parties & leurs hoirs euffent ou foubftinfent aucuns dommages ou intérets, ou faifant coufts, frays, mifes ou despance, l'une partie par le faict & coulpe de l'autre en deffaut ou par deffaut d'accomplir les chofes fufdites & chacune dicelles, ainfy & par la forme & manière que cy deffus font dites & divifées, la partie, par quelque coulpe & deffaut lefdits dommages feroient fours & advenus, les a promis & promets par ſa foy en la main defdits jurés, efdits noms, payer & rendre entièrement à la partie endomagée, à fon fimple ferment ou du porteur de fes lettres, fans aucune preuve faire, & quand à toutes les chofes deffufdites & chafcune d'icelles faire, parfaire, tenir , garder, entretenir & accomplir de point en point fermement & loyaument, sy comme deffus font dites & divifées, & de n'en venir & faire encontre, lefdites parties, efdits noms, chaícune partie en droit foy, pourtant que à un chaſcun d'eux touche & peut toucher, ont obligé & encore obligent l'une partie à l'autre & leurs hoirs & ayant cauſe d'eux, & foufmirent à la juridiction de noftre Cour de Blois & à toutes autres , eux & leurs hoirs & tous biens meubles & immeubles préfens & advenir, renonçant par leur dite foy, quand à ce, à tous privilèges, graces & benefices donnés & à donner, impétrés ou à impétrer, à exception de tricherie, fraude, barat, malice, léfion & circonvention, à tout droit efcript & non efcript à tous [us], couftumes & eftabliſſemens de pays & lieux contraires à ce faict , à exception de déception, de jufte prix, & toutes autres déceptions & exceptions quelconques. S'enfuit la teneur defdites lettres de procuration. Alain Sire d'Albret, comte de Dreux, de Gaure, de Penthievre, de Perigort, vifcomte de Tartas & de Limoges, fieur d'Avefnes, à tous ceux qui ces prefentes lettres verront, fçavoir faifons que pour l'entière confiance que avons des perfonnes de noftre très cher & amé fils Gabriel d'Albret & de Meffire Regnauld de Sain& Chamans, chevalier, ſeigneur de Liffac & de Pazols, fenefchal des Lannes ,
1. Regnault ou Arnauld de Saint-Chamans fut chambellan du roi , son premier maître d'hôtel et sénéchal des Landes.
& de maiftre Jean de Calvimont ,
2. Jean de Calvimont, seigneur de l'Herm, de Tursac et de la maison noble de Calvimont, à Plazac, licencié ès lois , conseiller en la Cour du parlement à Bordeaux, rendit hommage, le 7 janvier 1499 , à Alain d'Albret, comte de Périgord, etc. , pour sa seigneurie de l'Herm (M) .
licencié en loix, fieur de Turfac , noftre conſeiller , iceux faifons , créons, conftituons & ordonnons par ces mefmes préfentes noz exprès & fpéciaux procureurs & meffagers pour traiter & accorder & conclure le mariage proparlé par le Roy, entre le duc de Valentinois & noftre fille Charlotte d'Albret, & le traicté diceluy, enſemble toutes autres chofes touchans & concernans ledit mariage aufquels nous dits procureurs donnons pouvoir, puiffance d'y faire, procurer, traicter & conclure tout ainfy & par la forme & manière que nous fairons & faire pourrons, fy préſens & en perfonne y eſtions , jaçoit qu'il y euft aucun cas ou chofe requerant plus exprès ou mandement ſpécial ; & promettons tenir & avoir agréable, ferme & ftable tout ce que par eux y aura eſté faict, négocié & befongné & accordé, & autres choſes qu'ils verront, & leur femblera eftre néceffaire & convenable pour la fureté dudit mariage, & que nous n'y fairons aucune choſe à ce contraire, & ce foubz lobbligation de nos biens ; &pour fureté de cefdites préfentes nous les avons fignées de noftre main & fai & fceller du fcel de nos armes à Chaſtelgeloux, le vingt & troifiefme jour de mars lan mil quatre cens quatre vingt dix & neuf. Et ainfy figné : Alain & au deffoubz Roguet, & fcellé des armes dudit fieur d'Albret de cire rouge fur fimple queue. Ce fut faict & paffé au chaſtel de Blois es préſences de très reverend père en Dieu, monfeigneur Georges, cardinal d'Amboife, mondit fieur le chancelier, monfieur l'archevefque de Sens, meffieurs de Nemours & d'Orval, les eveſques de Bayeulx & de Sefte , de Melſe & de Viviers , le fieur de Tournon, & le vice chancelier de Bretaigne ; en tefmoing de laquelle chofe, nous bailly de Blois deffufdit, à la relation deſdits jurés, avons faict ſceller ces préfentes lettres du ſcel aux contracts dudit bailliage le dixieſme jour de may l'an de grace mil quatre cens quatre vingts dix neuf; ainfy figné Perrault & Régent.
NOTE C.
TESTAMENT DE CHARLOTTE D'ALBRET
DUCHESSE DE VALENTINOIS.
Du 11 mars 1513¹.
1. Biblioth. nat. Doat, vol. 229, fol. 229. Le 11 mars 1513 , c'est-à-dire 1514, l'année commençant à Pâques, qui tombe cette année le 27 mars.
A tous ceux qui ces prefentes lettres verront Germain Colhadon, licentié en Loys, garde du fcel eſtabli aux contracts de la prevoſté & Chaftellenie de Lamothe de Feully, pour tres haute & puiffante dame & princeffe madame Charlotte d'Albret, ducheffe de Vallentinois, comteffe de Dioys, dame d'Iſſouldum, de Nerez & dudit lieu de Lamothe, falut; Sçavoir faifons que prefens Meffire André Richomme, preftre, & Martin Amifon, clercs, jurez & notaires dudit fcel , ufans de noftre authorité & pouvoir quand à ce, en lieu de nous, a efté, pour prefente madite dame Charlotte d'Albret, laquelle a aujourd'huy date de ces prefentes fait fon teftament & ordonnance de derniere volonté, en la prefence defdits jurez & tefmoins cy apres nommez, en la forme & maniere qui s'enfuit.
Premierement a donné fon ame à Dieu & la recommandée à la
Vierge Marie & à monfieur Saint Michel l'Ange, qu'ils foient envers
Noftre Seigneur Jefus Chrift ſes interceffeurs, & a ordonné que fon
corps foit enfepulturé au lieu & monaftère de Noftre Dame la Nonciade
à Bourges, que a fondé feue madame la ducheffe de Berri & que
fon dit corps foit porté là par l'ordonnance de tous les gentilfhommes
qui la fervoient tant quelle a veſcu, & par deux fi les autres ne fi
peuvent trouver, lefquels elle fait tous fes executeurs afin quils advisent à fon di&t enterrement, fa quarantaine, trentaine, annuel
& bout de lan, & aumofne, & bien fai & que ladice dame devra
donner à la dicte Noncyade qui eft de fonder à perpetuité une meſſe
à diacre & à foubdiacre que de prefent difent les chanoines de Saint
Sire d'Iffouldum en la forme qu'ils la difent & fondée de cent livres
tournois de rente ou de mil franx une fois payés, & veut que lefditz
chanoines dient ladicte meffe jufques à la Saint Jean feulement,
& que ne foient payez jufques-là . Item ordonne ladicte dame que
douze vingts livres tournoifes foient baillées par une fois, ou que de
rente dudit argent foit acheptée par les dits executeurs afin de
fonder à perpetuité le ſervice tel qu'elle l'a voulu & ſe dit à prefent
aux religieux de noftre dame Diffouldum. Item veut la dite dame
que tous les ornemens d'eglife qu'elle a foient baillez au convent
ou elle fera enterrée ¹ ,
1. Voir inventaire , nº 471 .
hors mis quelqu'uns pour ſervir à la chapelle de madamoiſelle fa fille, & auffi ordonne que le fatin blanc qu'elle a en fes coffres
2. Voir inventaire, nºs 305 et 332.
foit baillé au convent des cordeliers d'Iffouldum, & que trente franx leur foient baillez par une fois par l'ordonnance de fes dits executeurs . Item ordonne la dite dame que ma dite damoiſelle fa fille foit menée à madame d'Angoulefme 3 ,
3. La comtesse d'Angoulême ( Louise de Savoie , mère du roi François Ier)
était tante bretonne de Charlotte d'Albret.
En effet, Alain, sire d'Albret, père de Charlotte, était fils de Catherine de
Rohan et neveu de Marguerite de Rohan, mariée à Jean d'Orléans, comte d'Angoulême. Il était donc cousin germain de leur fils Charles d'Orléans , comte
d'Angoulême, époux de Louise de Savoie, par conséquent oncle breton du roi
François I.
Un autre lien existait encore entre Louise de Savoie et Charlotte d'Albret.
Philippe, duc de Savoie, veuf de Marguerite de Bourbon, dont il avait eu
Louise de Savoie, s'était remarié avec Claude de Brosse , dite de Bretagne,
cousine issue de germaine de Charlotte d'Albret (M) .
& livrés tous fes biens afin de les bien garder à fadite fille en bonne feureté, laquelle elle fait fa feulle & univerfelle heritière, ordonnant auſſi la dite dame que la gouvernante de fa dite fille madamoifelle de Touſvens
4. Catherine de Regnard, sœur de Pierre de Regnard, écuyer, seigneur de Maray, dont il sera parlé plus loin, était fille d'Antoine de Regnard , seigneur de Maray, près Pontlevoy, et de Jeanne de La Tousche. Elle épousa le seigneur de Toutvent, en la paroisse de Sassay, près Contres, en Sologne (voir inventaire, nº 47, 48, 135 ) . (M.)
demeure avecques elle pour la fervir, & luy donne cinquante livres tournoifes de gages, & auffi que la niepce
5. La nièce de Catherine de Regnard, dame de Toutvent, se nommait Madeleine de Mazellon, et était fille de Guillaume de Mazellon, écuyer, seigneur d'Alleret, et de Marie de Regnard (M) .
de la dite damoiſelle de Tous-vens demeure avecques la dite damoiſelle ſa fille ; elle veut que tous fes debtes foient payées par l'advis & ordonnance de fes dits executeurs, quelle part quils foient cognus tant de la Tampine que de Jeanneton fa lavandière, & que au cordellier qui prefcha les advens derniers devant elle luy foit donné quatre efcus. Item ordonne ladite dame que fur tous fes biens foient baillés à Marie de Lavoyne 1
1. Voir l'inventaire, page 107.
trois cens livres tournoifes pour une fois payez. Item donne madite dame à fes filles & femmes fervantes tous & chacuns fes habillemens, & veut qu'ils leur foient departis par fes dits executeurs. Item veut la dicte dame que le teftamment de fa tante de Monthrefor
2. Cette tante de Montrésor était Charlotte de Blois, dite de Bretagne ,
de la maison de Chastillon, sœur puînée de Françoise de Blois, dite de Bretagne, mère de Charlotte d'Albret.
Charlotte de Blois avait épousé, vers 1475 , Antoine de Villequier, seigneur
de Montrésor, en Touraine, de Ménetou- Salon, en Berry, de Saint-Sauveur- leVicomte, des îles d'Oléron, etc., gentilhomme ordinaire de la chambre du roi.
Ils n'eurent qu'un fils , mort en bas âge. La terre de Montrésor, vendue sur
eux par décret, fut adjugée à Imbert de Bastarnay, seigneur du Bouchage, en
1493 .
Charlotte de Blois résida ensuite au château de Ménetou- Salon, d'où , après
son décès, une partie de ses meubles furent apportés à la Motte- Feuilly (voir
l'inventaire, page 85) . (M.)
foit accomply pour fa part. Item & pour ce que Anthoine Amignon ³ ,
3. Antoine Amignon, écuyer, seigneur du petit Thary, près la Motte-- Feuilly.
efcuyer, feigneur de Thary, s'eſt meſlé par fon ordonnance & comme fon procureur des affaires & fucceffions de feue mademoiſelle de Monthrefor, fa tante, dont il n'a rendu compte, veut que en fon ferment faict devant ſeſdits executeurs foit creu , & que par les dits executeurs luy foit donné quitance que luy vaille pour fa deſcharge, & pareillement de ce que aura faict maistre Rohert Challopin en rendant compte à fes dits executeurs veut comme deffus, & de Yvonet Louargan, fon valet de chambre, & que maiſtre Robert, fon aumofnier, foit au ſervice de fa fille aux gages de cinquante livres tournoiſes pour an, & que monfieur de Marray
4. Pierre de Regnard , écuyer, seigneur de Maray et du Pin , près Pontvoy, en Blaisois, frère de Catherine de Regnard, dame de Toutvent, et oncle de Madeleine de Mazellon, comme lui au service de la duchesse de Valen- tinois (M) .
donne de l'argent qu'il a neuf aunes de velours à Chanay & fe recommande bien humblement à madame d'Angoulefme, & luy recommande fa fille . Elle donne la maiſon qui eſtoit à feu meſſire Denis Nerez à Petit Jean le fourrier & à fa femme s'il eftoit trouvé quelle foit à elle. Item veut la dite dame que les comptes de Pierre Regnard fieur de Marray foient rendus devant fes autres executeurs, & que par eux foient arreftez, & que apres fi befoin eft par lefditz executeurs luy foit donné quitance que luy ferve. Item ordonne ladite dame que cent livres tournoifes foient baillées à Anthoine Amignon & à Francois une fois payez pour ce qu'ils l'ont fervie quelque temps à leurs defpens & que tous fes ferviteurs foient payez de tout le temps paffé juſques à l'heure de la ronture de fa maiſon, & que ſon cœur & entrailles foient mifes dedans l'egliſe de Lamothe, & donne une aumoſne telle que fes executeurs ordonneront. Si comme leſditz jurés & notaires aufquels nous croyons fermement & adjouſtons plenière foy nous ont rapporté avoir efté preſens, & par madite dame appellez pour voir par elle ordonner les chofes deffus dites , & avoir ainſi efté faictes & ordonnées par madite dame en leurs prefences, au rapport defquels & en tefmoing de ce & de verité ledit fcel que nous gardons avons mis & appofé à ces prefentes : fait & donné le onziefme jour de mars l'an mil cinq cens & treize, preſens à ce honnorable homme & fage maiftre Sebaſtien Coppain, licentié en medecine, & Germain Bourdeau, tefmoins evocqués & appellés.
NOTE D.
EXTRAIT
DU CONTRAT DE MARIAGE DE LOYSE DE VALENTINOIS
AVEC LOUIS II DE LA TRÉMOILLE 1 .
PAR devant François Baftonneau & Jehan Conteffe, notaires.....au Chaftellet de Paris, furent prefens..... tres noble damoiſelle Loyfe de Borge, fille de feu M. le duc de Valentinoys & de feue dame Charlotte d'Albret..... & très-noble & très-puiffant feigneur M. Loys de la Trimoille, viconte de Thouars 2. feront cenfez & repputez propres héritaiges de ladicte damoifelle & des fiens, la fomme de quatre vingtz ung mil fept cent trente livres tournois……….. felon l'inventaire faict des biens de ladice damoifelle..... non comprins les pierres précieuſes ..... & les robbes, licz, tapifferie, fourreures, linges & autres uftanfilles qui demeurent du tout communs entre lesdits futurs conjointz. . . . Et quant eft defdites pierres précieufes contenues oudit inven1. Archives de M. le duc de la Trémoille. 2. Charlotte d'Albret, mère de Louise Borgia, était doublement parente de Louis II de la Trémouille, vicomte de Thouars, surnommé le Chevalier sans reproche. En effet, Louis II de la Trémouille avait épousé eu premières noces, en 1485, Gabrielle de Bourbon-Montpensier, dont la mère , Gabrielle de la Tour, dite de Boulogne, était sœur d'Isabelle de la Tour, femme de Guillaume de Blois, dit de Bretagne, vicomte de Limoges, aïeul maternel de Charlotte d'Albret. Cette dernière était par conséquent nièce bretonne de la première femme de Louis II de la Trémouille . En outre, Charlotte d'Albret descendait, au quatrième degré, de Marie de Sully, dame de Sully, de Craon, d'Orval, de Château-Meillant, etc., de laquelle descendait également, au troisième degré, Louis II de la Trémouille. Ce dernier était donc, de son chef, cousin issu de germain d'Alain d'Albret, père de Charlotte (M) . 16 122 APPENDICE. taire, elles demourront propres à ladite damoiſelle & à fa garde. Et en cas que mondit feigneur de la Trimoille les veille prendre & vendre, ce qu'il poura faire, fi bon luy femble, les deux parts des deniers venans de la vente fera propre & converti en propre pour ladite damoiſelle & les liens, & l'autre tierce partie fera commune entre lefditz futurs conjoinaz..... Fait au lieu de Saint Maur des Foffez l'an 1517, le vendredy 17º jour du mois d'avril après Paſques. APPENDICE. 123 NOTE E. MARCHÉ POUR LES TOMBEAUX DE CHARLOTTE D'ALBRET DUCHESSE DE VALENTINOIS ' . L E mardi 11 jour d'avril , l'an mil cinq cens vingt ung, apres Pafques, a eſté fait marché entre haulte & puiffante dame madame Loyfe de Valentinoys, femme efpouze de hault & puiſſant ſeigneur Monſeigneur Loys , feigneur de la Trémoille, d'une part, & maiſtre Martin Clauftre, tailleur de ymages, de Grenoble, demourant à Bloys en Foye, paroiffe Sain& Nicolas, d'autre part, en la maniere qui s'enfuyt. C'eft affavoir que ledit Clauftre a prins à faire de la dicte dame une fépulture tant de mabre que d'albaftre & une tombe de mabre blanc du Dauphiné qui feront mis ès lieux ci- après déclairés . Premièrement, fera le dict Clauftre ung tombeau & fepulture qui aura troys piedz de hault, dont le foubzbaffement fera de mabre noir ; & les pilliers à l'entour feront auffi de mabre noir , taillez à l'antique à candelabres . A l'environ duquel tombeau fera mis les fept vertuz, qui feront d'albaftre, dont y en aura en chaſcun couſté troys, & au bot du hault une, la ou fera eſcript une épitaphe telle que luy fera baillée, & au bot d'ambas feront les armes de la ducheffe de Valentinoys telles qu'on les divifera au dict Clauftre, fur chaſcune defquelles vertuz fera une coquille bien taillée à l'antique, & chafcune deſdictes vertuz aura fon nom par efcript . Et par le deffus fera une tombe de mabre noir toute d'une piece, qui aura troys piedz de large & fix piedz & demy de longueur, fur laquelle fera le perſonnage de la dice ducheffe de Valentinoys en faczon d'une dame gifante ; lequel perfonnage fera d'albastre , qui aura cinq piedz & demy de longueur. Soubz la tefte duquel perfonnage ſera ung carreau double, & aux piedz deux petit chiens, & fera efcript fur la dicte tombe : Cy gyft, &c, 1. Chartier de Thouars ( Revue des sociétés savantes des départements, mai 1859.) 124 APPENDICE . ainfi qui lui fera divifé. Lequel tombeau & fepulture fera mis en la chapelle du chaſteau de la Mothe de Fueilly, eftant en l'egliſe parrochiale dudit lieu. La tombe fera de mabre blanc du Dauphyné, comme dict eft , qui fe prant près de l'albastre , qui fera auffi d'une piece, laquelle aura fix piedz & demy de long & troys piedz & demy de large, en laquelle fera gravé le perfonnage de la dicte ducheffe de Valentinoys, & de chaſcun couſté ung pillier à ouvrage faict à l'antique & au deffus ung chapiteau faict felon le divis du portrait . Et fera eſcripte toute autour , en engraveure, ce qu'il plaira à madice dame ordonner. Laquelle tombe fera remplye en l'engraveure de ſyment noir, & fera mife en cueur de l'eglife des Ancelles de Bourges , à playne terre. Et en oultre fera le dict Clauftre ung ymage de Noftre Dame de Lorette avecques la chapelle, le tout d'albaftre, qui aura le out enſemble quatre piedz de haulteur & de largeur à la raifon. Et leſquelles choſes ledict Clauftre a promis faire bien & deuhement, ainſi qu'il eſt requis & felon ledict divis du portrait qu'il en a baillé à madicte dame. Et les faire de bon mabre & albaftre bien nectz, fans vayennes ne taches, & l'ouvrage taillé bien nect, comme il eft requis ; & rendre le tout preft & parfait dedans la Touffainctz prouchain venant. Pour lefquelx ouvrages faire & les rendre preftz & parfaictz de toutes chofes fur les lieulx, fcelon le contenu cy deffus, la dice dame a promis audict Clauftre la fomme de cinq cens livres tournois pour toutes chofes, fur laquelle fomme elle luy a prefentement baillé & avancé cens livres tournois, luy doi bailler ou faire bailler deux cens livres quant lefdictz mabre & albaftre feront fur les lieulx, & l'oultre plus, qui eft deux cens livres, quant l'ouvrage fera fait & parachevé. Aufquelles chofes fufdictes & chafcune d'icelles faire tenir, garder & accomplir, fans jamais aller ne venir encontre, lefdictes parties & chafcune d'elles refpectivement ont obligé & obligent elles , leurs hoirs & fucceffeurs avecques tous & chafcun leurs biens meubles, immeubles & heritages prefens & avenir quelxconques. Renonczans fur ce toutes & chafcunes les cauſes, faictz & raiſon qui aider, fervir & valloir leur pourraient à venir contre la teneur, effect & fubftance de ces prefentes en tout ou en partie, & meſmement ladicte dame à touz droiz faictz & introduitz en faveur des femmes, & au droit, difant generalle renonciation non valloir, la foy & ferment de leur corps fur ce donnés. Dont, à leurs requeftes, icelles parties ont par nous, notaires foubzſcriptz, eſté jugées & condampnées par le jugement & condampnacion de noftre dicte court, à la juridi- APPENDICE. 125 cion de laquelle elles fe font fuppofées & foubzmiſes, ſuppoſent & foubzmettent avecques tous & chaſcuns leurs biens quant a ce. Ce fut faict & paffé en chaftel de Thouars, le vie jour d'avril , l'an mil cinq cens vingt & ung. Signé avec paraphe : RYDEAU ppt (sic); DELAVILLE prothocolle. 126 APPENDICE. NOTE F. LA TERRE DE LA MOTTE - FEUILLY. E nom primitif du fief de la Motte-Feuilly était Folli. LE Roger Palestel , Ve du nom, seigneur de Dun-le- Palesteau , épousa Guiburge, dame de Sainte-Sevère et de la Motte-de-Folli , dans la seconde moitié du xie siècle . Il en eut : Hélie Palestel, seigneur de Sainte-Sevère et de la Motte-deFolli, en 1201 , dont la fille : Guiburge, dame de Dun-le-Palesteau, de Sainte-Sevère et de la Motte-de-Folli, épousa, en 1230, Hugues, vicomte de Broffe, dont : Hugues qui suit ; Roger de Brosse, tige des seigneurs de Sainte-Sevère, Boussac, etc. Hugues, vicomte de Brosse , seigneur d'Argenton, la Motte-deFolli, 1270, 1293 , eut d'Aënor de Brenne, sa seconde femme : Aënor de Brosse, dame de la Motte-de-Folli , mariée à Eudes de Seuly ou Sully, III du nom, seigneur de Beaujeu, dont : Eudes de Sully, seigneur de la Motte-de-Folli, nommée alors la Motte-de-Seuly ou Sully, vivait de 1304 à 1327 , et eut de Jeanne de Tors : Aënor de Seully ou Sully, dame de la Motte, qui épousa Dreux ou Drouin de Voudenay, vers 1350. On croit qu'ils eurent pour fils : Sévin de Voudenay, qui fut père de : Drouin de Voudenay, IIe du nom, seigneur de la Motte- de- Seuly, Nérez , Fusines, marié vers 1400 à Jeanne de Lignières. Il construisit le château acuel et eut, outre quatre filles, un fils : Claude de Voudenay, seigneur des mêmes terres, premier maître d'hôtel du duc de Berry, mourut vers l'an 1475 , sans postérité de Jeanne de Bar. Sa mort donna lieu à de nombreux procès, tant entre ses sœurs, ses héritières , que de la part de ses créanciers . Un arrêt de la Cour du Parlement de Paris, du 19 février 1487, adjugea les seigneuries de la Motte-de-Feuilly, Nérez et Fusines aux APPENDICE. 127 enfants de Jean de Culant, seigneur de Château-neuf- sur- Cher, et à Christophe de Carmonne, lieutenant civil au Châtelet de Paris. On a vu comment Charlotte d'Albret, duchesse de Valentinois, acquit ces terres de Claude et François de Culant. Louise de Borgia, fille et unique héritière de Charlotte , épousa : 1º Louis de la Trémoille, deuxième du nom, vicomte de Thouars, dont elle n'eut pas d'enfants ; 2º Philippe de Bourbon, seigneur de Busset, tué à la bataille de Saint-Quentin, le 10 août 1577. Leur second fils , Jean de Bourbon, fut, après eux, seigneur de la Motte-de- Feuilly et de Nérez, chevalier de l'ordre du roi . Il épousa Euchariste de la Brosse-Morlet, fille de Jacques, ambassadeur en Écoffe. Tous deux moururent en l'année 1602, et furent inhumés dans l'église de la Motte-Feuilly. Gilberte de Bourbon, leur fille aînée, dame de la Motte-Feuilly, où elle était née en 1582 , épousa Joachim de Chabannes, seigneur de Trucy, et eut entre autres enfants : François de Chabannes, seigneur de la Motte-Feuilly, de Nérez, etc. , né à la Motte-Feuilly en 1604, fut tué au siége de Dôle, en 1636, laissant de son mariage avec Catherine de Gesbert plusieurs enfants mineurs, sur lesquels les seigneuries de la Motte-Feuilly, Nérez et Fusines furent vendues et adjugées, le 16 septembre 1651 , à Jean de Fradet, seigneur de Saint-Août, comte de Châteaumeillant, conseiller d'Etat et lieutenant général d'artillerie . Il eut de son mariage avec Jeanne de Saint-Gelais-Lufignan : Antoine-Armand de Fradet, seigneur de Saint-Août, comte de Châteaumeillant, vicomte de la Motte-Feuilly, lieutenant général au gouvernement du Berry, tué en 1675, dans les guerres de Hollande, sans avoir été marié, et Jeanne-Marie de Fradet, sa sœur, mariée en 1674 à Jacques marquis du Plessix-Chastillon , mestre-de-camp de cavalerie . Leur fils : Louis, marquis du Plessix-Chastillon, comte de Châteaumeillant, vicomte de la Motte-Feuilly, lieutenant général des armées du roi , épousa en 1718 Catherine- Pauline de Colbert de Torcy, dont il eut : Marie-Félicité du Plessix-Chastillon , mariée à François-Antoine comte de Chabannes, seigneur de la Palice . Elle vendit, le 19 novembre 1757, le comté de Châteaumeillant, la vicomté de la Motte-Feuilly, la seigneurie de Nérez et autres à Jean Pâris de Montmartel, conseiller d'Etat, garde du trésor royal, qui fut père de : Armand-Louis-Joseph Pâris de Montmartel, marquis de Brunoy, comte de Châteaumeillant, vicomte de la Motte-Feuilly, marié en 128 APPENDICE. 1767 avec Françoise-Émilie de Perusse des Cars, et mort à Paris sans enfants, en 1781. Ses héritiers vendirent, le 10 septembre 1783 , la vicomté de la Motte-Feuilly, la seigneurie de Faye, la Veherie de Lignerolles et le fief du Bost-Gazeau à Joseph-Henri de Maussabré, seigneur du Puy-Barbeau, ancien porte-étendard des gardes-du-corps du roi Louis XV et chevalier de Saint-Louis. Il est le trisaïeul du vicomte Raymond de Maussabré, propriétaire actuel de la Motte- Feuilly. La vicomté de la Motte-Feuilly avait tous droits de justice, haute, moyenne et basse, fur les paroisses de la Motte-Feuilly, Champillé, Feusines, Lignerolles, et partie des paroisses d'Urciers, Montlevic et Rongères ( cette justice était exercée par bailli, lieutenant, procureur fiscal, greffier, sergents et concierge) ; droits de scel à contrats et d'institution de notaires ; droits de franchise et de bourgeoisie ; de taille, de lods et ventes ; - de fours et moulins banaux ; - de guet et de garde ; - de foires et marchés ; - péage et de mesure , etc. (M.) - - - de NOTE G. LE CEP DE LA MOTTE - FEUILLY . Art. 675 de l'inventaire : « En la haulte chambre de ladice tour ont efté trouvez ungs ſectz à meêtre priſonniers. » Ce sect ou cep existe encore au même endroit, dans les combles de la grande tour. La vicomté de la Motte-Feuilly avait droit de haute justice or les fourches patibulaires, le cep et le pilori étaient les trois signes visibles de ce droit, furcapatibulares, cippus et pilorium dicuntur esse signa seu argumenta majoris justitiæ. (Du Cange, au mot Cippus. ) - On appelait cep, cippus, instrumentum quo reorumpedes constringuntur, quasi capiens pedes. ( Joan . de Janua. ) Le cep, dit Robert Estienne (Dictionnaire latin-français de 1538 ) , est une sorte de torment de bois dedens lequel on met le col et les piedz des malfaiteurs, numella, cippus ; -et Cotgrave, dans son excellent Dictionmairefrançais-anglais de 16zz : « Des ceps, a paire of stockes for malefactors >> (stockes, entraves pour les jambes ) . C'est donc une espèce de carcan . » Le cep de la Motte-Feuilly, parfaitement conservé, offre une des installations les plus complètes et les plus curieuses de ce genre d'appareil. C'est un monument de charpente en chêne traité à merveille ; il se compose de deux montants verticaux en bois terminés par des pinacles à pans et portant sur des patins encastrés dans le solivage. Ces montants soutiennent trois larges traverses horizontales, pouvant glisser haut et bas dans les mortaises des montants. L'ensemble présente l'aspect d'une barrière solide et close. Chaque traverse est pourvue d'entailles semi-circulaires qui se correspondent et sont des 17 130 APPENDICE . tinées à recevoir les jambes ou les poignets du prisonnier ; en rapprochant les traverses, on paralysait ses mouvements comme dans un carcan ¹ . Le cep suppose donc au moins deux traverses échancrées , se serrant l'une contre l'autre ; c'est pourquoi le texte dit ungs sectz au pluriel, et Cotgrave des ceps. Tout l'appareil repose sur un plancher à jour formé de deux maîtresses poutres' disposées en croix, partant du mur circulaire de la tour et venant couper, à angle droit, une ouverture quadrangulaire ménagée immédiatement sous le cep. Les intervalles entre les poutres sont remplis par des solives rayonnantes et à claire-voie. Cette disposition singulière avait sans doute pour objet de faciliter la surveillance du geôlier posté à l'étage inférieur, et lui permettait, sans monter par l'escalier, de faire parvenir aux prisonniers , par l'ouverture centrale et au moyen d'une perche, le pain et l'eau qu'il était tenu de leur fournir. De même, en temps de guerre, cette ouverture servait à faire passer aux soldats les pierres , pièces de bois ou matières brûlantes qu'ils étaient chargés de jeter aux assiégeants par les mâchicoulis disposés à l'entour. 7 A tout prendre, le cep, destiné à maintenir les malfaiteurs dangereux, n'était pas plus terrible que les menottes, les fers oula camisole de force. Mais l'imagination populaire ne se contente pas de si peu ; il lui faut un moyen âge féroce à tout prix, elle voit partout des instruments de torture et prend volontiers les latrines de nos vieux donjons pour des oubliettes . On a donc remarqué que la traverse supérieure de notre cep était taillée en biseau, et, sans considérer que cette coupe pouvait être une fantaisie du charpentier, on s'est empressé de baptiser le cep de la Motte- Feuilly un chevalet , instrument de torture à vive arête , sur lequel on plaçait le patient avec des boulets à chaque pied. Pour expliquer les échancrures des traverses inférieures, il a fallu supprimer les boulets et supposer que les pieds de l'infortuné cavalier, retournés en dedans et tordus par le bourreau, étaient introduits de vive force et comprimés dans les entailles ; en somme, on a inventé, pour les besoins de la cause, un chevalet d'un nouveau genre . Quant à l'ouverture centrale, elle devait servir à transmettre les aveux de l'accusé au greffier placé à l'étage inférieur. La mise en scène ainsi disposée et le public servi à souhait, le chevaler 1 Voir le petit dessin fort exact de M. Isidore Meyer, dans les Esquisses pittoresques de l'Indre par MM. de la Tremblais et de la Villegille , Châteauroux, 1854, éd. in-4. APPENDICE. 131 de la Motte-Feuilly a fait son chemin ; l'appellation sinistre a prevalu. Nous ne serons pas plus savant que les rédacteurs de l'inventaire ; maître Dorsanne, chef de la magistrature, devait s'y connaître ; il appelle un cep un cep, et a soin de nous dire que l'instrument servait à mettre les prisonniers.